4) Atouts et implications socio-économiques de l'intégration L'intégration économique consolidée du Maghreb devrait être conçue et mise en oeuvre pour : - tirer le meilleur parti ou bénéfice des ressources complémentaires des différents pays ; - créer un marché de taille plus vaste susceptible d'entraîner de significatives économies d'échelle, indispensable dans un univers de compétitivité économique ouverte et créer un climat économique plus favorable au Maghreb dans les échanges économiques internationaux. La mise en oeuvre de l'intégration renforcée passe par les conditions suivantes : le contrôle renforcé de la croissance démographique au-delà des évolutions naturelles, la reconquête des marchés intérieurs sur les produits intermédiaires où le Maghreb dispose, simultanément, des ressources naturelles, des ressources énergétiques, des ressources humaines et des compétences technologiques, des capacités de financement, la spécialisation des pays dans les secteurs d'activité où ils disposent d'un avantage «naturel», du fait de leurs ressources, de leur situation géographique ou de leur capacité de financement, avec un souci affiché d'équilibrer les développements économiques entre régions et, enfin, l'harmonisation progressive des modes de vie et des spécifications techniques des équipements et des produits. C'est que les pays du Maghreb disposent de sérieux atouts susceptibles de leur permettre d'enclencher, assez rapidement, de fortes croissances de leurs économies analogues à celles observées dans d'autres régions du monde, notamment en Asie. Parmi ces avantages on peut citer, dans le cadre d'une croissance soutenue : une population jeune et en pleine expansion sur un vaste territoire, une homogénéité culturelle que renforce l'unité linguistique, l'existence d'une élite importante et de qualité, des moyens financiers appréciables, même en situation de crise, qui placent la région en position confortable par rapport aux autres régions en développement, un potentiel énergétique, industriel et agricole prometteur, même s'il est inégalement réparti, la proximité de l'énorme marché européen et la disponibilité de la communauté internationale, spécialement les Etats-Unis d'Amérique et l'Union européenne pour ne pas parler des pays émergents (Chine, Inde, Russie, Brésil) qui s'intéressent à ce marché pour soutenir l‘intégration de la région (aides financières, délocalisations industrielles, ouverture des marchés, etc.).
5) L'UMA et la nouvelle donnée régionale euro-méditerranéenne L''Union pour la Méditerranée doit être une région de politiques publiques communes, de protections sociale et environnementale élevées et non pas une simple opportunité conjoncturelle d'exploiter les bas salaires ou de capter les hydrocarbures du Sud. L'UPM doit affirmer ses préférences collectives : valoriser la proximité et limiter le transport à très grande distance, coûteux en énergie et en CO2, valoriser la complémentarité pour un développement productif et durable, promouvoir un développement solidaire, véritablement partenariat, incluant le transfert de technologies, des programmes de formation professionnelle, et l'amélioration des systèmes sociaux au Sud. Préconiser un retour à un protectionnisme sur des bases nationales n'irait pas dans le sens de l'histoire du monde multipolaire qui s'organise à travers de grandes régions Nord-Sud. Il faut faire comprendre que, dans l'intérêt tant des Américains que des Européens et de toutes les populations sud-méditerranéennes, les frontières du marché commun de demain, les frontières de Schengen de demain, les frontières de la protection sociale de demain et les frontières des exigences environnementales de demain doivent être au sud du Maroc, au sud de la Tunisie et de l'Algérie, et à l'est du Liban, de la Syrie, de la Jordanie et de la Turquie passant par une paix durable au Moyen-Orient, les populations juives et arabes ayant une histoire millénaire de cohabitation pacifique. De quelle(s) manière(s) peut-on caractériser les logiques de localisation des activités de production en Algérie ? Dans quelle mesure présentent-elles des spécificités ? Préfigurent-elles un nouveau mode d'industrialisation fondé sur un processus d'agglomération physique (spatialisation) des entreprises qui succéderait à une vague de dissémination ? Ces nouvelles concentrations géographiques d'activité renvoient-elles à l'émergence de territoires productifs (territorialisation) qui se distinguent d'une simple spatialisation des activités par l'existence d'une gouvernance territoriale propre ? Comment ces modes de territorialisation s'articulent-ils au précédent déploiement spatial des activités, produit d'un mode de régulation fordiste que l'on peut qualifier, en première approche, de périphérique et d'administré ? D'une part, il s'agira d'inscrire les logiques d'acteurs dans des arrangements institutionnels (local, national et international). D'autre part, à travers une approche comparative, il s'agira d'identifier les déterminants spécifiques des dynamiques d'agglomération productive et de dégager le rôle des modes d'action publique (centralisés/décentralisés) sur ces nouvelles dynamiques d'agglomération. Je partage les recommandation du professeur Jean-Louis Guigou, délégué à l'EDIMED, un organisme dépendant de la Communauté économique européenne, où il serait souhaitable qu'une réflexion collective s'articule autour de quatre axes thématiques, dégageant une cohérence et une articulation : - la gouvernance territoriale : il s'agira, en ce sens, de repérer les acteurs clés (privés et/ou publics, individuels et/ou organisationnels), d'analyser les contextes institutionnels et de proposer une grille d'analyse des modes de coordination de ces acteurs ; - l'attractivité des territoires : il s'agira de mettre en perspective les politiques publiques mises en oeuvre (réglementations et incitations) et les stratégies des acteurs de la globalisation pour mieux comprendre les mouvements de délocalisation et la nature des relations de sous-traitance ; - de nouvelles dynamiques productives sur la base d'une approche sectorielle, les logiques d'agglomération et d'organisation productive pour mettre en évidence des processus de désindustrialisation, de restructuration et/ou d'émergence industrielle. Bien que non exclusives, trois filières industrielles ont été retenues : textile, automobile et telecom/informatique. La spécificité du tissu productif algérien pouvant conduire à des choix sectoriels complémentaires (intersectorielle et intra-maghrébine) ; - la spatialisation des activités de production afin d'analyser l'organisation spatiale (urbaine) des dynamiques productives afin de mieux comprendre les phénomènes observés de concentration industrielle dans les principales communes afin de mettre en relief les modes d'aménagement, d'organisation et de gestion des territoires, à expliquer les logiques de localisation et d'agglomération intra-urbaine des entreprises.
Conclusion générale La création de partenariats tant euro-maghrébin qu'américano-maghrébin associant des dizaines de partenaires doit l'être dans un cadre multilatéral complémentaire et d'un renforcement des relations bilatérales, Aujourd'hui, il y a urgence d'une nouvelle ère dans les relations américano-maghrébines. Il faut parier sur un partenariat gagnant-gagnant. L'ère des micro-Etats étant révolu, l'intégration économique de l'Afrique via l'intégration maghrébine est donc vitale, passant par le fonctionnement efficace des institutions selon une nouvelle conception «véritablement démocratique» en favorisant des contre-pouvoirs dans une optique de décentralisation de la décision économique. En fait, une société dominée par la société civile, l'Etat de droit, qui, durant une phase historique, ne saurait s'asiminier à la démocratie (expérience de la Corée du Sud, du Chili, ect.), tout en tenant compte de nos valeurs culturelles — l'anthropologie culturelle étant un facteur déterminant du management stratégique comme l'a démontré le prix Nobel d'économie A. Sen) concourent à la l'instauration d'une prospérité partagée couplant efficacité économique avec l'équité, les politiques parleront de justice sociale. (Suite et fin)