Rejetant vigoureusement, jeudi dernier, la demande américaine de permettre à des observateurs étrangers de superviser le déroulement des législatives, le Caire a exprimé aussi son «mécontentement» suite à une rencontre des conseillers d'Obama avec des experts en politique étrangère américains appelant à des réformes en Egypte. Dans un communiqué émis par le département de M. Ghait, le groupe qui a pris part à cette rencontre tenue début novembre a été décrit comme étant «du type de ceux qui cherchent à répandre le chaos au Moyen-Orient». La demande de Washington de l'envoi d'observateurs étrangers en Egypte a été «absolument inacceptable», indique en outre le document. Le ton semble être dur, émanant d'un allié des Etats-Unis dans la région, et il est à s'interroger sur l'avenir de cette relation à moyen et long termes, d'autant plus que les mutations opérées et l'émergence de nouveaux acteurs sur la scène du Proche et Moyen-Orient annoncent la distribution de nouveaux rôles dans cette région. Le Caire, qui depuis quelques années vit au rythme de la contestation qui prend de l'ampleur, fait face aussi à de sérieuses difficultés induites par les conséquences des mutations internes. Si, actuellement, les élections législatives égyptiennes sont au centre de l'intérêt, pour bon nombre d'observateurs, la grande interrogation concerne l'après-élection. La contestation initiée par l'ex-responsable égyptien de l'Agence internationale de l'énergie atomique, M. Baradei, n'est qu'un élément de la protestation populaire, s'opposant au «diktat du parti au pouvoir». Celui-ci est la cible de l'opposition, surtout celle qui a appelé au boycott des législatives égyptiennes. Les relations entre le Caire et Israël depuis les accords de Camp David et leurs conséquences sont un des éléments clés de la cassure entre le pouvoir égyptien et le peuple. Au fil du temps, le fossé n'a pas cessé de s'élargir, les choix économiques étant loin de répondre aux aspirations et aux besoins grandissants des Egyptiens. Le tout accentué par les effets de la crise économico-financière. Le communiqué du ministère égyptien des Affaires étrangères égyptiennes dans sa réaction à Washington et la source anonyme qui affirme que «les Américains persistent apparemment dans le non-respect des spécificités de la société égyptienne, avec des actions et des déclarations qui provoquent le sentiment national égyptien» ne sont pas fortuits. Le «sentiment national» anime l'opposition égyptienne qui a appelé au boycott des législatives tout en avertissant les autres acteurs de l'opposition dont les frères musulmans sur la non-fiabilité du scrutin auquel ils prennent part. L'Egypte est à un carrefour de son histoire et l'après-scrutin mènera à l'interrogation suivante : qui succédera au président Hosni Moubarek ?