Après le siège impitoyable de Ghaza malgré la trêve loyalement appliquée pendant six mois par les Palestiniens, ce sont maintenant les meurtres commis de sang-froid de civils sans défense y compris de bébés, de vieillards et l'adolescents en pleine force de l'âge; la destruction massive d'infrastructures indispensables à la vie de tous les jours; le bombardement délibéré d'une école et la mort collatérale de 40 de ses élèves; le déploiement de moyens exagérément disproportionnés à la menace sont autant de graves entorses à la légalité internationale qui indiquent, à l'évidence, que les dirigeants israéliens ont cédé à leur délire de puissance et de domination et n'ont rien appris des enseignements de l'histoire. Comme Scipion Emilien qui a rasé Carthage en 147 av. J.C pour anéantir la résistance de ses habitants; comme Hitler avec les juifs, l'Etat hébreu a sa propre «solution finale» dont la destruction de Ghaza et l'anéantissement de ses habitants ne sont qu'un des éléments; les autres étant l'occupation définitive et non négociable de Jérusalem Est et l'épuration éthnique par l'exode forcé des Palestiniens y compris ceux de nationalité israélienne. La carte du «Grand Israël» se complète ainsi en toute impunité sous nos yeux. Car l'agression contre Ghaza s'inscrit bien dans une stratégie d'ensemble dont la finalité, à peine démentie par Tel Aviv, est l'occupation de la totalité de la Palestine par un Etat juif pur et dur. Quant à Ghaza, il est probable qu'elle sera placée sous strict contrôle militaire israélien. Voici pour ceux qui croient encore à la solution des deux Etats. Celle-ci n'a jamais été envisagée sérieusement par Israël comme en témoignent certaines déclarations, les attitudes dilatoires, les mauvais prétextes et les fins de non- recevoir du gouvernement israélien lorsqu'il s'est agi, pour lui, de rentrer dans le vif des discussions avec les Palestiniens. Par ailleurs, comment croire à une quelconque volonté politique de l'Etat hébreu qui n'a jamais mis un terme, quelle qu'ait été la couleur de ses gouvernements successifs, aux colonies de peuplement? Enfin, le mur qu'il a érigé, malgré la vive réprobation de la communauté internationale, rend impossible la constitution d'un Etat palestinien viable. N'est-ce pas là l'expression concrète d'une ligne politique qui ne s'est jamais démentie? Alors il faut appeler les choses par leur nom: Un Etat qui occupe, torture, tue, détruit, viole avec impudence les droits de l'Homme et refuse obstinément d'appliquer les résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies, ne peut pas être qualifié autrement que d'Etat gredin. Israël use et abuse de la sympathie agissante des Etats-Unis d'Amérique dont l'opinion publique est fortement travaillée par les réseaux tentaculaires du puissant lobby juif. L'Etat hébreu peut compter aussi sur la grande indulgence des pays européens qui n'en finissent pas de se culpabiliser pour leur rôle actif ou passif pendant l'holocauste. Une permissivité excessive conduit, inéluctablement, au vertige de l'impunité et de toute évidence celle-ci s'est emparée des dirigeants israéliens. Il y a une trentaine d'années Nahum Goldman, alors président de l'organisation juive mondiale, dans une interview donnée à «France Observateur», avait déclaré que les pires ennemis d'Israël étaient ses propres dirigeants dont il craignait que les excès et la dialectique incontrôlée de leur soif de domination ne finissent par conduire son pays à sa perte. Ses prévisions finiront par sa réaliser, tôt ou tard, car l'humiliation subie pendant six décennies et la rancune mortelle qu'elle a sécrétée au sein du monde arabe et islamique constituent de véritables bombes à retardement qu'il est encore peut-être temps de désamorcer avec l'arrivée à Washington d'une nouvelle administration, dont il faut espérer qu'elle imprimera de sérieux infléchissements à la politique de «deux poids, deux mesures», suivie par l'administration sortante. Il faut, pour cela, ramener l'Etat hébreu à la raison c'est-à-dire fixer des limites à son impunité, en d'autres termes faire en sorte qu'il applique loyalement les résolutions du Conseil de sécurité et en particulier la 242. Les Palestiniens et tous les pays arabes, sans exception, sont disposés à le faire. Ils l'ont déclaré solennellement. C'est la seule voie possible pour une intégration régionale grâce à laquelle la paix durable sera garantie par l'interpénétration des intérêts.