Les autorités judiciaires marocaines ont extradé un ressortissant marocain, jugé et condamné pour terrorisme par le tribunal antiterroriste de Salé, vers l'Espagne, où il va purger une peine de 14 ans de prison. Hassan Haski, arrêté en Espagne dans le prolongement des attentats du 11 mars 2004 de Madrid qui ont fait au moins 191 morts et des dizaines de blessés, a été ensuite extradé au Maroc où il était recherché pour sa présumée implication dans les attentats de Casablanca, en mai 2003. Le 2 avril dernier, il a été extradé vers l'Espagne, après avoir été sorti de sa cellule de la prison de Salé où il commençait à purger une peine de 10 ans de prison ferme. Troublant est, en fait, le cas de ce présumé membre du groupe islamique combattant marocain (GICM), une des organisations terroristes les plus recherchées par les services de sécurité marocains et espagnoles qui pensent, aujourd'hui encore, qu'elle est la principale responsable des attentats de Casablanca qui ont fait une quarantaine de morts, dont les kamikazes. Les autorités judiciaires marocaines ont ainsi décidé de renvoyer en Espagne où il a été arrêté en 2004, Hassen Haski, probablement une des nombreuses victimes collatérales d'une enquête mal ficelée, autant par le juge Balthazar Garcon, que par les services de sécurité marocains, qui ont incroyablement pataugé pour arrêter les principaux responsables présumés des attentats de Casablanca. La police espagnole, qui n'a pas trouvé de preuves suffisantes pour inculper Haski, l'avait renvoyé chez lui au Maroc, où il est difficile de sortir indemne des griffes de la police marocaine qui dispose, à Temmara (3 km de Rabat), d'un centre de détention où la torture y est pratiquée, selon Amnesty et Human Rights Watch. Or, au mois de septembre dernier, le tribunal antiterroriste de Salé, pourtant réputé pour les lourdes sentences qu'il prononce dans les affaires de terrorisme, avait innocenté dans un premier jugement Hassan Haski. Mais, début mars, il fait machine arrière. Il décide d'infirmer le jugement d'acquittement, prononcé en première instance, et de le condamner à 10 ans de prison ferme pour terrorisme. Hassan Haski, alias Abou Hamza-41 ans, était poursuivi pour «constitution de bande criminelle en vue de préparer et de commettre des actes terroristes visant à porter gravement atteinte à l'ordre public au moyen de la terreur et la violence». Pourtant, il avait été acquitté en septembre dernier, par la même juridiction qui statuait, en première instance, de tous les chefs d'inculpation retenus contre lui. Hassan Haski, qui avait été extradé le 23 septembre dernier par l'Espagne pour son implication présumée dans les attentats du 16 mai 2003 à Casablanca, avait été condamné par la justice espagnole à 14 ans de prison pour son implication dans les attentats du 11 mars 2004 à Madrid. Avant son procès, Haski était considéré par les autorités espagnoles comme «l'un des chefs les plus en vue du Groupe islamique marocain combattant (GIMC)», en signalant qu'une nouvelle cellule relevant de ce groupe était en phase de reconstitution en Europe, sous la direction du prévenu, au moment de son arrestation en 2004. L'Audience nationale, la plus haute instance pénale en Espagne, avait décidé, en septembre dernier, l'extradition «temporaire» de Hassan Haski au Maroc, pour son implication présumée dans les attentats de Casablanca en mai 2003. Un geste de bonne volonté des autorités espagnoles envers les Marocains qui les renseignaient, à leur tour, sur tous les réseaux islamistes marocains activant sur le sol espagnol. La décision d'extradition de Hassan Haski a été prise alors pour une durée de six mois, renouvelable le cas échéant. Début avril, le couperet tombe, et la justice espagnole a, apparemment, révisé sa position sur cet homme et demandé qu'il lui soit restitué. Pour quels motifs ? Entre-temps, il aura écopé de 10 ans de prison ferme dans son pays, et, plus les 14 ans dont il a été condamné par la justice espagnole, cela lui fera 28 ans de prison en tout. En Espagne, où il a été transféré la semaine dernière, il sera très probablement confronté à d'autres personnes qui seraient liées aux attentats de Madrid de mars 2004, mais, surtout, pour éventuellement identifier des réseaux dormants de terroristes marocains en Espagne.