La grande tribu zénète des Beni Ouacine, qui s'était avancée par le désert jusqu'à la haute Moulouya, était sur le point de pénétrer dans le Tell, pendant que les débris des Zénètes Maghraoua gagnaient du terrain du côté de Fes. Les Omeyades d'Espagne intervinrent alors au Magreb et renversèrent les derniers Edrissites ; avec leur appui, la prépondérance des Maghraoua s'établit définitivement à Fez, vers 970, sous un de leurs chefs Ziri ben Attia. En 979, Bologuine des Sanhadja se jeta sur l'Ouest avec une armée considérable, il traversa la Moulouya et alla jusqu'à Fes sans coup férir ; il continua à guerroyer au Magreb, mais, en 984, il mourut près de Tlemcen. Ziri ben Attia, le chef des Maghraoua, devenu tout puissant, s'installa fortement à Fes, d'où il expulsa les Beni Ifrene. Les Omeyades lui ayant donné le commandement des deux Maghrebs, il s'empara de Tlemcen et de tout le pays jusqu'à Tahert ; il régna plutôt en prince indépendant. En 994, Ziri ben Attia bâtit, près de l'oued Isly et sur la route de Tlemcen à Fes, la ville d'Oujda, dont il voulait faire un lieu de retraite en cas de revers. Il fit élever des murs d'enceinte et une kasba et, en août, dès que les portes eurent été mises en place, il y transporta tous ses trésors et s'y établit avec sa famille, sa cour, les troupes de sa maison et son armée. Oudjda devint la capitale de ses Etats, il en donna le commandement à un de ses parents. Ziri ben Attia rompit ensuite avec les Omeyades et lutta contre eux ; battu et blessé en 998, il dut se réfugier dans le désert. Après sa guérison, il revint attaquer les Sanhadja du Magreb central, puis, en l'an 1000, il se réconcilia avec les Omeyades. El-Moaz succéda à son père Ziri ben Attia et fut nommé gouverneur du Magreb. Pendant le commandement de ce prince, des Beni Ifrene restés dans le Magreb central se rallièrent à Tlemcen, d'où ils étendirent leur autorité ; Oudjda passa sous leur domination. Sous Hamama ben El-Moaz, petit-fils de Ziri ben Attia, les Beni Ifrene, aidés par d'autres Zénètes, défirent l'armée des Maghraoua en 1033 dans un sanglant combat sous les murs de Fes dont ils s'emparèrent. Hamama ben El-Moaz fut obligé de fuir ; il se réfugia à Oudjda où il ne resta qu'un an. Se voyant successivement abandonné par ses soldats et ses compagnons, il alla à Tunis ; revenu en 1040 à la tête des Maghraoua, il chassa de Fes son compétiteur Temime ben Zemmour El-Ifrene. Vers 1049, les Beni Ifrene avaient le pouvoir à Tlemcen et dans les environs et les Maghraoua à Fes, où les descendants de Ziri ben Attia achevaient d'user leurs forces dans des luttes intestines. Les Mediouna, Koumia des Beni Fatene de la famille Sanhadja, qui auparavant occupaient le territoire compris entre le Chélif et la Moulouya, avaient été refoulés par les Zénètes ; ces fractions étaient cantonnées au nord-ouest de Tlemcen, jusqu'à la Moulouya. C'est à ce moment que se produisit l'invasion de l'Afrique par les Arabes. Les deux grandes tribus de Hilal ben Amer et de Soleïm ben Mansour, que les khalifas d'Orient avaient transportées en masse en Egypte à cause de leurs brigandages, ayant créé de nouveaux embarras, on les lança, pour s'en défaire, sur le Magreb ; elles allaient y constituer un nouvel élément de désordre. Ces tribus émigrèrent donc ; elles ne comprenaient certainement pas plus de 200 000 à 250 000 âmes. Une première troupe de guerriers arabes envahit le pays de Barca, différentes fractions s'établirent ensuite en Tripolitaine, pendant que les Hilaliens Makil et Athbedj se dirigeaient sur l'Ouest, où ils continuèrent à s'avancer plus tard en refoulant les Zénètes. Les Almoravides se rendent maîtres d'Oujda et des contrées voisines Au commencement de la seconde moitié du XIe siècle, Ibn Yacine alla prêcher les Sanhadja au litham(voile) et fonda un couvent sur le Haut Niger ; les adeptes de cette secte malékite reçurent le nom d'El-Merabtine(les marabouts), dont on a fait par corruption Almoravides. Le nombre des disciples grandit rapidement, ce qui les engagea à faire la guerre, ils se portèrent sur le Drâa, puis sur le Sous et de là pénétrèrent au centre du Magreb. Youcef ben Tachefine, resté le seul chef des Almoravides, s'empara de tout le pays jusqu'à la Moulouya en une dizaine d'année de guerres. En 1079, il conquit la ville d'Oujda et les montagnes des Beni Snassen et s'empara de Tlemcen où sur les montagnes des Beni Snassen étaient réfugiés les derniers Maghraoua et Beni Ifrene ; il en fit tuer le gouverneur et massacrer la garnison. Une fois maître d'une grande partie du Maghreb, Youcef ben Tachefine porta ses armes en Espagne. En 1102, le souverain hammadite de Bougie, El-Mansour, vint saccager Tlemcen pour se venger des Almoravides, il était suivi d'une foule d'Arabes qu'il eut beaucoup de peine à ramener dans l'Est. Les Almoravides ne devaient d'ailleurs pas tarder à être dépossédés de la plupart de leurs conquêtes par une nouvelle dynastie naquit, celle des Almohades. Les Almohades supplantent les Almoravides Un jeune berbère, nommé Mohammed ben Abdellah, dit Ibn Toumert, de tribu des Masmouda du Grand Atlas, alla voyager en Orient vers 1105. A son retour en Afrique, il prêcha à Tripoli, Bougie et fut ramené au Magreb par un étudiant de Tlemcen, Abd El-Moumen, de la tribu des Koumia ; ce dernier se déclara son disciple et ne le quitta plus. Arrivé à Marrakech, Ibn Toumert, qui songeait à renverser la dynastie régnante, brava l'Almoravide et dut se réfugier dans l'Atlas, où il organisa les Almohades. Vers 1128, il se crut assez fort pour marcher sur Merrakech, mais il fut battu et mourut peu après. Abd El-Moumen, devenu le chef des Almohades, les entraîna à la guerre et commença à mettre les Almoravides en échec. Il reçut la soumission des Beni Snassen, des Koumia et établit son autorité au nord de Tlemcen. Après la mort à Oran de l'Almoravide Tachefine ben Ali, il prit Tlemcen en 1146 et enleva ensuite Merrakech en 1147 ; c'en était fini de la puissance des Almoravides. En 1152, l'autorité d'Abd El-Moumen s'étendait sur un grand territoire ; il donna peu après des commandements à chacun de ses fils ; Abou Hafs eut Tlemcen dont dépendait la région d'Oujda. Abou Yacoub Youcef succéda à son père Abd El-Moumen en 1163, les Almohades étaient alors à leur apogée ; il mourut en Espagne en 1184 et fut remplacé par son fils Abou Youcef Yacoub dit El-Mansour. El-Mansour ayant eu des difficultés dans l'Est avec les Ibn Rania des Baléares, qui voulaient restaurer les Almoravides, il fut appuyé par les Arabes. Pour se défaire de ceux-ci, il les poussa ensuite dans l'Ouest par Tiaret et Tlemcen et les établit en 1188 de Tétouan à Salé ; ce fut lui qui, le premier, introduisit les Arabes au Maghreb extrême. En-Naceur, le fils d'El-Mansour, fit refaire à neuf les fortifications d'Oujda en 1208 : il tira du Beit el mel (Trésor public) les sommes nécessaires à ce travail. Après la mort d'En-Naceur, survenue en 1213, l'empire almohade commença à chanceler sous le règne de son fils El-Mostancer. Les Zénètes Ouacine continuaient leur poussée vers le Nord après avoir envahi le Sahara; parmi eux, les Beni Abd El-Ouad, alliés aux Zoghba, s'étaient avancés par le Chélif jusqu'e vers Tlemcen, et les Beni Merine avaient gagné par la Moulouya les environs de Taza. Ces deux tribus, qui avaient rendu de grands services aux Almohades, étaient pressées d'arriver au pouvoir. Avec les successeurs d'El Mostancer, la dynastie almohade ne fit que péricliter ; l'un d'eux, El Mansour, à la suite d'une révolte à Tlemcen, confia le commandement de la ville aux Beni Abd El-Ouad. Les souverains hafsides de Tunis, descendants du cheikh Abou Hafs, le principal appui d'Ibn Toumert après Abd El-Moumen, répudièrent l'autorité des Almohades. Les luttes intérieures et l'anarchie allèrent toujours en s'aggravant; pendant ce temps, les Beni Abd El-Ouad grandissaient et leur chef, Yarmoracen ben Zian, allait être le véritable fondateur de la dynastie Abdelouadite. D'autre part, la puissance des Merinides devenait formidable dans tout le Magreb central jusqu'à Fes.