Scepticisme n Les observateurs jugent les engagements pris par le président qui brigue un cinquième mandat mercredi prochain, irréalistes, même si, lui, se présente comme l'homme du changement. «Après 65 ans au service de la patrie, je m'engage à diriger le pays avec force et volonté, si j'obtiens votre confiance le jour du vote.» Pour la première fois, Moubarak s'est adressé aux Egyptiens pour les convaincre de le choisir parmi d'autres candidats à la présidentielle. Le chef de l'Etat, 77 ans dont 24 passés à la tête du pays, est le deuxième sur la liste des leaders arabes les plus anciens au pouvoir, après le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi. Tout au long de sa campagne à l'occidentale, Moubarak, à l'allure plus décontractée, s'est présenté comme l'homme du changement, multipliant les promesses de réformes économiques attendues depuis longtemps. «J'affirme devant vous que la création de nouvelles opportunités d'emplois a été et reste le défi le plus sérieux et le plus important auquel j'ai fait face, à vos côtés, au cours de ces dernières années», a lancé le président à des partisans. Pour lui, il ne fait pas de doute, les Egyptiens sauront choisir entre «des slogans creux et mon programme électoral sérieux». Pourtant, depuis son arrivée au pouvoir, les appareils de l'Etat se sont empêtrés encore plus dans une lourde machine bureaucratique, selon les observateurs et l'écart entre riches et pauvres s'est creusé de façon spectaculaire. Visé par six tentatives d'attentats, il a développé une obsession de la sécurité et de la stabilité. Il n'a ainsi jamais accepté de lever l'état d'urgence, en place depuis 1981. Bien qu'il ait encouragé la privatisation, le président a montré une grande prudence à engager des réformes économiques en profondeur, laissant l'inflation monter à 4,7 %, selon les chiffres officiels, alors que le Fonds monétaire international (FMI) la place à 8,5 %. La paupérisation d'une population de 72 millions d'habitants et le mécontentement des Egyptiens sont un terreau idéal pour les extrémistes. Ainsi, pour tenter d'enrayer ce cercle vicieux, le président a lancé des promesses économiques mirifiques : création de 4 millions d?emplois, augmentation des salaires de milliers d'employés jusqu'à 100 %, construction de 500 000 logements sociaux pour les familles à faible revenu. Un projet qualifié par les experts «d'irréaliste». S'il est réélu, Moubarak devra non seulement tenir ses promesses, mais compter aussi avec l'opposition qui a repris du poil de la bête récemment, sous l'impulsion des pressions occidentales.