La Nouvelle République : votre intervention au cours du premier congrès international sur la santé au naturel qui s'est déroulé à l'université Abdelhamid-Ibn Badis sise à Mostaganem, s'est axé sur une montante étude sur la restriction de sommeil et diabète. Est-il donc important de focaliser les recherches sur les mécanismes à l'origine de ces troubles afin de mieux les prendre en charge ? Dr Bradai Meskine Fatima : Mon intervention lors du congrès international sur la santé au naturel qui s'est déroulé a l'université Abdelhamid-Ibn Badis sise à Mostaganem a concerné la restriction de sommeil et diabète de type 2 .Le manque de sommeil résulte de pathologies diverses comme le ronflement ou les apnées du sommeil, le syndrome des jambes sans repos, l'insomnie, ect. Il semble que dans nos sociétés modernes le manque de sommeil soit fréquent. La lumière artificielle a permis de veiller et de raccourcir la durée du sommeil pour le travail et le divertissement. Dans les années 60 ,le temps de sommeil était de 8 A 9 heures, en 2000 ce temps est descendu à 7 heures, actuellement beaucoup de gens commencent à ne dormir que 5 à 6 heures, où il apparaît de plus en plus que le sommeil non seulement par sa durée mais aussi sa qualité participe essentiellement aux rythmes et aux taux de sécrétion hormonale et à la régulation du système nerveux autonome ; et par là, contribue à l'apparition des pathologies qui modifient notre espérance de vie comme le diabète, l'obésité, l'hypertension artérielle, la memoire, la dépression et toutes les régulations cérébrales qui peuvent accélérer ou ralentir le vieillissement. Il est important de rechercher les troubles du sommeil qui sont à l'origine de pathologies diverses afin de prévenir et de mieux les prendre en charge. Justement, le questionnaire de santé publique que vous avez effectué en collaboration avec le Dr Bradai Senouci (service d'épidémiologie et de médecine préventive) ,Dr Hadj Habib (service d'endocrinologie), Dr Benchohra F & le Dr Ardjoun (service de physiologie et exploration fonctionnelles) dont vous êtes d'ailleurs le chef de service et tous élisant siège au centre hospitalier universitaire de Sidi Bel-Abbès, a-t-il confirmé que la sévérité du diabète est directement liée aux troubles du sommeil ? Nous n'avons pas parlé de la sévérité du diabète mais la présence de troubles du sommeil dans la population diabétique (de type 2) par rapport aux témoins. Des études récentes ont mis en lumière la probabilité d'un lien entre les troubles de la respiration pendant le sommeil en particulier le syndrome d'apnée du sommeil qui est fréquent dans le diabète de type 2, leur association a en revanche d'importantes implications pour la santé publique de plus en plus le diabète de type 2 comme les troubles respiratoires du sommeil sont fortement associés aux maladies cardiovasculaires. Les troubles respiratoires du sommeil (TRS) sont de plus en plus considérés comme une maladie à traiter dans le cadre de la prévention des maladies cardiovasculaires. Aujourd'hui, si l'ampleur de l'épidémie de diabète de type 2 est reconnue de tous, ce n'est pas le cas des troubles de la respiration pendant le sommeil, or ceux-ci contribuent de manière significative au poids de la maladie qui pèse sur les personnes, et au poids financier au niveau des communautés. En 2007,le groupe de travail sur l'épidémiologie et la prévention de la Fédération internationale du diabète (FID) a convoqué un atelier de réflexion sur les TRS et le diabète de type 2, ou le groupe a reconnu qu'il était nécessaire d'adopter une approche pluridisciplinaire afin de sensibiliser, d'améliorer la pratique clinique et de coordonner les efforts de recherche dans le but de mieux comprendre les liens entre les troubles respiratoires de sommeil et le diabète type 2. Peu médiatisés, les troubles du sommeil chez les diabétiques sont au stade de l'expérimentation en Algérie. Existe-t-il dans ce contexte une structure hospitalière ou un établissement médical pour la prise en charge de ces troubles du sommeil ? Les troubles du sommeil ne sont pas recherchés, ni diagnostiqués dans la population diabétique par manque de somnologues et d'équipements (polygraphie ventilatoire ou polysomnographie) permettant de confirmer ces troubles du sommeil. Un ou deux centres du sommeil existent à Alger. Dans le service de physiologie et explorations fonctionnelles à Sidi Bel-Abbès, nous prenons en charge les consultations des pathologies du sommeil depuis une année, mais uniquement ceux qui nécessitent par l'exploration, malheureusement la structure est exigüe et l'équipement (polysomnographie ou polygraphie ventilatoire) qui permet de confirmer le syndrome d'apnée de sommeil et toutes les autres pathologies du sommeil n'est pas disponible. Dans votre constat au cours de cette manifestation scientifique ou médicale, vous avez fait part, que parmi les troubles respiratoires, le syndrome d'apnée du somme ; il a été diagnostiqué à l'aide des critères cliniques. Quels sont ces tests où il semble y avoir des mécanismes bidirectionnels entre l'altération du sommeil et le développement de la maladie, l'une affectant l'autre et réciproquement ? Dans notre étude présentée lors de ce congrès, les troubles respiratoires du sommeil sont fréquents dans la population diabétique par rapport aux témoins, 5O% d'entre eux rapportent ces troubles depuis le diagnostic de la maladie et présentent les critères cliniques d'un syndrome d'apnée du sommeil (ronflement quotidien sonore, pauses respiratoires ou accès de suffocation, la somnolence diurne) rapportés par le patient ou le conjoint et qui doivent être confirmés par la polygraphie ventilatoire ou polysomnographie qui n'existent pas dans notre service. Cependant, il est utile d'identifier cliniquement ces pathologies pour mieux les orienter dans un souci de prise en charge dans des centres de sommeil qui sont inexistants ou peu nombreux en Algérie. Les mécanismes potentiels liant l'apnée du sommeil à l'intolérance au glucose, les liens entre les apnées obstructives du sommeil (AOS) et les troubles du métabolisme du glucose existent ; cette association est reconnue, l'obésité qui constitue un facteur de risque à la fois pour les apnées du sommeil et le diabète de type 2 pourrait être la cause principale de l'association de ces deux pathologies, des preuves s'accumulent montrant que les liens entre le diabète de type 2, la résistance à l'insuline, le syndrome métabolique et les AOS ne dépendent pas totalement de l'obésité. Selon les estimations, près de 40 % des personnes atteintes d'AOS auront un jour le diabète (El Masry A 2001, Meslier N 2003) chez les personnes atteintes du diabète, la prévenance des AOS peut atteindre 23 % (West SD 2006) et celle de certaines formes de troubles respiratoires du sommeil, jusqu'a 58 % (Resnik HE , 2003). Selon la déclaration de consensus de la Fédération international du diabète (FID), sur les apnées, les troubles respiratoires du sommeil (AOS) peuvent influencer le métabolisme glycémique. Les apnées obstructives du sommeil se caractérisent par une hypoxie intermittente et ou la fragmentation du sommeil à l'origine d'un stress oxydatif, une activation sympathique (catécholamines), modifications de l'axe hypothola-mohypophysaire(cortisol), activation des voies inflammatoires (IL-6,TNF alpha), modification du profil des adipokines (leptines, adiponecin)qui ont un rôle important dans le développement de la résistance à l'insuline et le dysfonctionnement des cellules pancréatiques engendrant une intolérance au glucose et diabète de type 2. (A suivre) Entretien réalisé par