La directive du ministère de l'intérieur et des Collectivités locales exigeant des acquéreurs de véhicules neufs à soumettre leurs voitures à un contrôle chez les ingénieurs des mines pour l'obtention d'un «certificat de conformité» sera, semble-t-il, annulée au cours des prochains jours. C'est du moins ce qui ressort d'une réunion qui a eu lieu hier au ministère de l'Energie et des Mines et qui a regroupé les représentants du ministère de l'Intérieur, le ministère du Commerce, le ministère des Transports et le ministère de l'Energie et des Mines. Cette décision, qui devrait être entérinée durant une autre réunion qui aura lieu demain lundi et qui regroupera les mêmes responsables, est motivée par le fait de «l'inapplicabilité» d'une telle mesure mais aussi à cause du «tracas» supplémentaire dont fait les frais le citoyen acquéreur d'un véhicule neuf qui se retrouve tout simplement coincé. Joint hier au téléphone, un ingénieur des mines nous a assuré qu'il était impossible de procéder à un tel contrôle puisqu'il n'existe, poursuit-il, aucun laboratoire qui puisse répondre techniquement à cette tâche. Il soulignera que pour déceler une quelconque «anomalie» dans un véhicule, il faudrait d'abord disposer d'un schéma du prototype d'origine, ce qui n'est pas le cas, poursuit-il, en rappelant que des contrôles sont déjà effectués par le constructeur de la voiture et par le concessionnaire. Il faut noter que même le ministère des Transports a été «surpris» par la directive en question qui a été notifiée il y a une dizaine de jours à tous les walis et qui ne précise nullement qu'est-ce qui doit être vérifié et quelles sont les pièces qui doivent être examinées dans le véhicule soumis à un contrôle. Intervenant hier sur les ondes de la radio chaîne III, le sous- directeur chargé de la circulation routière au niveau du ministère des Transports, M. Tahar Messaoud Nacer, n'a pas caché son «incompréhension» devant une telle mesure en soulignant clairement que ce sont les acquéreurs qui sont pénalisés. Toutefois il fera savoir «qu'on va aller vers une autre solution sans impliquer le citoyen» dans ce qui semble être un «imbroglio» qui a suscité de la colère au sein des acquéreurs des véhicules neufs qui ne se sont pas encore remis de la taxe imposée par le ministère des Finances avant la mise en circulation d'une nouvelle voiture. Il faut savoir que la décision du ministère de l'Intérieur a été prise dans un souci de détecter les malfaçons dans certains véhicules et dont se sont plaints nombre de citoyens. Avec l'explosion du marché de l'automobile, l'Algérie exige de plus en plus des concessionnaires, des véhicules de même type que ceux commercialisés dans les pays où ils sont fabriqués. Si l'idée est tout à fait légitime, sachant que le marché des véhicules neufs représente des milliards de dollars en Algérie, il n'en demeure pas moins que la directive du ministère de l'Intérieur et des Collectivités locales est jugée «hâtive et irréfléchie» par les observateurs. Tout comme il faut préciser qu'il n'existe à travers toute l'Algérie que 250 ingénieurs des mines. «Le véhicule neuf ne peut pas être soumis à une double réception et encore moins à la charge de l'acquéreur», nous a déclaré hier un responsable concerné par le sujet en soulignant qu'il existe mille autres façons pour vérifier et avoir un oeil sur la traçabilité du véhicule sans impliquer le citoyen dans des procédures qui doivent intervenir en amont.