C'est en pleine campagne électorale pour les élections d'avril 2009 que le chiffre est tombé: l'inflation est en hausse pour la seconde année consécutive. La vie devient de plus en plus chère en Algérie, et le rythme de l'inflation gonfle démesurément. En fait, les derniers chiffres de l'Office national des statistiques (ONS) donnent une idée assez préoccupante sur la baisse du niveau de vie des Algériens. Selon l'ONS, le rythme annuel de l'inflation a encore augmenté en Algérie entre février 2008 et février 2009, passant de 4,4% à 4,7%. Traduite sur le panier de la ménagère, cette hausse a provoqué une explosion des prix des principaux produits à la consommation. Dans le lot, on retrouve une hausse des prix qui a touché beaucoup plus le poisson frais avec 46,4%, la viande de poulet (34,7%), les oeufs (24,7%), la viande de mouton (23,4%), le café, thé et infusion (19,1%), les légumes (14%), et le sucre et les produits sucrés (13%). Et au prix actuel de la sardine, les Algériens ne dégusteront pas pour longtemps à moins de 250 DA/kg ce poisson, autrefois viande du pauvre, tout comme la pomme de terre, qui est cédée à plus de 65 DA/kg. En fait, ce sont les produits agricoles frais avec les viandes qui ont enregistré les hausses de prix les plus significatives, avec des hausses de plus de 15%. La tomate à plus de 80 DA/kg, les petits pois entre 80 et 100 DA/kg, les navets à plus de 50 DA/kg, un oeuf à 12 DA, etc. C'est en fait toute la chaîne des produits agricoles frais qui est touchée par une augmentation vertigineuse des prix. Et cette hausse des produits du groupe s'étend également à la viande de boeuf (12,3%), aux fruits (9,4%), viandes et poissons en conserve (4,9%). Récemment, et face à une explosion des prix de la pomme de terre, le ministère de l'Agriculture n'a pas donné d'explications convaincantes, mais a estimé que cette hausse devrait s'estomper à partir du mois d'avril, avec l'arrivée de la pomme de terre de saison. Le problème, c'est que le marché des produits agricoles n'obéit à aucune logique commerciale en Algérie, où il n'existe pas de vraie mercuriale, ni un système efficace de contrôle des prix. Selon l'ONS, à l'exception des prix des huiles et graisses qui ont accusé une baisse de 12,5%, tous les produits du groupe alimentation sont en hausse en février 2009, comparativement au même mois de l'année écoulée. En Algérie, la vie est devenue chère, le couffin de la ménagère est composé autant des agrégats d'une hausse tendancielle de l'inflation que de l'absence flagrante d'une véritable politique commerciale. Sinon comment expliquer qu'en pleine crise économique, avec une offre rachitique d'emplois stables et bien rémunérés, une quasi-stagnation des salaires comparativement avec la hausse des recettes d'hydrocarbures qui n'ont eu aucun effet sur la hausse de la croissance, les prix des produits alimentaires de base flambent. Une augmentation des prix des produits de large consommation, hormis les produits administrés, qui explique un peu plus clairement la détérioration continue des grands indicateurs sociaux en Algérie. En dépit de recettes d'hydrocarbures record et un matelas de devises de plus de 150 milliards de dollars. En fait, le niveau relativement bas des estimations de l'ONS sur le niveau de l'inflation en Algérie fait débat. En 2007, les chiffres officiels établissaient une inflation à 3,5%, alors que le Fonds monétaire international l'estimait à 4,5%. Sous-évaluation de la baisse du niveau de vie en Algérie ? C'est très plausible, selon des experts qui estiment que les indices de calcul de l'ONS et du FMI sont relativement différents. Pour autant, le FMI juge le taux d'inflation de 2007 de très élevé par rapport à 2006 (2,5%), 2005 (1,6%) et 3,6% en 2004. Fin 2008, le coût de la vie en Algérie a, conformément aux prévisions du FMI, grimpé à 4,4%, et à 4,7% en 2009. Assurément, l'Algérie s'est durablement installée dans une longue période inflationniste, d'autant que son économie commence à souffrir du manque d'investissements structurels, de grands projets créateurs d'emplois stables capables de relancer la consommation avec le retour de la baisse des prix. Beaucoup ont déjà parlé de pilotage à vue de l'économie algérienne, qui n'arrive pas à produire assez, autant pour exporter que pour répondre à la demande locale. Une situation chronique qui mine depuis quelques années l'économie algérienne qui survit grâce aux recettes d'hydrocarbures, utilisées pour l'importation à plus de 40 milliards de dollars en 2008 de produits alimentaires et dérivés. Un véritable gouffre financier que cette filière des produits alimentaires. Faut-il s'étonner que le trabendisme se soit bien installé dans l'ensemble de la chaîne alimentaire, agricole et agro-industrielle, avec une prédation épouvantable qui fausse tous les calculs, fussent-ils ceux des experts du FMI quant au véritable chiffre de l'inflation en Algérie ?