Une forte déflagration, qui a été entendue à des kilomètres à la ronde, a secoué hier matin aux environs de 9h à la cité Chevalley, au quartier populeux de Climat de France, dans la commune de Oued Koreich. Bilan provisoire de cette explosion : quatre morts et quatorze blessés transférés vers les hôpitaux Maillot de Bab El Oued et Bir Traria d'El Biar. Parmi les victimes, une vieille dame, et son fils Hassan (26 ans) de la famille «Doudar», selon des voisins rencontrés sur les lieux. Vraisemblablement, à l'origine de l'explosion, une fuite de gaz survenue au niveau supérieur d'un bâtiment de trois étages, provoquant d'importants dégâts à deux appartements ainsi qu'à trois habitations construites sur la terrasse de l'immeuble. Selon les habitants du quartier, l'explosion serait due à une fuite de gaz de ville qui aurait été signalée «il y a plusieurs jours» à Sonelgaz. Pour Khefif Toufik, responsable hygiène-sécurité-environnement (HSE) à Sonelgaz direction d'Alger (SDA), l'ampleur de l'explosion «ne peut être due qu'à du gaz butane». La même source suggère quand même d'attendre la conclusion de l'enquête qui a été ouverte par les services compétents pour connaître les véritables causes de l'incident. Mais les habitants ne l'entendent pas de cette oreille. Ils réaffirment qu'une réclamation a été faite depuis quelques jours pour signaler une odeur de gaz. Une chose est pourtant certaine, c'est que le souffle de l'explosion dans le bâtiment de quatre étages, était tellement puissant que des antennes paraboliques, situées à plus de 20 mètres, ont été pliées en deux. «Je venais à peine de démarrer ma voiture, j'allais passer en 2e vitesse lorsque survient la déflagration dont le souffle a arrêté le moteur», raconte un des voisins. D'autres arrivent en courant demander des nouvelles de leurs proches. L'un d'eux est ressorti de son bureau sitôt parvenue la nouvelle de l'incident. Son visage ne se décrispe que lorsqu'il apprend que les membres de sa famille sont sains et saufs chez une voisine dont l'appartement se situe à l'autre bout de ce vieil immeuble qui date de l'époque coloniale. Pour ceux qui ne connaissent pas les lieux, le plus spacieux des appartements ne dépasse les 30 mètres carrés de superficie. Des familles entières y sont entassées. Outre la protection civile, la police scientifique et la gendarmerie nationale, les services de nettoiement de l'APC ont été également dépêchés sur les lieux pour retirer les gravats du lieu de l'explosion mais également pour nettoyer les détritus qui datent de «plusieurs mois». «Ils viennent nettoyer maintenant parce qu'ils savent qu'il y a la presse et même la télévision. Regardez les, ils arrivent avec leurs camions flambant neufs pour dégager des résidus qui sont là depuis des mois. Les bennes à ordures ne sont changées que très rarement, en tout cas jusqu'à ce qu'elles débordent largement», affirme un habitant du quartier. Du bout des doigts il nous désigne des «jeunes de 40 ans restés sans mariage en raison de la très forte promiscuité. Si, depuis l'indépendance, l'Etat a consacré une centaine de logements pour déplacer ces gens, le problème aurait été longtemps résolu», dit-il. Plus bas, en allant vers Bab El Oued, dans le quartier «El Carrière» les conditions de vie n'y sont guère meilleures. Des familles entières s'entassent dans des minuscules habitations. Des lieux qui couvent de véritables explosions sociales.