La création de trois millions d'emplois en cinq ans a été, l'on s'en souvient, la promesse choc faite par le Président candidat qui briguait un troisième mandat. Parviendra-t-il à concrétiser cet engagement que ses détracteurs ont qualifié de gadget électoral et d'utopie surréaliste, compte tenu des performances très limitées réalisées sur le plan économique malgré l'injection par l'Etat d'un colossal financement pour le soutien à la relance et à la croissance ? L'objectif a été en tout cas fixé à l'exécutif gouvernemental, dont le programme d'action s'articule sur la préoccupation de l'atteindre. La lutte contre le chômage, c'est le front sur lequel se jugeront au final ses années de gouvernance. Il n'a pas attendu son troisième mandat pour en faire une priorité de l'action de l'Etat. Les grands chantiers lancés durant ses deux premiers mandats, les paquets d'aide qui ont été consentis sous des formes multiples à la création d'emplois, ont permis une réduction notable du taux de chômage dans le pays. Sans pour autant que leurs résultats, de l'avis des experts, aient eu l'impact escompté. Le Président sait donc que ce n'est pas par ces seules recettes que se réalisera sa promesse de création de trois millions d'emplois dans les cinq ans. Il ne sera par exemple aucunement à portée si le taux de croissance annuel moyen dans le pays ne s'installe pas durablement à hauteur de 6% au moins. Performance que l'économie nationale peine à concrétiser, faute d'une stratégie ayant eu pour option fondamentale l'émergence d'une économie productive et diversifiée, source de création massive d'emplois. Et qu'elle ne pourra nullement atteindre à court terme si l'on se fie aux projections arrêtées par les institutions internationales «compétentes», qui prévoient pour l'Algérie un taux de croissance durant cette période d'à peine 3%. Les autorités algériennes nous semblent déterminées à faire mentir ces prévisions pessimistes en partant du principe que le pays a le potentiel pour relever le défi. C'est en tout cas ce qu'il faut décrypter des récentes mesures qu'elles ont édictées, qui présagent une rupture en cours avec les stratégies précédentes qui ont cadré la politique économique nationale. Au-delà de remettre de l'ordre dans l'économie, les ajustements visés par ces mesures sont : primo, d'effacer les effets pervers générés par une ouverture économique qui, parce qu'ultralibérale, a fait de l'Algérie une destination uniquement commerciale ; deuxièmement: d'obliger l'opérateur économique national ou étranger à s'impliquer dans la mise en place d'une économie de production à forte valeur ajoutée, dont celle de la création d'emplois. Ces mesures ne constituent pas un changement de cap quant à la volonté d'ouverture de l'économie exprimée depuis plus de dix ans, ainsi que dénoncées par leurs détracteurs. Elles sont la conséquence du constat que l'Algérie a été perdante en croyant «naïvement» qu'en ouvrant sans garde-fous son économie, elle obtiendrait en retour la participation d'investissements à son développement économique. A considérer les orientations de ces mesures, leurs principaux bénéficiaires en seront à terme les entrepreneurs algériens qui sauront abandonner l'économie de pure spéculation commerciale pour se lancer, en complémentarité avec l'Etat, dans l'édification d'une économie nationale de production.