Depuis des années, que ce soit dans les petites ou grandes villes, les piétons ont été éjectés de cet espace public qui leur est réservé et qu'on nomme le «trottoir». Ejectés par les commerçants qui, profitant du laxisme des autorités locales, de la non implication d'autres services, se sont accaparés de cet espace, obligeant les passants à se disputer la chaussée aux automobilistes. Une situation qui n'est pas sans danger pour les uns et pour les autres, quand ce n'est pas pour tous. Pour ce faire, chaque commerçant avide de gains donc d'espace de «commercialité» se contente de planter des piquets (tubes métalliques) et de couvrir son «territoire avec des tôles multicolores qui donnent, en plus, un aspect des plus hideux à nos rues, à notre environnement, à nos cités. Pire encore, si jamais par mégarde, un passant fait tomber un vêtement accroché et suspendu à un cintre, il ne manquera pas d'essayer les remontrances du commerçant voire dans certains cas même des insultes. C'est pour mettre un frein à la «bidonvilisation» de nos cités que décision a été prise conjointement par les autorités de la wilaya avec les APC pour éradiquer ces espèces devenues extension du local commercial, extension d'ailleurs qui n'a jamais coûté un centime au commerçant, le trottoir relevant de cette notion de propriété du «beylek» donc «bon à s'accaparer», ou n'appartenant à personne. La première opération contre ces dépassements a commencé l'année dernière, d'abord à El-Attaf puis, ce fut le tour du chef-lieu, Aïn Defla. A Khémis-Miliana, selon M. Ahmed Chérief, le responsable des travaux au niveau de l'APC, l'opération a été décidée en conseil communal l'été dernier. Elle a été entamée puis gelée à cause du calendrier des activités prioritaires. Elle vient de reprendre sous la conduite de Mr. A. Chérief, une équipe a été mise en place et procède au démantèlement de ces «paravents» sous l'œil vigilant des services de police. «Les propriétaires» de ces lieux, avisés officiellement depuis un temps raisonnable, doivent s'exécuter ou laisser faire l'équipe communale mais sans autre délai», nous dit Mr Chérief ajoutant : «Aucun ne sera épargné... même s'il est lui-même membre élu de l'APC». Pour les habitants c'est le contentement quasi unanime «Enfin ! Il était temps !», a-t-on souvent entendu dire. Pour les commerçants concernés, la réaction même si ce n'est pas de gaîté de cœur à se plier et «subir» ce démantèlement qui remet en cause «leur espace» on accepte à condition qu'aucune exception ne soit faite et que tous se plient à ce règlement... pas d'injustice, en toute équité... pas de «béni amiss», pas de «protégés», nous ont dit nombre d'entre eux que nous avons questionnés. Par ailleurs, si la ville de Khémis-Miliana prend de l'ampleur, si 2 trémies sont en cours de réalisation pour accroître la fluidité de la circulation, si le centre universitaire est en perpétuel extension, si de nombreuses voies sont dédoublées, si la couverture de l'Oued Souffay sur quelque 700 mètres va bientôt être entreprise, il n'en demeure pas moins que la grande plaie toujours ouverte reste le marché informel qui ronge chaque jour la ville, et pour qui, une solution pour son déplacement et sa réorganisation doit être trouvée.