Après 15 jours d'activités non-stop, de spectacles, de découvertes et d'explorations des mystères de l'Afrique, la cérémonie de clôture officielle du 2e Festival culturel panafricain a eu lieu avant-hier soir à la mythique salle Atlas de Bab El-Oued, qui a abrité un spectacle intitulé “Mama Africa”. Le défi d'organiser un Festival culturel panafricain pour la 2e fois en Algérie a été relevé malgré quelques incohérences, moments difficiles et problèmes de communication. Pour clore en apothéose cet évènement continental placé sous le signe de la “renaissance africaine”, un spectacle intitulé “Mama Africa” — en hommage à Myriam Makéba — a été chorégraphié par le danseur Sofiane Abou Legraa et orchestré par le compositeur algérien Farid Aouameur. “Mama Africa”, d'une durée d'une heure et demie, a commencé par la projection d'images des liesses populaires du Panaf de 1969. Des danseurs font leur apparition sur scène avec le chanteur Cheikh Tidiane Seck. Les 16 tableaux proposés par les 17 artistes ont traité l'histoire, l'exil et le combat de l'Afrique. Mais on ne peut rester que très sceptique quant aux thématiques développées, puisqu'il n'y avait aucune cohésion, encore moins de la cohérence entre les tableaux. Nous avons vu de la danse contemporaine, certes, mais le spectacle était tellement décousu qu'il est très difficile de cerner le propos du concepteur de spectacle. En revanche, la dernière partie du spectacle a été très explicite puisqu'il s'agissait d'un hommage à Myriam Makéba. Des images d'archives de la Mama Africa ont ponctué le spectacle, de même qu'un duo virtuel entre la figure emblématique de la lutte africaine et la jeune chanteuse (candidate de la 1re édition d'“Alhane wa chabab”), Meriem Lazali. Celle-ci a repris la mythique Ana hora fi el-Djazaïr — écrite par Mustapha Toumi — mais aussi Malaïka et Pata pata. Cet hommage à la Mama Africa est amplement mérité, mais en 1969, il y avait aussi Nina Simone et Archie Sheep. Le spectacle a également voulu montrer l'influence des Africains sur le monde de la musique, notamment le jazz et le blues, qui sont africains à la base. La diaspora africaine n'a donc pas été en reste : des danses, représentant le mouvement des Noirs dans le monde des arts, notamment dans la musique, ont été réalisées avec brio dans le spectacle. Notons également la présence de la chorale Ebène qui a apporté des nuances et des couleurs au spectacle. De plus, des instruments africains ancestraux et très populaires dans certains genres ont également fait partie du spectacle, notamment le Sosso-Bala (xylophone), très populaire en Guinée, l'instrument des griots, la kora, ou encore l'élément incontournable de la musique gnawie, le goumbri. Par ailleurs, la clôture a laissé le spectateur (et le téléspectateur également puisque la soirée a été retransmise en direct sur les trois chaînes de l'ENTV) sur sa faim, car il y avait un énorme problème de structure. Sofiane Abou Lagraa a présenté ses chorégraphies, que les danseurs ont réalisées avec rigueur et sérieux ; Farid Aouameur s'est chargé de la musique et c'était pas mal, n'était le manque de têtes d'affiche ; la scénographie était belle, mais c'est la conception du spectacle qui a cassé tout le travail accompli. L'agencement des tableaux et leurs rythmes n'ont pas du tout été contrôlés, ce qui a créé une certaine incompréhension. À l'ouverture, le 5 juillet dernier, le spectacle conçu et chorégraphié par Kamel Ouali a frôlé la perfection et l'a même contrôlé, mais elle nous a échappé pour cette clôture. Cela n'amoindrit et ne minimise en rien le travail du chorégraphe, des danseurs et de tous ceux qui ont travaillé sur ce spectacle… pas très convaincant ! Le Festival culturel panafricain a dans l'ensemble tenu ses promesses, mais il ne faut certes pas s'arrêter là. Le souhait de tous a été de ne pas avoir à attendre 40 ans encore pour nous réconcilier avec une part de nous-mêmes. C'est peut-être le début d'une grande aventure avec l'Afrique. Sara Kharfi