Les quinze membres du Conseil de sécurité des Nations unies ont adopté à l'unanimité, lundi, une déclaration appelant à redoubler d'efforts en faveur de la création d'un Etat palestinien. Le texte souligne la nécessité d'une “action diplomatique vigoureuse” pour un accord global au Moyen-Orient et une solution à deux Etats au conflit israélo-palestinien. Le Conseil de sécurité de l'ONU vient ainsi appuyer le Quartette pour la paix au Proche-Orient dans sa quête de faire aboutir la Feuille de route, à l'image de l'Administration Obama et de l'Union européenne, qui ne cessent de presser Tel-Aviv de reprendre les négociations sur la base de l'édification d'un Etat palestinien indépendant, coexistant pacifiquement avec celui d'Israël. Depuis l'investiture du gouvernement de Netanyahu, le plus à droite de l'histoire de l'Etat hébreu, Israël fait la sourde oreille. En témoignent la tournée européenne du ministre des Affaires étrangères et les déclarations récentes du Premier ministre et du président Shimon Peres devant une conférence organisée à Washington par le lobby pro-israélien. Tous les responsables israéliens, dans une offensive diplomatique synchronisée, font une fixation sur “la menace nucléaire iranienne” et relèguent au second plan le sort réservé au peuple palestinien. Lundi, en visite officielle en Egypte, Netanyahu a encore une fois confirmé cette attitude. Il n'a pas dérogé à ce qui semble être la ligne de conduite de tous les dirigeants israéliens, en sollicitant le soutien du Caire pour neutraliser la menace de Téhéran. Profitant de ce que l'Occident suspecte les Iraniens d'activités nucléaires “illicites” et de ce que les pays arabes s'inquiètent de l'influence croissante de l'Iran au Moyen-Orient, Netanyahu espère sinon une coalition avec certains d'entre eux pour contrer Téhéran, du moins leur complaisance en cas d'une initiative israélienne. Le président égyptien s'est bien gardé de lui répondre publiquement. Par contre, il a plaidé en faveur de la relance des efforts de paix israélo-palestiniens, initiés sous l'égide des Etats-Unis à Annapolis en 2007, et censés aboutir à un Etat palestinien. La nouvelle stratégie diplomatique d'Israël se précise chaque jour davantage. Quand le monde lui parle d'un Etat palestinien indépendant, il répond en pointant du doigt la menace iranienne. Les dirigeants israéliens savent mieux que quiconque que la paix dans la région passe par la satisfaction du droit des Palestiniens à un Etat souverain. Ils savent également qu'un jour ou l'autre, ils seront contraints d'accéder à cette demande. Dès lors, on peut légitimement se demander si le plan israélien ne consisterait pas à troquer l'Etat palestinien contre la destruction du potentiel nucléaire iranien. L'éventualité de frappes aériennes contre les infrastructures nucléaires iraniennes n'est pas à écarter. Des manœuvres ont été signalées au cours desquelles des avions de guerre israéliens seraient arrivés à plusieurs reprises jusqu'à Gibraltar. Des sources au fait des choses militaires ont indiqué qu'il pourrait s'agir d'exercices d'entraînement pour l'alimentation en carburant des avions en vol, ce qui induirait l'existence d'un projet de bombardement en territoires lointains, c'est-à-dire en Iran. Si un tel projet venait à être exécuté et ses objectifs atteints, Israël pourrait alors accéder à la demande internationale de création d'un Etat palestinien, pour éviter d'être mis au ban des nations. De toute évidence le prochain sommet qui réunira Benyamin Netanyahu et Barack Obama, le 18 mai à Washington, sera décisif pour la suite des évènements. Il permettra tout au moins de percer un peu plus les véritables intentions des dirigeants israéliens et de mesurer jusqu'à quel point le président américain est décidé à imposer ses volontés.