Photo : Mahdi I. Des jeunes d'horizons divers ont constitué le ballet contemporain sous la houlette du chorégraphe Sofiane Abou Lagraa. Cette semaine, et sur trois jours, la première du spectacle de danse contemporaine samedi dernier sur la scène du TNA, a été suivie par deux représentations au cours de deux soirées consécutives, la dernière ayant eu lieu hier. Ce spectacle, constitué de deux pièces chorégraphiques, est le fruit d'un travail de création ayant débuté en janvier, il y a huit mois. Ce travail de création et aussi de formation est mené par deux personnalités artistiques du monde de la danse, Sofiane et Nawal Abou Lagraa. Tous deux sont à la tête de la compagnie chorégraphique Baraka de Lyon. Sofiane Abou Lagraa s'est déjà distingué par un remarquable tableau de danse contemporaine dans sa participation à la journée de clôture à l'Atlas de la deuxième édition du Panafricain. Il a poursuivi cette action d'éclat en entreprenant une période de formation, voulant ainsi partager les secrets de son art avec nos jeunes passionnés par la danse. Sur un casting de quatre cents candidats issus de diverses régions du pays, il en a retenu dix. C'est cette sélection de jeunes gens, après les huit mois d'un travail rigoureux de formation à la danse contemporaine, qui ont été les étoiles du spectacle chorégraphique du TNA. La plupart de ces jeunes évoluent dans le genre hip hop. Ils ont acquis dans cette danse actuelle une extraordinaire agilité, s'accompagnant de sensationnelles figures acrobatiques. Sofiane Abou Lagraa a su avec bonheur conserver ces hautes compétences artistiques en donnant, dans ses pièces créées, la faculté à ces jeunes de pouvoir montrer leur talent dans des passages individualisés. Cependant, cette maîtrise du hip hop semble l'emporter dans la nature de la danse contemporaine, donnant plus un spectacle de cette danse actuelle qu'une image authentique de la danse contemporaine, fille de la danse classique et universelle. La première pièce présentée est d'ailleurs bien empreinte de cette constatation. Les dix jeunes danseurs sur scène portent des vêtements quelconques, des signes distinctifs de la danse hip hop,une danse des faubourgs, cadrant mal ici avec la musique d'accompagnement qui est le boléro de Ravel, un classique de la musique universelle. La deuxième pièce, plus longue, d'une durée de quarante minutes a eu le mérite toutefois d'adapter à la danse contemporaine les éléments de notre patrimoine culturel. Sous un fond musical d'un chant des monts des Aurès interprété par la voix de Houria Aïchi, les dix danseurs, portant cette fois dans leur ensemble un costume de scène, ont élevé cette musique au rang de la danse universelle. Le public nombreux a chaleureusement applaudi ces deux pièces. En réalité, il n'était pas captivé par l'attrait et le fond que devaient contenir ces deux créations mais ses applaudissements ont été plutôt dirigés vers les prouesses individuelles des danseurs. Ces prouesses semblent véritablement être les seuls facteurs d'une réussite pleine et entière de cette entreprise de création de pièces originales de danse contemporaine. Leur contenu n'a pas réussi à susciter l'émotion attendue. La ministre de la Culture, présente à la première de ce spectacle chorégraphique a tenu à prodiguer ses encouragements, sur scène, à la fin du spectacle, aux danseurs et aux formateurs, lancés dans une première expérience de création d'un ballet de danse contemporaine. Elle a regretté cependant le manque de danseurs au féminin dans cette nouvelle troupe. Elle a justifié cette absence par la difficulté de trouver des jeunes filles pour l'exercice de cet art, aptes à répondre aux dures exigences, à la rigueur et à la discipline que demande la pratique de la danse contemporaine. «Nous trouvons, cependant, ces éléments féminins dans les danses traditionnelles du ballet national mais pas pour la danse contemporaine», a-t-elle affirmé. Quant à cette troupe de dix garçons une tournée en Europe, notamment en France, à Lyon, est prévue pour eux à partir de la fin de ce mois dans le cadre du projet du pont culturel méditerranéen.