Les populations égyptiennes et arabes en général croyaient réellement que le président Nasser voulait «jeter les juifs à la mer» alors qu'il n'en avait jamais endossé la paternité. Cette phrase était née dans les rédactions des journaux plus avides à innover et attirer les attentions. Il y a de profondes contradictions dans la politique appliquée et les principes énoncés. La première parmi toutes les autres concerne la transmission des pouvoirs, soit les successions au pouvoir. Quelle argumentation possible quand le président réhabilite la dynastie comme instrument de succession au pouvoir ? Une dynastie présidentielle comme alternative à la dynastie royale ? C'est sur la base de ce constat que les opposants au régime se sont regroupés dans le rejet à la fois de la présidence à vie de Moubarak et dans sa succession par son fils Gamal. Sur le plan international, la reconnaissance de l'Etat israélien par le président égyptien a valu à l'Egypte l'aide des Etats-Unis, à la fois sur le plan financier et sur le plan militaire. Les Etats-Unis et la France en font un acteur-relais des questions internationales liées à la région du Proche-Orient. Le mouvement Kafaya qui regroupe les opposants contre une succession monarchique ébranle la stratégie de Moubarak. Ses certitudes également. Même les pays qui l'ont toujours soutenu lui recommandent de ne pas s'enfermer dans une situation qui peut fortement dégénérer et ouvrir une ère d'incertitudes. L'Egypte n'est pas n'importe quel pays dans le monde arabe. Sa stabilité est indispensable car elle risque d'avoir des conséquences sur tous les pays arabes, et particulièrement sur la question palestinienne. Et si les militaires osaient... Toutefois, même si le jeu politique tend à se focaliser sur des potentiels candidats à la présidentielle, il n'en demeure pas moins que cela arrange bien les affaires du fils cadet de Hosni Moubarak, en l'occurrence Gamal, qui brigue le poste de son père même s'il a toujours su cacher son ambition. Tout semble se dérouler comme le souhaite le clan Moubarak quant à l'intronisation d'un des siens pour assurer la succession et le bon fonctionnement des affaires de la famille du président qui s'est enrichie au détriment du peuple qu ne cesse de crier famine. Toutefois, des signes annonciateurs font état que la course à la présidence ne sera pas une formalité pour Gamal Moubarak. Dans ce cadre, des messages et des affiches ont été placardés dans différentes localités d'Egypte prônant une rupture totale avec le régime de Moubarak. Pour ce faire, le chef des services de renseignements égyptiens est appelé à présenter sa candidature pour «sauver le pays de la honte d'une succession qui voit concourir le fils du président». Celui qui est présenté comme étant le sauveur de Hosni Moubarak, en 1995, en déjouant une tentative d'assassinat contre lui, est sollicité, aujourd'hui, pour sauver l'Egypte et son peuple. Même si ces affiches ont été enlevées, cela ne reflète que la peur que nourrit le clan Moubarak quant à une probable entrée en lice d'un trouble-fête qui aura à secouer un échiquier politique soudoyé et qui toujours prêté allégeance à Suzanne Moubarak qui est considérée, à juste titre, comme étant la véritable détentrice du pouvoir en Egypte. Peut-on seulement en bénéficiant du soutien populaire, pour ce qui est du cas des opposants, ou des faveurs de l'administration, pour ce qui est de Gamal Moubarak, espérer remporter l'élection présidentielle. Il va sans dire que l'appui des sphères étrangères est plus que déterminant dans la course à la magistrature suprême en Egypte. Dans ce sens, selon la presse israélienne, l'ambitieux fils du président égyptien a noué d'excellente relations avec les milieux d'affaires israéliens. «Gamal Moubarak est l'un des hommes les plus intelligents et les plus compétents que j'ai connus, nous avons eu beaucoup de relations commerciales entre nous et je n'ai jamais eu de problème avec lui ; nous sommes toujours en contact et entretenons des liens sociaux excellents», a affirmé un homme d'affaires israéliens au quotidien israélien Haaretz. Par ailleurs, le journal constate que Gamal ne fait jamais allusion à sa volonté de vouloir succéder. «Gamal Moubarak, 46 ans, est toujours aussi réservé et garde le silence, voire ne fait aucune allusion à sa volonté de se porter candidat à la présidence, tout en rassemblant autour de lui les forces populaires, grâce aux secrétariats politiques du parti national au pouvoir, qu'il préside personnellement, et grâce à l'association Générations du futur qu'il dirige», précise le journal israélien. Gamal a été à plusieurs reprises envoyé par son père à l'étranger dans le cadre de délégations politiques et l'a dernièrement accompagné à Washington pour le lancement des négociations de paix par Obama. Cette collision entre la politique nationale égyptienne et le milieu des affaires israélien fait réagir les militaires égyptiens qui ont envoyé un message clair au président Moubarak, lui signifiant leur désapprobation quant à la situation dans laquelle se trouve l'Egypte, le rendant ainsi responsable des souffrances de tout un peuple dont les promesses ne suffisent plus à attenuer les maux. De ce fait, il n'est pas à écarter que des militaires nationalistes prennent leurs responsabilités pour signifier une fin de mission à la famille Moubarak. Ce qui ressort, d'ailleurs, des dernières manœuvres d'officiers supérieurs qui ont donné un sursis à Hosni Moubarak pour redresser la barre. Faute de quoi, la pyramide sera renversée de sa base.