A chaque fois qu'un espoir de dialogue entre l'Iran et l'Occident se manifeste, Israël revient à la rescousse pour le briser. Où se situe la menace contre la paix au Proche et Moyen-Orient ? A Téhéran ou Tel-Aviv ? «Il faut, certainement, prendre au sérieux la menace israélienne -sous-entendre militaire - contre l'Iran», a déclaré hier, au cours d'un entretien, le ministre des Affaires étrangères français, Bernard Kouchner. Au même moment, à l'issue de ses entretiens avec son homologue britannique à Londres, la Secrétaire d'Etat américaine aux AE, Hillary Clinton, annonçait que «le monde n'attendra pas indéfiniment des actes concrets de son engagement à coopérer avec l'AIEA sur son dossier du nucléaire». Ces deux déclarations de deux membres du Conseil de sécurité sont faites après que l'Iran s'est engagé à coopérer, lors de sa dernière réunion du 1er octobre à Genève avec le Comité des 5+1. Il y a lieu de s'interroger sur la signification de tels propos, alors que Téhéran s'est dit prêt à recevoir dès le 25 octobre prochain une nouvelle mission des contrôleurs de l'AIEA, et qu'une autre rencontre, sur le sujet, est prévue entre l'Iran, les USA, la Russie et la France le 19 octobre à Vienne. Faut croire qu'au retour à la raison et à la négociation de l'Iran réponde une escalade «provocatrice» du gouvernement israélien qui est «à prendre au sérieux», selon le ministre français des AE. Ainsi, on découvre qu'Israël passe du statut de menacé à celui de menaçant. On découvre, par ailleurs, que Téhéran est disposé à remettre (contre paiement) une grande partie de son uranium (1,5 kilogramme) enrichi à hauteur de 5 % à la France, la Russie ou les USA, pour qu'il soit enrichi à 19,75 % et utilisé dans sa centrale nucléaire de Téhéran. Il faut rappeler que pour les besoins d'une bombe thermonucléaire, l'uranium doit être porté à 99 % de taux d'enrichissement. On est loin des 5 % dont dispose l'Iran. La question est de savoir pourquoi Israël s'empresse de mettre sa menace à exécution ? Que doit-on craindre, la menace iranienne avec une bombe qu'il ne possède pas ou celle d'Israël qui en possède ? Et lorsque le ministre israélien des AE, David Liebermann, appelle, voilà une semaine, son pays à se «libérer» du soutien américain, cela traduit bien son «rejet» de tout projet de paix dans la région que Barack OBAMA tente de mettre en place. C'est la réponse d'Israël au lauréat du Nobel de paix 2009. Ce sera aussi son chantier prioritaire par excellence. Reste au pouvoir iranien de ne pas faciliter la tâche au dessein sioniste en faillant à ses engagements pris le 1er octobre à Genève : laisser les commissaires de l'AIEA faire leur inspection en toute liberté. Sans doute est-ce aussi le sens qu'il faut donner aux propos d'Hillary Clinton tenus hier à Londres. C'est la seule stratégie pour ramener la crise du Moyen-Orient à son «centre de gravité», c'est-à-dire la liberté et un Etat pour les Palestiniens. Car, il est évident que l'Etat sioniste fait tout pour focaliser la crise sur la «menace nucléaire» iranienne au détriment de son occupation et sa politique de la terre brûlée en Palestine. Le président Ahmadinejad, qui fait de la question palestinienne son credo, ne peut lui rendre un plus grand service qu'en coopérant dans la transparence et la bonne volonté avec la communauté internationale sur son programme nucléaire. A contrario, tant que la tension politique est de mise entre Téhéran et l'Occident, Israël fait reculer l'espoir d'une paix en Palestine.