L'Iran et son dossier nucléaire font de nouveau la une de l'actualité internationale. D'abord parce que le sujet a été abordé lors du premier débat électoral de jeudi dernier entre George W. Bush et John Kerry, et ensuite à l'occasion de la déclaration faite par des personnalités chiites lors de la grande prière du vendredi à Téhéran, réagissant ainsi après la menace de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) de saisir le Conseil de sécurité des Nations unies dans le cas où l'Iran ne renoncerait pas d'ici au 25 novembre à son programme d'enrichissement d'uranium, ce qui lui ouvrirait la voie à la fabrication d'armes nucléaires... Du coup, les conservateurs iraniens, majoritaires au niveau du Parlement, ont annoncé qu'un projet de loi serait en préparation concernant la relance des activités d'enrichissement d'uranium, ravivant ainsi la polémique née avant l'été dernier autour du programme nucléaire iranien. Une polémique dans laquelle l'AIEA était l'instrument d'une véritable campagne diplomatique contre Téhéran déclenchée par les Américains, attisée par les arguments israéliens. Tel Aviv s'étant efforcé de présenter l'Iran sous des apparences hostiles et foncièrement anti-israéliennes et qui travaillerait à la destruction de l'Etat hébreu en développant un arsenal offensif constitué de fusées et d'ogives nucléaires qui rendraient les principales villes et localités israéliennes à la portée des missiles iraniens. Les Etats-Unis avaient alors fait pression sur l'Egyptien El Baradei en quête d'un mandat supplémentaire à la tête de l'AIEA pour l'amener à essayer d'acculer Téhéran à désarmer dans le cadre d'un fameux plan de dénucléarisation du Proche-Orient, alors que la puissance atomique de la région, à savoir Israël, n'était pas du tout inquiétée ni par El Baradei ni par les autres. Bien au contraire, la veille de son passage en Israël où la très informée revue britannique Jane's Review estime qu'il existerait environ près de 400 têtes nucléaires, Ariel Sharon, le Premier ministre israélien, affirmait qu'il ne comprenait pas pourquoi le directeur de l'AIEA voulait faire escale à Tel Aviv et que, de toutes les manières, il n'obtiendrait rien de sa part. Israël ne renoncera pas à son arsenal nucléaire, avait-il dit en substance. Ces propos étaient passés inaperçus auprès de l'Egyptien El Baradei, beaucoup plus soucieux d'obtenir la capitulation de Téhéran et un autre mandat à la tête de l'organisation qu'il dirige depuis le départ du Suédois Hans Blix en 1997. A Miami, au cours du face-à-face entre le Président américain sortant et le candidat démocrate à l'élection présidentielle de novembre prochain, il a été également question de l'attitude de Téhéran à propos du développement de la recherche nucléaire militaire en Iran. Un débat qui tient à cœur l'Amérique puisque, après l'Irak de Saddam, c'est l'armement nucléaire de certains pays Iran, Corée du Nord entre autres qui mobilise encore l'attention de l'Administration américaine. Le Président sortant tout comme son rival démocrate sont tombés d'accord lors du débat de Miami sur les dangers que représenteraient les armements nucléaires de ces pays pour les Etats-Unis et leurs alliés. Au point que George Bush n'a pas hésité à déclarer que son Administration travaillait en coordination avec les Européens France, Grande-Bretagne et Allemagne pour amener Téhéran à renoncer à son programme nucléaire. John Kerry, pour sa part, ne manquera pas de lui rappeler qu'il s'agit-là beaucoup plus d'une initiative européenne et que les Etats-Unis n'étaient pas impliqués dans cette démarche. Pour le candidat démocrate, il faut tout de suite ouvrir des discussions avec ce pays pour l'amener à stopper toute initiative dans ce domaine. Israël et sa puissance de frappe nucléaire et les risques que cela représente pour la paix et la stabilité dans le Moyen-Orient n'ont pas du tout été évoqués par aucun des débatteurs de Miami. Encore une fois, n'assistons-nous pas à une politique reposant sur le principe deux poids, deux mesures, qui semble être une constante de la politique extérieure des Etats-Unis au Proche-Orient, et ce , au profit exclusif d'Israël.