Au premier jour de sa visite de travail à Washington, notre ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a eu un long entretien avec son homologue américain, la secrétaire d'Etat Mme Hillary Clinton, au cours duquel ils ont échangé sur les questions d'intérêt bilatéral ainsi que sur des dossiers politiques d'actualité au plan international. Notamment dans ce volet sur le problème du Sahara Occidental. Il en ressort sur cette question qu'officiellement les Etats-Unis s'en tiennent toujours à une solution négociée du conflit dans le respect de la légalité internationale et sous les auspices de l'ONU. C'est en tout cas ce qu'a clairement affirmé la secrétaire d'Etat à l'issue de son entretien avec Mourad Medelci. Ce qui a le mérite de couper court aux interprétations hâtives qu'ont données les autorités marocaines et leur arsenal propagandiste aux considérations qu'elle a exprimées sur le sujet lors de son récent séjour dans le royaume. Il était d'autant plus nécessaire qu'une voix officielle et autorisée américaine fasse ce rappel, que Rabat s'est senti encouragé par le flou du propos de Mme Clinton à Marrakech pour durcir le ton à l'égard de tous ceux qui, à travers le monde, pressent le Maroc de s'en tenir au plan de paix onusien, et à redoubler de férocité dans la répression que le Makhzen exerce sur les patriotes sahraouis et, d'une manière générale, sur le peuple sahraoui en territoire occupé. Au point de dépasser toute mesure, comme le démontre l'affaire de la militante pacifiste Aminatou Haidar, dont le traitement brutal et cruel indigne universellement et vaut au Maroc la «vindicte» générale qui s'exprime bien au-delà des milieux favorables à la cause du peuple sahraoui. Venant alors que le royaume est confronté à cette vague d'indignation provoquée par la situation faite à «la Ghandi sahraouie», le recadrage du point de vue américain sur le dossier sahraoui ne pouvait plus mal tomber pour le souverain alaouite et son gouvernement. Il intervient en effet à un moment où l'Espagne, acteur historiquement impliqué dans le conflit sahraoui, mais aussi l'Union européenne haussent le ton à l'égard du Maroc sur son comportement intransigeant et provocateur. Il donne à comprendre ainsi que les Etats-Unis ne sont nullement inconditionnels de la thèse marocaine sur la question sahraouie. La balle est désormais dans le camp de l'ONU et il y a urgence que l'organisation internationale agisse fermement auprès des autorités marocaines pour les contraindre, d'abord à cesser la répression violente et systématique qu'elles exercent sur les Sahraouis, et surtout qu'elles se conforment aux engagements de leur pays pris à son égard. Il est temps d'obliger Rabat à cesser sa fuite en avant et ses échappatoires que l'attitude timorée de la communauté internationale a été seule à en permettre le prolongement. Et il n'est que temps en effet parce que la «patience et la retenue» du Polisario sont à rude épreuve sous le coup des provocations à répétition des autorités marocaines. Ce qu'à fermement donné à comprendre son secrétaire général, Abdelkader Taleb Omar, qui vient de déclarer que la situation créée par les Marocains est en train «de priver le Polisario et tous les Sahraouis des arguments les poussant à rester sur le chemin pacifiste».