Il est sans doute vrai que cette victime s'adonnait à la boisson alcoolisée puisque c'est dans un état d'ébriété qu'il a été arrêté le 16 décembre dernier au niveau des arcades romaines, à proximité de la cité Kouhil Lakhdar (Djenane ezzitoune). Après son arrestation, il a été conduit au commissariat central où il sera mis dans une cellule. Malheureusement il sera déclaré mort. Selon un premier communiqué de la police, il aurait mis fin à ses jours en s'étranglant avec… les lacets de ses chaussures. Dès les premières informations, il faut reconnaître que cette version n'a pas paru crédible puisqu'on ne voit pas comment un homme de la corpulence qui nous a été décrite puisse se suicider avec des lacets et pourquoi même se suicider alors que de l'avis de ses voisins, il n'avait aucun problème majeur et il s'apprêtait plutôt à célébrer son mariage avec le feu aux veines. En plus de cela, la réglementation interdit de maintenir quelqu'un en détention tout en lui permettant de garder ses lacets au tout autre objet dangereux. D'ailleurs, la police elle-même semble émettre des doutes dans la mesure où la direction générale de la Sûreté nationale a immédiatement dépêché un haut cadre, en l'occurrence l'ancien directeur ayant assumé l'intérim après la mort du défunt Ali Tounsi. En quelques jours, les doutes introduits se sont confirmés par la suspension provisoire de pas moins de 14 éléments, tous grades confondus et encore plus lourd, les communiqués successifs du tribunal de Constantine à travers lesquels on insiste sur l'ouverture d'une enquête ordonnée par le procureur de la République. Il est vrai que la situation s'annonce explosive. Notamment après les déclarations du nommé Mouloud, frère de la victime après la visite d'identification à la morgue de l'hôpital Ben Badis. Selon ces déclarations, des traces de violences auraient été constatées sur tout le corps de la victime. On a même remarqué un hématome au niveau de l'oreille gauche. N'est-ce pas que dans le but de prévenir ces constatations qu'il a été déclaré qu'avant d'être arrêté et conduit au commissariat, Kamel a été la victime d'une agression physique de la part de quelques personnes qui ne sont pas identifiées. Agression peut-être mais dans qu'elles circonstances et pour quels motifs. Il est souligné qu'en raison de son ébriété avancée, la victime n'a pas donné de détails. Autant d'énigmes qui ne font qu'alourdir les doutes que tout un chacun développe à sa guise. Ces interprétations ont conduit la population à bloquer la route une première fois, mettant la police d'intervention face à une énorme pagaille. Il a fallu user de gaz lacrymogènes pour rétablir la situation et libérer la route jonchée de troncs d'arbres et de pneus en feu. Les différentes déclarations et communiqués ont contribué à maintenir un calme même précaire. Que s'est-il donc passé hier ? La population de Hamma Bouziane est ressortie dans la rue. Toutes les voies de circulation ont été bloquées et à l'heure où nous mettons sous presse, aucun bilan n'est encore disponible. D'ailleurs, on n'a pas vraiment besoin de cela. L'urgence est que l'ordre soit rétabli et il est impératif que les droits de la famille du défunt soient respectés à la lettre. On ne sait pas avec précision si cette famille et leurs voisins ont été mis au courant des conclusions de l'autopsie ordonnée par les instituions judiciaires mais il semble que cela soit la raison principale de cette nouvelle montée de colère. Le comportement de certaines structures encourage malheureusement le recours à cette forme d'expression du ras-le-bol. Pour ce seul mois de décembre, de l'université aux hameaux, c'est la quatrième fois que la population investit la route pour crier son mécontentement. Et comment lui est-il répondu ? Tout tristement par des morts à l'intérieur-même d'un commissariat central. Par des lynchages d'enfants avec des chiens errants. Par le fier communiqué du retrait de 1 000 permis de conduire en une semaine et on ne sait pas ce que cela sera demain…