Touchée par la crise gazière russo-ukrainienne, déclenchée au début de l'année, la Croatie est en pleine discussion avec l'Algérie pour la livraison de gaz. Cette annonce a été faite, jeudi, par le ministre de l'Energie et des Mines, M. Chakib Khelil, en marge d'une séance plénière du Conseil de la nation consacrée aux questions orales. Le ministre, cité par l'APS, a souligné «Nous sommes en discussion et on n'a pas encore déterminé la quantité de gaz à livrer aux Croates». Cependant, sur le moyen d'acheminement du gaz naturel algérien vers ce pays balkan, M. Chakib Khelil a parlé d'une livraison par «swap», étant donné que la Croatie n'est pas connectée à l'Algérie par gazoduc. Une solution alternative qui consiste à transporter le gaz par l'intermédiaire d'autres pays avec lesquels l'Algérie est connectée. Le gaz sera donc livré à ces derniers qui à leur tour vont le livrer à la Croatie. «On a trouvé les moyens de swap et maintenant c'est une question de discuter du volume à court et à long termes ainsi que du prix», a indiqué le ministre. Reliée par gazoducs à l'Espagne et à l'Italie, l'Algérie exporte actuellement 62 milliards de m3 de gaz, en grande partie vers les pays européens. Fournisseur fiable de l'Union européenne depuis 30 ans, elle assure actuellement à l'UE environ 12% de ses besoins en gaz naturel notamment à travers les deux gazoducs en fonction avec l'Italie et l'Espagne, et par des fournitures de plus en plus importantes de GNL. Ces pays européens ont dû faire face dernièrement à la crise gazière, la plus longue jamais survenue en Europe, qui les a privés de gaz russe pendant 15 jours. Cette fermeture des vannes a sonné l'alerte dans toutes les capitales européennes et relancé le débat sur la diversification des sources énergétiques et la diminution de la dépendance vis-à-vis de la Russie. La Croatie, qui produit quelque 60% de ses besoins en gaz et en importe 40% de Russie, a opté pour le gaz naturel algérien pour assurer, si les négociations aboutissent, une autre source d'approvisionnement et se protéger ainsi contre les dangers d'une seule source d'approvisionnement en énergie. La crise gazière a frappé durement l'industrie chimique en Croatie et poussé au chômage technique de nombreux ouvriers. Quant à l'Algérie, pays producteur de gaz, elle a exprimé dernièrement sa volonté d'augmenter ses quantités de gaz livrées à ses partenaires européens si les contrats gaziers qui la lient à ces derniers le permettent. Le ministre de l'Energie et des Mines l'a clairement signifié lors de la visite de travail de la ministre néerlandaise des Affaires économiques, Mme Maria Van Der Hoeven. «Nous avons des contrats à long terme qui nous lient à nos différents partenaires en Europe, (...) nous pouvons augmenter les quantités livrées à ces partenaires si les contrats le permettent». Mais «si les contrats ne le permettent pas, nous ne pouvons augmenter notre approvisionnement», avait-il expliqué. Evoquant la crise gazière russo-ukrainienne, M. Khelil a indiqué que ce problème sur les prix du gaz russe livré à l'Ukraine est «commercial et non pas politique». L'Algérie, «elle-même mène des négociations avec l'Espagne sur la question des prix du gaz». Mais ce différend, a insisté le ministre, ne constituera jamais «une raison pour l'Algérie de couper ses livraisons de gaz à l'Espagne.»