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N'est pas philosophe qui veut
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 24 - 01 - 2009

L'agression de Ghaza n'en finira pas de livrer ses secrets, les jeux des pouvoirs et les non-dits à propos d'une drôle d'Histoire.
Une déclaration de guerre unilatérale à un parti politique classé dans les mauvaises tablettes de l'Etat juif, de l'Occident romano-chrétien qui traîne comme un boulet un holocauste culpabilisant, de l'Amérique de fin de règne bushiste. La même tablette en fait. Un massacre où les enfants ont payé de leurs vies, une famine organisée, un emprisonnement territorial plus proche des réserves indiennes que d'une terre libre. Puis, une trêve tout aussi unilatérale et un repli militaire plus proche d'un encerclement stratégique que d'une paix. CNN qui lance un sondage pour savoir qui soutient Israël et qui soutient la Palestine poussant le ridicule à son extrême limite.
Des ballets diplomatiques, des mots, des chiffres et une population sans autre espoir que celui de reprendre les armes pour arracher à tout prix sa liberté. Liberté étant un mot de passe, une devise, un rêve transporté à travers les âges et fondateur de l'Etat de droit, pourquoi ne peut-on dans le cas des Palestiniens le reconnaître à un peuple même si son choix pour l'islamisme n'a pas à être discuté, puisque c'est son choix et qu'il s'y retrouve. Parce qu'il s'agit d'islamisme ? Mais qui a donc encouragé ce courant devenu politique au nom des droits de l'homme et de la liberté de choisir ? Pourquoi reconnaît-on alors aux Juifs le droit de fonder un Etat théocratique, Israël, sur une terre initialement multiconfessionnelle, multiethnique ? Lorsque se faisant ramasser sur un plateau de télévision par une journaliste allemande, comme à son habitude le philosophe juif français mais juif avant tout, Bernard Henri-Levy, défendait « son ami » le Commandant Massaoud contre les Talibans, l'Allemande lui rappela tout simplement que « son ami » était tout aussi islamiste que les Talibans à une petite variante près.
La guerre contre les soviétiques était une guerre sainte encouragée par les USA, l'Europe et tous leurs satellites, bien qu'une partie de l'argent ait été fourni par les Arabes de service, pétroliers de leur état et gouvernants à leurs moments perdus. L'hypocrisie révélée par ces attitudes incohérentes lorsqu'il s'agit de la question de l'islamisme et du droit d'Israël de se défendre contre le Hamas voile mal le débat réel qui attend de voir le jour et qui consiste à rejeter un conflit en fait judéo-chrétien dans le registre judéo-musulman au point de produire une haine de part et d'autre, la chrétienté restant à l'abri de toute critique, et même cachée derrière une pseudo-laïcité.
Et la philosophie a son mot à dire. Elle l'a dit sous la plume de philosophes juifs qui ne se baladent pas de plateau en plateau sous forme de consultants et qui refusent de cacher la vérité. La vérité réside dans cette lettre qui a fait le tour des boîtes mail signées par le professeur André Nouschi, adressée à l'ambassadeur d'Israël en France ce 3 janvier dernier. « Pour vous c'est shabbat, qui devait être un jour de paix mais qui est celui de la guerre. Pour moi, depuis plusieurs années, la colonisation et le vol israélien des terres palestiniennes m'exaspèrent. Je vous écris donc à plusieurs titres : comme Français, comme Juif de naissance et comme artisan des accords entre l'Université de Nice et celle de Haiffa. Il n'est plus possible de se taire devant la politique d'assassinats et d'expansion impérialiste d'Israël. Vous vous conduisez exactement comme Hitler s'est conduit en Europe avec l'Autriche, la Tchécoslovaquie. Vous méprisez les résolutions de l'ONU comme lui celles de la SDN et vous assassinez impunément des femmes, des enfants ; n'invoquez pas les attentats, l'Intifada. Tout cela résulte de la colonisation ILLEGITIME et ILLEGALE. QUI EST UN VOL. Vous vous conduisez comme des voleurs de terres et vous tournez le dos aux règles de la morale juive. Honte à vous : Honte à Israël ! Vous creusez votre tombe sans vous en rendre compte. Car vous êtes condamné à vivre avec les Palestiniens et les Etats arabes. Si vous manquez de cette intelligence politique, alors vous êtes indigne de faire de la politique et vos dirigeants devraient prendre leur retraite. Un pays qui assassine Rabin, qui glorifie son assassin est un pays sans morale et sans honneur. Que le ciel et que votre Dieu mette à mort Sharon l'assassin. Vous avez subi une défaite au Liban en 2006. Vous en subirez d'autres, j'espère, et vous allez envoyer à la mort de jeunes Israéliens parce que vous n'avez pas le courage de faire la paix. Comment les Juifs qui ont tant souffert peuvent-ils imiter leurs bourreaux hitlériens ? Pour moi, depuis 1975, la colonisation me rappelle de vieux souvenirs, ceux de l'hitlérisme. Je ne vois pas de différence entre vos dirigeants et ceux de l'Allemagne nazie ? Personnellement, je vous combattrai de toutes mes forces comme je l'ai fait entre 1938 et 1945 jusqu'à ce que la justice des hommes détruise l'hitlérisme qui est au coeur de votre pays. Honte à Israël. J'espère que votre Dieu lancera contre ses dirigeants la vengeance qu'ils méritent. J'ai honte comme Juif, ancien combattant de la 2ème Guerre mondiale, pour vous. Que votre Dieu vous maudisse jusqu'à la fin des siècles ! J'espère que vous serez punis ». Aucun gouvernant ni imam arabe n'ont pu écrire une telle lettre ni même prononcé ces mêmes mots. L'auteur serait né à Constantine comme Gaston Ghernaissia alias Enrico Macias ambassadeur de l'UNESCO, mais Noushi est philosophe. Toute la différence est là.


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