Le temps que Bouteflika met à former le premier exécutif gouvernemental post 9 avril intrigue le landerneau politico-médiatique et le fait conjoncturer sur les causes à l'origine de cette lenteur présidentielle. En revanche, pour beaucoup de citoyens lambda, celle-ci plaide pour l'hypothèse que le Président réélu ayant opté pour un large changement dans la composante humaine de l'équipe ministérielle en place avant le 9 avril, il est normal qu'il se donne le temps du choix et de la désignation. Ce que nos sources faisant partie du sérail confirment en faisant valoir qu'avant même la campagne électorale, Bouteflika aurait chargé ses proches les plus intimes de lui fournir une liste la plus ouverte possible de personnalités de tous les milieux socio-professionnels susceptibles d'être ministrables. C'est d'ailleurs dans cette perspective qu'il a, selon ces mêmes sources, axé sa campagne électorale sur des rencontres en cercle restreint avec des auditoires censés être représentatifs de la société civile ou de leurs corporations professionnelles. Si l'objectif de Bouteflika est d'injecter du sang nouveau dans le corps de l'élite dirigeante du pays, il est en adéquation avec l'une des attentes que formule la majorité de l'opinion publique. Peu de ministres en place, en effet, bénéficient du préjugé favorable auprès de celle-ci d'être à la hauteur des tâches qui leur ont été confiées. Il y aurait inévitablement incompréhension par cette opinion que ces ministres soient reconduits, même si cela est conforme au principe de continuité que Bouteflika a fait prévaloir dans sa campagne électorale. Il y a en tout cas que le Président réélu a imposé le black-out absolu autour des tractations qu'il mène pour la formation du nouveau gouvernement. Les quelques supposées «révélations» dont certains journaux font leur menu ne sont en fait que des «ballons-sondes» lancés par des cercles dans l'ignorance de ce qui se mijote à El-Mouradia, mais soucieux de se rappeler au souvenir du locataire du palais présidentiel. D'où la récurrence des noms avancés qui est le signe que dans ces milieux, l'on veut rappeler à Bouteflika que le changement pour eux n'est pas synonyme de renouvellement au sens où l'entend l'opinion populaire. Avec Bouteflika, tout est possible, tant il est imprévisible dans sa démarche et ses options. Ce qu'il décidera cette fois pourtant sera déterminant aux yeux des citoyens, pour qui un gouvernement juste remanié sera incontestablement vécu comme de mauvais augure pour son troisième mandat qui démarre. Comment en effet y verront-ils un changement vers du positif avec pour acteur un staff gouvernemental où se retrouverait la même équipe de ministres à peine délestée de quelques-uns d'entre eux ?