,L'association «Aurès» pour la culture et les sciences humaines a fêté, jeudi, le nouvel an amazigh à la maison de la culture de Batna qui a abrité, pour la circonstance, une série de conférences, de chants folkloriques et un récital du poète Younès Bezzala. Le Dr. Bourouba, de la faculté des lettres de l'université Hadj-Lakhdar de Batna, a analysé, dans sa communication sur «Les survivances de paganisme et d'animisme dans les Aurès», nombre de rites sociaux encore présents dans la région, et dont l'origine remonterait à de très vieux cultes animistes. Il a cité parmi les plus répandues de ces traditions, celle du cérémonial du henné lors des fêtes de mariage, dont la couleur rouge symboliserait et remplacerait, selon lui, un ancien rituel de sacrifice d'animaux destiné à chasser le mauvais œil et les esprits malveillants. Il a, également cité, entre autres rituels, le rituel qui consiste à placer sous l'oreiller du jeune enfant un petit couteau pour chasser les mauvais esprits, ainsi que la pratique consistant à rendre visite à certaines grottes pour y déposer de l'encens et des bougies en faisant des vœux de mariage ou de succès. L'habitude de collecter sept langues de moutons sacrifiés durant le jour de l'Aïd El Adha pour les faire manger à l'enfant privé de l'usage de la parole ou ayant des difficulté de locution remonterait également à la période animiste, a assuré cet universitaire. Tous ces rituels se rattachent à la croyance populaire véhiculée par les contes populaires commençant souvent par la formule : «Lorsque la nature parlait», a soutenu le Dr. Bourouba, soulignant que ces traditions «contraires à la science sont, également, toutes contraires aux préceptes de la religion musulmane qui les assimile à des pratiques charlatanesques». Le chercheur Mohamed Merdaci a abordé, de son côté, le calendrier amazigh et les principales dates de l'année agraire, passant en revue les traditions populaires perpétuées en période de yennayer dans la région, à l'instar du renouvellement du mobilier de la maison et la préparation du plat traditionnel du «Cherchem» ou «Ichercham» qui met en valeur l'importance du blé pour la population locale. M. Merdaci a, également, évoqué l'attachement de la femme auressienne aux traditions sociales reçues de leurs mères et grand-mères dont celle de sortir en montagne le premier jour de Yennayer, pour apporter des plantes aromatiques en vue de les suspendre aux entrées de la maison et sur le toit en signe d'augure d'une année abondante en récoltes. Pour sa part, Ahmed Kacem, spécialiste des questions de culture amazighe, a présenté une intervention sur les traditions culinaires de la région et ses principales spécialités dont la chekhchoukha, le Ziraoui (pâtisserie traditionnelle à base de pain, beurre et miel), Laâssida (semoule cuite dans de l'eau bouillante avec du beurre et sel) et Laghrayef (genre de crêpe appelée Baghrir dans d'autres régions du pays). Cette rencontre a été pour beaucoup d'invités une occasion pour découvrir le cérémonial de yennayer et les traditions qui s'y rapportent et qui sont encore vivaces dans certaines zones rurales enclavées. La manifestation à laquelle ont assisté des étudiants sahraouis a été clôturée par un concert musical animé par les chanteurs Youba, Nasreddine Houhach et Farid Houamed. Une exposition de peintures a, également, été organisée à cette occasion par le plasticien Azouzi Lamine Berouag.