En voulant apporter de l'eau au moulin de Ben Ali lors de ses moments de «détresse», la France vient de rater l'affaire du siècle. Elle a perdu le terrain tunisien face aux Américains qui dès le début de la crise ont su mettre le «roi» en échec en «conseillant» au chef de l'état-major tunisien de ne pas soutenir le «dictateur». Ingérence diraient beaucoup d'observateurs. Pour les Américains qui ne l'entendent pas de cette oreille, il s'agit simplement de conseils d'amis puisqu'ils ont poursuivi leur mission de «démocratisation». Après celle de l'Irak, avec leur démocratie qui enregistre un très bon score macabre au sein de la population irakienne, les voilà qui louchent vers l'Afrique du Nord. Récemment, Jeffrey Feltman, le sous-secrétaire d'Etat américain pour le Proche-Orient, s'est rendu à Tunis afin de s'entretenir avec le gouvernent par intérim tunisien de la réalisation de ce qu'il a appelé les «réformes démocratiques» et de la tenue des élections en ce pays, a rapporté Philip Crowley, le porte-parole du département d'Etat américain, dans un court message sur Twitter. Les Etats-Unis ont sollicité Mohammad Ghannouchi, le Premier ministre tunisien par intérim, d'organiser des élections crédibles, dans l'année en cours, et de réaliser des changements pour éviter le chaos. Après 23 ans de violation des droits de l'homme et d'actes inhumains à l'encontre de l'opposition, voilà la révolution tunisienne qui tire beaucoup de «démocrates» de leur hibernation. Toujours ce sacré Philip Crowley, le porte-parole du département d'Etat américain qui cette fois-ci fourre son nez au Liban : «Plus grand sera le rôle joué par le Hezbollah dans ce gouvernement et plus problématique sera notre relation», a-t-il déclaré. Toutefois, il a tenu à réserver son jugement jusqu'à la constitution d'un nouvel exécutif à Beyrouth. Interrogé sur la possibilité légale de poursuivre cette aide si le gouvernement du Liban était dominé par l'opposition, Crowley a répondu que «cela serait difficile à faire pour les Etats-Unis». Et pourquoi ? «Nous continuons de souhaiter voir un gouvernement servant les intérêts des Libanais, plutôt que les gouvernements d'autres pays », a-t-il enfin prétendu. Voilà, les «amis» des Libanais qui s'inquiètent pour la bonne santé du Liban. Ne vous inquiétez pas, ce n'est pas de l'ingérence, mais un simple conseil d'ami, sinon, comment expliquer cette réitération du soutien de Washington au Tribunal spécial pour le Liban. Le paradoxe fait parfois bon ménage avec la logique, non ? De la Tunisie, au Liban, en Côte d'Ivoire, la diplomatie américaine parie sur tous les jokers. Comment faire plier Gbagbo et soutenir la «coqueluche» occidentale (Alassane Ouattara) ? Pas besoin de réflexion avec une équation à deux sous. Il suffit tout simplement de suspendre pour un mois l'achat du cacao à la Côte d'Ivoire. Tel est la suggestion d'Alassane Ouattara pour faire plier son rival. Et comme toujours, voilà Philipe Crowley qui appuie cette stratégie : «limiter les ressources financières de Laurent Gbagbo constitue aussi la stratégie américaine pour pousser ce dernier à céder le pouvoir.» Ne me dites pas encore que c'est de l'ingérence ? Les affaires sont les affaires…