Les dirigeants des 22 pays de la Ligue arabe ne sont pas parvenus à s'entendre hier au sommet économique de Koweït sur la mise en place d'un fonds de reconstruction de Ghaza, ni ses mécanismes de fonctionnement. Les divergences apparues durant l'agression israélienne contre la bande de Ghaza qui a fait plus de 1.300 morts et 5.300 blessés, sont réapparues lors de ce sommet durant lequel les ministres des Affaires étrangères des pays arabes n'ont pu s'entendre sur une déclaration finale avec comme point d'orgue la reconstruction de Ghaza. Le montant de ce fonds serait de deux milliards de dollars. Dans une déclaration de presse rendue publique par M. Amr Moussa, secrétaire général de la Ligue arabe, les dirigeants arabes appellent, sur le volet politique, à la levée immédiate du blocus de la bande de Ghaza, le retrait également immédiat des troupes d'occupation israéliennes, la consolidation du fragile cessez-le-feu et préconisent, surtout, la réconciliation palestinienne et arabe. Mais, ce dernier point aura en fait laissé à Koweït un arrière-goût de mauvais augure. Les dirigeants arabes n'ont, malgré les médiations de certains d'entre eux, notamment le souverain saoudien, pu s'entendre sur un plan de travail à long terme concernant le soutien aux Palestiniens. La position des pays arabes face à l'agression israélienne a été plus ou moins remaniée, mais les divergences persistent quant au soutien du mouvement Hamas, l'aile dure emmenée par l'Egypte et l'Arabie Saoudite maintenant son veto contre l'actuel gouvernement palestinien, alors que l'Autorité palestinienne dirigée par le chef du Fatah, Mahmoud Abbas, reste largement soutenue par Le Caire et Ryadh. Bien sûr, à Koweït, l'accent a été mis, mais sans grande conviction, sur une nécessaire réconciliation palestinienne, en prévision des prochaines élections présidentielles. La déclaration finale du sommet aura ainsi montré un peu plus les clivages politiques entre pays arabes, dont certains ont refusé, lors de ce sommet, d'enterrer le plan de paix israélo-arabe proposé à Beyrouth en 2002. Relancé en 2007, ce plan élaboré par l'Arabie Saoudite prévoit une paix avec Israël en échange de son retrait des territoires occupés en 1967. Damas est pour la fin de ce processus après l'agression de Ghaza, alors que l'Egypte et Ryadh maintiennent leur position sur ce plan qui n'a, pour le moment, pas été ni appliqué, ni reçu l'aval de l'entité sioniste. Par ailleurs, sur le volet économique, le sommet de Koweït a annoncé la prochaine création d'une union douanière arabe en 2010, en prélude à un marché commun arabe. Mais, c'est le volet énergie qui a pris une certaine consistance dans les travaux de ce sommet qui a appelé les pays arabes à coopérer pour contrer l'impact de la crise financière internationale dans la région et pour prendre part aux efforts de la communauté internationale visant à rétablir la stabilité du système financier. Les dirigeants arabes ont en outre encouragé la coopération en matière de nucléaire civil et de développement des réseaux régionaux électriques, avec la perspective de la création d'un marché régional de l'énergie. Plusieurs pays arabes se sont montrés intéressés par l'énergie nucléaire, comme moyen de répondre à l'augmentation rapide de la demande en électricité. Certains des plus gros exportateurs de pétrole au monde se tournent vers l'énergie nucléaire pour éviter de consommer leur propre or noir et le garder pour l'exportation. Et, si sur le plan économique, des avancées sont constatées, les divergences politiques persistent. Le prochain sommet économique arabe se tiendra en Egypte, en 2011.