Après Habib Benglia, cet Oranais indigène qui, par son talent, a fait partie, en 1920, du célèbre Opéra de Paris, c'est au tour de Abou Lagraa de s'illustrer dans le paysage artistique de l'Hexagone, connu pour être l'un des plus exigeants au monde. Qui est Abou Lagraa ? Un Franco-algérien dont les parents, d'origine oranaise, se sont expatriés en France il y a de cela 60 ans. Exploitant à fond sa vocation de danseur, il créa en 1999 sa compagnie de danse « La Baraka », basée à Lyon et dont il est le directeur artistique. En cette durée relativement courte dans la carrière d'un artiste, sa notoriété d'excellence de la danse a vite dépassé les frontières françaises pour être reconnue en tant que telle dans toute l'Europe, aux USA et en Tunisie au point où, des partenaires financiers et artistiques tels que la Fondation BNP Paribas, la « New England Foundation of the Arts » des Etats-Unis ou encore le non moins célèbre Théâtre national de Chaillot de Paris, entre autres, lui feront confiance et n'hésiteront pas à l'accompagner. La compagnie est aujourd'hui conventionnée avec le ministère français de la Culture et subventionnée par le département de l'Ardèche. Au palmarès de cette jeune troupe, composée de 15 danseurs à la fois classiques, contemporains et hip-hop, une centaine de représentations à travers l'Europe d'une dizaine de pièces, dont « allegoria Stanza ». Cette production exprime l'engagement de l'artiste en tant que porteur des valeurs culturelles française et maghrébine. Le succès obtenu par cette pièce lui permettra de franchir l'opéra de Paris, dont le Ballet national lui commanda en 2006 une pièce. Actuellement, la compagnie veut se mettre à l'heure du projet de l'Union pour la Méditerranée et veut être à l'avant-garde pour mettre en oeuvre un pont culturel méditerranéen France-Algérie avec, comme finalité, la promotion et le développement de la culture chorégraphique nationale qui, par sa diversité, peut dépasser les sentiers battus. Le projet part du postulat suivant : « c'est avec le dialogue des communautés émigrées et leur pays d'origine qu'une réinstallation d'une dimension humaine est possible. Pour notre homme, c'est un challenge qui lui permettra de se rapprocher de ses racines à travers son métier et sa passion de la danse qu'il considère comme une expression à travers ses propres créations, dont l'univers reste facilement accessible et dont l'inspiration est naturelle. Pour la concrétisation de ce projet, une première rencontre avec la ministre de la Culture permet de mettre d'ores et déjà les premiers jalons de ce pont culturel. Ceci étant, la compagnie El-Baraka est retenue pour développer l'art de la danse contemporaine en Algérie. Parallèlement, ce lien permettra à la compagnie de se faire connaître dans tous les pays du Maghreb. Abou Lagraa, croyant dur comme fer à son projet, caresse un seul rêve : voir un jour s'élever au rang mondial la danse contemporaine nationale pour montrer le nouveau visage de la richesse culturelle de son pays d'origine. Pour ce, notre artiste compte s'y prendre par la mise en place d'un programme s'articulant autour de trois pôles. Le premier consistera à la création, la formation et la transmission notamment sur la base du répertoire de la Baraka. Ensuite, il est question de mettre sur pied un pôle technique dans l'apprentissage des métiers de la technique et la production du spectacle. Enfin, le troisième pôle se chargera de la sensibilisation. Dans les faits, la compagnie la Baraka est déjà à pied d'œuvre depuis janvier dernier avec une série de rencontres de tous ceux qui peuvent apporter leur concours. En juillet prochain, il est prévu une audition nationale pour la sélection de 20 danseurs qui seront intégrés à la troupe alors que pour le début 2010, la compagnie ambitionne de lancer un programme de formation qui sera confié aux danseurs algériens appelés à répercuter leur savoir à de jeunes danseurs. A ce projet d'envergure, en plus du ministère de la Culture, d'autres institutions ont donné leur aval et à titre illustratif, le centre culturel algérien à Paris par l'intermédiaire de son directeur, l'écrivain Yasmina Khadra, ou encore l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC).