Après un mouvement de contestation de deux mois entamé par les deux syndicats autonomes des hospitalo-universitaires, à savoir le syndicat national des professeurs et docents des sciences médicales (SNPDSM) et celui des maîtres assistants des sciences médicales (SNMASM), pour exiger le versement immédiat de la «rétribution hospitalière», les blouses blanches semblent avoir eu gain de cause. «Le gouvernement s'est engagé à signer le décret portant octroi d'une rétribution hospitalière spécifique aux hospitalo-universitaires le 30 mai prochain», se félicitent les syndicalistes. Hier, les AG des hospitalo-universitaires ont décidé à l'unanimité de geler le mouvement de contestation dans un «geste de bonne volonté». La décision de geler le mouvement a été également prise, selon les syndicalistes, pour «préserver l'intérêt des étudiants menacés par le spectre de l'année blanche». Ce gel de la contestation reste cependant fragile. Les syndicalistes menacent de reconduire le boycott des examens et la grève des soins au cas où le décret n'est pas signé avant le 31 mai prochain. «Nous restons prêts à toute éventualité», avertit le Dr Djijik du syndicat national des maîtres assistants des sciences médicales (SNMASM). Les blouses blanches ont pu arracher, après des rounds de négociations «serrées», cette rétribution hospitalière calculée sur la base de 55% du salaire de base avec indemnité de l'expérience professionnelle (IEP) incluse. «Nous ne sommes pas loin de notre revendication initiale, puisque le taux réel de cette rétribution sera entre 65 et 70% du salaire de base. Cette rétribution sera calculée en fonction du salaire de base, des échelons et des grades. Nous aurons ainsi un gain net en moyenne entre 10.000 et 26.000 dinars», explique le Pr Ouslim du syndicat national des professeurs et docents des sciences médicales (SNPDSM). Les deux syndicats autonomes revendiquaient auparavant une prime ou rétribution hospitalière calculée sur la base de 75% du salaire de base, mais le gouvernement avait refusé dans un premier temps tout en proposant une indemnité calculée sur la base de 50% du salaire de base. La détermination des deux syndicats des hospitalo-universitaires, qui avaient su, contrairement à d'autres syndicats autonomes de la fonction publique, garder leurs rangs serrés, ainsi que la montée en puissance de la contestation parmi les étudiants de médecine auront finalement réussi à faire fléchir le gouvernement. Il faut préciser que cette rétribution hospitalière avait été en réalité décidée en commun accord entre les deux syndicats autonomes et les deux ministères de la Santé et celui de l'Enseignement supérieur. Le dossier de cette rétribution hospitalière est resté toutefois «gelé» par les services du Premier ministre, ce qui a provoqué le courroux des blouses blanches. Le gouvernement avait en fait essayé de mener des négociations pour transformer cette rétribution en une simple indemnité mais l'idée avait été catégoriquement rejetée par les deux syndicats autonomes. Il est à noter que les hospitalo-universitaires revendiquent également une hausse de 300% des salaires pour faire face à la chute de leur pouvoir d'achat, un point indiciaire calculé sur la base de 150 dinars et une révision à la hausse des indemnisations et primes. En clair, les hospitalo-universitaires veulent un alignement de leurs salaires sur ceux pratiqués actuellement dans les pays voisins notamment la Tunisie et le Maroc. Selon un syndicaliste, un hospitalo-universitaire tunisien touche en moyenne un salaire mensuel de 3.800 euros. Cette «trêve» annoncée par les deux syndicats autonomes pourrait être de courte durée. Le report de la promulgation du régime indemnitaire pourrait pousser les blouses blanches à renouer avec la contestation dès la prochaine rentrée universitaire. Pour le moment, des syndicalistes ont exclu une adhésion des hospitalo-universitaires à l'appel de grève nationale de 15 jours dans les campus lancé cette semaine par le CNES.