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Vers le chemin de la tolérance
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 30 - 11 - 2009

Tous ceux qui défendent les valeurs de l'Islam sont frappés par le contraste qui existe entre la richesse de la culture musulmane et la pauvreté de la perception qu'en ont un grand nombre d'Occidentaux, puisque ces derniers ont, cependant, des raisons de se méfier des musulmans car, soumis à un matraquage médiatique quotidien, ils finissent par perdre raison et ne plus rien comprendre.
A l'instar d'Alex Wiens, qui a poignardé à mort une musulmane voilée dans un tribunal en Allemagne, car sa haine à l'Islam, il l'a nourrie des émissions des chaines de télévision, selon ses dires, ce qui démontre combien de gens doutent du bien-fondé de la religion musulmane, par faute de clichés préétablis qu'ils ont à leur disposition, au point d'enraciner dans leur esprit des idée fausses sur la religion d'un milliard et demi d'êtres humains sur terre. Alors que les hommes sont faits en communautés et en peuples pour se connaître et s'entendre, non seulement avec les outils de l'ouïe seulement, mais aussi avec la raison et la connaissance.
Il y a quinze siècles, un homme se leva et dit : « Je ne suis qu'un mortel; mais celui qui a créé l'univers m'a ordonné de vous transmettre son message. Afin que vous puissiez vivre en harmonie avec le plan de sa création, il m'a enjoint de vous rappeler son existence, sa toute puissance et son omniscience, et de placer devant vous un programme de comportement. Si vous acceptez ce rappel et ce programme, suivez-moi ». Ce fut l'essence de la mission prophétique de Mohamed «QSSL», puisque le système social qu'il proposait avait la simplicité qui va de pair avec la réelle grandeur, parce qu'il partait de l'idée que les hommes sont des êtres biologiques doués de besoins biologiques et qu'ils sont conditionnés de telle sorte, par leur créateur, qu'ils doivent vivre en groupes afin de satisfaire l'ensemble de leurs besoins physiques, moraux et intellectuels car ils sont dépendants les uns des autres et que la continuité de la croissance spirituelle d'un individu, qui est un objectif fondamental de toute religion, dépend de la mesure dans laquelle il sera aidé, encouragé et protégé par les hommes vivant dans son entourage, lesquels, évidemment, attendent de lui une même coopération. Cette interdépendance humaine a été la raison pour laquelle, dans l'Islam, la religion n'a pas pu être séparée de l'économie et de la politique. Ordonner en pratique les relations humaines de telle sorte que chaque individu rencontre le moins possible d'obstacles et le plus possible d'encouragements pour le développement de sa personnalité. Paraît être le concept que l'Islam se fait de la fonction véritable de la société, d'où il est donc naturel que le système énoncé par le Prophète Mohamed « QSSL », durant les vingt-trois années de son ministère, se rapporte non seulement aux choses de l'esprit, mais offre également un cadre pour toutes les activités individuelles et sociales, car il soutenait non seulement le principe de l'honnêteté individuelle, mais aussi celui de la société juste qu'une telle honnêteté devait susciter puisque toutes les clauses de la loi islamique étaient conçues de manière à profiter également à tous les membres de la communauté, sans distinction de naissance, de race, de sexe ou d'une précédente appartenance sociale car aucun bénéfice spécial n'était réservé au fondateur de la communauté ni à ses descendants. Haut et bas étaient, socialement parlant, des termes inexistants et le concept de classe était également inexistant puisque tous les droits, devoirs et opportunités s'appliquaient également à tous ceux qui professaient la foi en l'Islam et il n'était besoin d'aucun prêtre comme intermédiaire entre l'homme et Dieu, du moment que Dieu disait dans le Coran : «Il sait ce qui est ouvert dans leurs mains devant eux et ce qu'ils cachent derrière leurs dos». Aucune allégeance n'était reconnue au-delà de l'allégeance due à Dieu et à Son Prophète, à ses parents et à la communauté, dont l'objectif était l'établissement du royaume de Dieu sur Terre.
Avant l'Islam, toutes les organisations politiques, même celles qui reposaient sur une base théocratique ou semi-théocratique, avaient été limitées par les concepts étroits de tribu et d'homogénéité tribale. Ainsi, les dieux-rois de l'ancienne Egypte ne pensaient à rien de ce qui dépassait l'horizon de la vallée du Nil et de ses habitants, et dans l'Etat théocratique des plus anciens Hébreux, alors que Dieu était supposé gouverner, c'était nécessairement le Dieu des enfants d'Israël. En revanche, dans la structure de la pensée coranique, les considérations de descendance ou d'appartenance tribale n'avaient aucune place parce que l'Islam postulait une communauté politique se suffisant à elle-même et tranchant à travers les divisions conventionnelles de tribu et de race et puisque le Prophète Mohamed «QSSL» disait : «Il n'est pas des nôtres, celui qui proclame la cause du particularisme tribal; il n'est pas des nôtres, celui qui lutte pour le particularisme tribal; et il n'est pas des nôtres, celui qui meurt pour le particularisme tribal». Alors, à cet égard, on peut dire que l'Islam et le Christianisme ont eu le même objectif puisque l'un et l'autre préconisaient une communauté internationale de peuples unis par leur adhésion à un même idéal. Cependant, alors que le Christianisme s'était contenté de recommander moralement ce principe et avait limité son appel universel au niveau spirituel, alors l'Islam offrait au monde la vision d'une organisation politique dans laquelle la conscience de Dieu serait la source principale du comportement pratique de l'homme et la seule base de toutes les institutions sociales. De la sorte, qu'en accomplissant ce que le Christianisme avait laissé inaccompli, l'Islam inaugurait un nouveau chapitre du développement de l'homme puisqu'il est le premier exemple d'une société idéologique ouverte contrastant avec les sociétés du passé fermées et limitées racialement ou géographiquement.
Le 4 juin 2009 au Caire, le président américain Hussein Barack Obama, lors de son discours prononcé à l'adresse des musulmans, avait mentionné que « Les relations entre l'Islam et l'Occident se caractérisent par des siècles de coexistence et de coopération, mais aussi par des conflits et des guerres de religion. Dans un passé relativement plus récent, les tensions ont été nourries par le colonialisme qui a privé beaucoup de musulmans de droits et de chances de réussir, ainsi que par une guerre froide qui s'est trop souvent déroulée par acteurs interposés, dans des pays à majorité musulmane et au mépris de leurs propres aspirations. En outre, les mutations de grande envergure qui sont nées de la modernité et de la mondialisation ont poussé beaucoup de musulmans à voir dans l'Occident un élément hostile aux traditions de l'Islam », mais « je suis convaincu que pour aller de l'avant, nous devons dire ouvertement entre nous ce que nous recelons dans notre coeur et que trop souvent nous n'exprimons qu'à huis clos. Nous devons consentir un effort soutenu afin de nous mettre à l'écoute et d'apprendre les uns des autres; de nous respecter mutuellement et de rechercher un terrain d'entente. Comme le dit le Saint Coran, «Crains Dieu et dis toujours la vérité»».
Pour la première fois de l'histoire, un président occidental contemporain confirme la dette que la civilisation doit à l'Islam, lorsqu'il disait dans son discours que « C'est l'Islam dans des lieux tels qu'Al-Azhar, qui a brandi le flambeau du savoir pendant de nombreux siècles et ouvert la voie à la Renaissance et au Siècle des Lumières en Europe. C'est de l'innovation au sein des communautés musulmanes que nous viennent l'algèbre, le compas et les outils de navigation, notre maîtrise de l'écriture et de l'imprimerie, notre compréhension des mécanismes de propagation des maladies et des moyens de les guérir. La culture musulmane nous a donné la majesté des arcs et l'élan des flèches de pierre vers le ciel, l'immortalité de la poésie et l'inspiration de la musique, l'élégance de la calligraphie et la sérénité des lieux de contemplation. Et tout au long de l'histoire, l'Islam a donné la preuve, en mots et en actes, des possibilités de la tolérance religieuse et de l'égalité raciale».
Au début du XXe siècle, LéopoldWeiss, juif né dans l'Empire austro-hongrois et descendant d'une très longue lignée de rabbins de Galicie, en ayant compris le message divin au sein de la religion musulmane, lors de ses déplacements qui le mènent en Palestine, alors sous mandat britannique, au cours de l'année 1922, il disait, après avoir étudié en profondeur le Coran, que «L'Islam me paraît comme un chef d'oeuvre d'architecture. Toutes ses parties sont harmonieusement conçues pour se compléter et se soutenir entre elles. Rien n'est ici superflu, et rien ne manque, avec comme résultante l'équilibre parfait d'une composition sans faille» et avant de se convertir à l'Islam en 1926 à Berlin et de porter le nom de Muhammad Asad, après avoir trouvé une réponse à son grand désarroi face au matérialisme de l'époque, qui faisait que les gens en Occident, dans leurs plus beaux atours et de la prospérité, ne sourient presque jamais dans les transports en commun et cela bien qu'ils sont bien placés au sommet de la réussite matérielle de l'Ouest, alors qu'en Palestine, il avait découvert avec bonheur une société certes simple, mais d'une extrême hospitalité qui l'accueille généreusement. Aujourd'hui que Muhammad Asad est considéré comme un « passeur de frontières culturelles », il est un parmi d'autres intellectuels d'origine juive, qui n'adhèrent pas au projet sioniste originel de Herzl, puisque contrairement à une idée reçue, même actuellement, beaucoup de juifs développent une connaissance approfondie du monde arabe et de la religion musulmane, et prônent la cohabitation entre Juifs et Arabes en Terre sainte car, à l'heure où l'on disserte sur le « choc des civilisations », que l'on réduit à une apocalypse programmée, le parcours de ce Juif converti à l'Islam, nous emmène aux frontières culturelles desdites civilisations, là où les passages de l'une à l'autre sont encore possibles.
Parce que la civilisation occidentale est fondée sur la civilisation romaine païenne et qu'elle ne doit au Christianisme que le vernis extérieur, puisqu'elle demeure dans sa réalité païenne, matérialiste et ne croyant qu'à la puissance, qu'elle a une grande dissemblance avec l'Islam, qui, lui, a été fondé sur l'âme, l'éthique et les idéaux, ce qui lui confère une extraordinaire auto-immunité, au point que la dernière décennie a été marquée par une remarquable rencontre entre les valeurs démocratiques et celles de l'Islam, au cours de laquelle de nombreuses voix s'élevaient pour défendre l'idée de la compatibilité et de la conformité entre ces valeurs, alors que d'autres considéraient, pour leur part, que la démocratie et l'Islam ne peuvent coexister harmonieusement dans un même système de valeurs. L'injonction Coranique qui déclare: «Obéis à Dieu et obéis au Prophète et à ceux qui, parmi vous, détiennent l'autorité» implique que l'autorité du gouvernement doit être tirée du Livre révélé, le Coran, et complétée par les enseignements du Prophète et qu'elle doit être détenue par un membre de la communauté musulmane. Autrement dit, seul un musulman peut être le chef de l'Etat d'un pays musulman. Cette stipulation est exigée par le caractère idéologique de l'Etat musulman; mais cela ne signifie aucunement que les minorités non musulmanes doivent être reléguées dans le statut des citoyens de seconde classe car à l'exception de la dignité de chef de l'Etat, tous les chemins de la vie politique et sociale leur sont ouverts dans la même mesure qu'aux citoyens musulmans; ils doivent jouir des mêmes privilèges et de la même protection de leurs intérêts sociaux, religieux et culturels; et ils doivent avoir accès en proportion de leur nombre à la vie politique de leur pays. Ceci nous amène à l'un des points essentiels d'une véritable constitution musulmane, à savoir au principe politique énoncé par les mots du Coran, où il est énoncé que «leurs affaires doivent être réglées au moyen de consultations mutuelles». Quelle que soit la forme qui puisse être donnée au mécanisme gouvernemental d'un Etat musulman, il ne peut être considéré comme «islamique» si le gouvernement ne repose pas sur le consentement populaire et n'est pas l'expression de la volonté populaire. Sur la base de ce principe coranique, ainsi que de nombreuses ordonnances rendues par le Prophète, les organes exécutifs et législatifs de l'Etat doivent être constitués par élection. Les méthodes selon lesquelles un gouvernement représentatif doit être élu et la période durant laquelle il doit détenir le pouvoir ont été sagement laissées dans l'imprécision permettant ainsi la plus large latitude possible pour leur adaptation aux nécessités d'une époque ou d'une forme sociale particulière. Cependant, pour éviter que n'apparaisse une classe de politiciens «professionnels», phénomène dont les conséquences ont été et sont encore désastreuses pour beaucoup de pays musulmans aujourd'hui, le Prophète Mohamed « QSSL » avait déclaré catégoriquement que toute campagne personnelle en vue d'accéder à une fonction publique de nature exécutive ou législative en rend automatiquement indigne la personne qui a cherché ainsi à s'y faire désigner. La coexistence harmonieuse de la démocratie occidentale et l'Islam s'avère possible aujourd'hui du moment que les injonctions concises et nettes de la loi musulmane soient complétées par une législation souple et constante traitant de tout ce qui n'est pas prévu par la loi canonique ou qui y est simplement indiqué en termes généraux. Il revient donc au corps législatif élu d'élaborer jour après jour cette législation, étant entendu évidemment que la loi fondamentale de l'Islam reste prépondérante et qu'aucune législation ne peut s'opposer à la lettre ou à l'esprit de cette loi, si elle veut jamais acquérir une validité juridique. En d'autres termes, cette législation élaborée jour après jour vient pour créer un cadre politique dans lequel la loi de l'Islam puisse trouver une totale effectivité; de défendre les intérêts politiques et économiques de la communauté vivant sur le sol du pays contre toute attaque venue de l'extérieur ou de l'intérieur; et d'établir et de maintenir un système social grâce auquel chaque citoyen et citoyenne puisse jouir d'une sécurité spirituelle et économique aussi grande qu'il est possible pour un homme comme pour une femme.
Si, sous l'impact de la colonisation occidentale, la vie musulmane a subi de profondes transformations depuis le XVe siècle; tant et si bien que la civilisation musulmane avait cessé d'avoir une résonance contemporaine et que l'attachement des musulmans aux enseignements de l'Islam est devenu aujourd'hui plutôt théorique ou vaguement émotif, au point que nulle part dans les pays musulmans d'aujourd'hui, nous ne voyons une communauté qui mette consciemment en pratique les idéaux prônés par l'Islam, puisque l'idéalisme musulman n'est plus en général que du vent et qu'il suffit qu'un problème économique ou social vient-il à surgir dans un pays musulman, qu'on le situe aussitôt dans une perspective « moderne », en pointant le doigt vers l'Occidental. Puisque dans le climat psychologique actuel de l'Occident, on considère presque comme un axiome l'affirmation selon laquelle la religion ne doit pas être mêlée à la politique. Comme toute idée de sécularisation est automatiquement identifiée à l'idée de progrès et que tout effort en vue d'envisager la pratique politique sous son aspect religieux est immédiatement rejeté comme réactionnaire. Au sein des pays musulmans dits « démocratiques », si quelqu'un suggère que les problèmes comme la prohibition des boissons alcoolisées et la criminalité doivent être envisagés du point de vue de la tradition de l'Islam et résolus sur la base de la «Charia», un haussement d'épaules accueille sa proposition et on le traite même sans coup férir d'Islamiste car le véritable problème, qui se pose aujourd'hui, n'est donc pas de déterminer du point de vue occidental, s'il est souhaitable d'introduire la religion dans la politique, mais plutôt de se demander si cette tendance se justifie idéologiquement et historiquement et si elle peut espérer un jour se réaliser. Si l'intime relation entre la religion et la politique qui caractérise l'histoire musulmane paraît en général étrange à l'Occidental, depuis longtemps accoutumé à considérer les questions de croyance et de vie pratique comme appartenant à deux mondes entièrement différents. Il est avant tout indispensable de se rendre compte que l'Islam a pour but d'influencer et de diriger non seulement les relations de l'homme avec Dieu mais également les relations entre les hommes. Partant de l'hypothèse fondamentale selon laquelle tous les aspects de la vie ont été voulus par Dieu et possèdent de ce fait une valeur morale propre car le message du Coran ne se borne pas à une exhortation spirituelle mais embrasse également tout le champ de l'activité humaine, aussi bien sociale qu'individuelle. Un tel point de vue empêche évidemment la division entre l'aspect religieux et l'aspect temporel de la vie puisque, selon le Coran, toute foi véritable a pour but d'influencer la conduite de l'individu et de la société de telle façon que l'idéal de vertu puisse trouver son expression dans toute l'attitude morale de la communauté, dans l'ensemble de sa législation et dans ses institutions sociopolitiques.
A suivre
*Ancien élève de l'Ecole des sciences philologiques de la Sorbonne.


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