Rien n'a bougé d'un iota, et ce, depuis le mois d'août dernier, dans ce qui s'appelle au niveau local le«manque de liquidités». Les bureaux de poste de la wilaya de Mascara sont assaillis au quotidien. Des scènes pitoyables, invraisemblables sont enregistrées devant les bureaux de poste qui sont pris d'assaut avant même l'ouverture officielle des guichets,provoquant ainsi des spectacles affligeants. Des manques qui ont complètement changé en profondeur un système financier attardé et qui s'apparente à l'enfantement d'une crise financière à court terme. En effet, une crise financière dénote d'une période de récession économique et de dévalorisation de certaines institutions financières, à l'exemple de ce qui se passe actuellement dans cette région profonde du pays. Faute d'une communication institutionnelle fiable, il s'avère, selon des économistes rencontrés à la maison de la presse du chef-lieu, que «le manque de liquidités qui frappe de plein fouet les bureaux de poste est généré par la forte demande d'argent qui surpasse l'offre. Ce mécanisme peut favoriser la fermeture de certains institutions financières, voire même des bureaux de poste si les créditées ne peuvent plus retourner la somme qu'ils ont retirée.» La révélation des diverses manœuvres pour payer les salaires de misère des fonctionnaires ou des pensions des retraités et autres épargnants relève parfois du cocasse, quand on nous fera savoir que des salaires ont été réglés en pièces de monnaie sonnantes et trébuchantes de 50 et 100 DA, et pour la plupart des cas, en coupures de 200 DA complètement rapiécées. Des fonctionnaires outrés nous ont fait part de salaires «restrictions», c'est-à-dire ne dépassant pas les 10 000 DA, pour manque de liquidités. Dans un autre contexte, les demandes de fonds formulées par les diverses recettes des bureaux de poste, et principalement celle de la recette principale du chef-lieu, en grande partie responsables de l'emballement de la bulle spéculative, s'accompagnent d'un manque de transparence étrange ; les fonds sont réduits à une simple demande d'assistance via la poste d'Oran. La Banque centrale au niveau de la wilaya de Mascara, qui ne communique jamais, et on le comprend, que sur autorisation de la tutelle, se refuse à tout commentaire sur cette scandaleuse situation qui s'apparente à une récession économique et met gravement en danger notre système de protection. La Banque centrale d'Algérie, vu le blackout qui s'impose au niveau local, doit exiger en échange, selon des économistes rencontrés, qui diront à l'unanimité «un retour à des règles de base permettant de réguler efficacement les échanges et surtout financiers. La Banque centrale d'Algérie ne doit plus être considérée comme une institution à tiroir-caisse. Elle et le gouvernement doivent se coordonner pour sauver ce qu'il est encore possible de sauver». En outre, les GAB des différentes institutions bancaires sises sur le territoire de la wilaya connaissent les mêmes scènes déplorables et la plupart des responsables des banques et postes, demeurant de marbre, déconnectent les guichets pour, paraît-il, défaut de liquidités. Dans le même contexte, des fonctionnaires en colère font état de pratiques qui n'honorent nullement le service public qu'est la Algérie poste : certains préposés aux guichets déconnectent les micros et les usagers ne sont pas dupes de ces «pannes». Sans oublier les passe-droits, le népotisme et les autres transactions qui se développent et qui arrangent des clans qui font la pluie et le beau temps. Nous devons dire, dans ce cadre bien précis, que la défense d'un service public et le contrôle par l'Etat de la poste s'impose d'autant plus que l'environnement hypothèque ses missions, à l'image de ce qui se passe au niveau de cette wilaya. L'absence de perception des responsables qui pullulent pourtant à Algérie Poste, chichement payés, incapables d'extrapoler, a sous-estimé les risques et les paramètres d'une crise visible à l'œil nu, dont les effets peuvent avoir un impact considérable sur la population. Pour conclure, les retards et l'absentéisme sous prétexte du manque de liquidités, certains fonctionnaires vont dans d'autres bureaux de poste à travers le territoire de la wilaya, voire même hors de la wilaya, perturbent la bonne marche de la plupart des institutions qui ne tournent plus dans le bon sens. Fort est de constater que depuis l'application du décret exécutif fixant le seuil applicable aux opérations de paiement égales ou supérieures à 500 000 DA qui doivent être effectués à travers les circuits bancaires et financiers, publié au Journal officiel n°43, une «crise de confiance» existe entre les diverses institutions financières, les opérateurs économiques et les gros commerçants, qui préfèrent entreposer l'argent dans des lieux plus sécurisés. La corruption, la fraude et la pertinente question de la fausse monnaie, qui a pris une tournure très grave, causent des turbulences dans la sphère économique, déstabilisant les institutions financières et menant à des pertes financières énormes. Il est vrai que nous n'avons pas les mêmes valeurs que certains privilégiés du système.