Le crime crapuleux dont a été victime un fonctionnaire de la wilaya d'Oran, en juin 2008, et dont le corps mutilé et carbonisé a été retrouvé dans un dépôt d'ordures près de la localité d'El-Braya, était, hier, à la barre. Les révélations faites à l'audience ont jeté un climat de stupeur dans la salle. Mais il y avait également des non-dits, des choses que le tribunal a voulu taire, par pudeur surtout. Fait rare, l'accusé principal, B.Y, 27 ans, est resté tout au long muet, recroquevillé, replié sur lui-même. Le regard vague, l'air méditatif, il s'est muré dans un silence mystérieux. Effet d'un traumatisme psychique ou tactique de défense ? On n'en saura rien. En revanche, ses deux coaccusés, K.A et L.O, eux, ne se faisaient pas prier pour parler. En fait, le premier, qui n'est d'autre que le co-auteur de l'assassinat abominable de l'employé de l'administration de la wilaya d'Oran, B.A, 42 ans, était cité, hier, par le tribunal criminel en tant que témoin à titre de renseignement. La raison : il s'est pourvu en cassation au cours de la procédure et la Cour suprême n'a pas encore tranché dans son cas. Fait qui a amené l'avocat de B.Y à faire une requête dans ce sens, estimant incorrect et aberrant que les co-auteurs du même crime soient jugés séparément, que leurs dossiers soient disjoints. Le recours a été joint au fond, et le coup d'envoi des débats contradictoires a été donné. Quant au troisième accusé, B.M, il était poursuivi pour non dénonciation de crime. Les faits. Le 17 mai 2008, informée sur la disparition du fonctionnaire résidant au bloc 7 de la Cité Lescure, la police inspecte le domicile du concerné. L'appartement, un F3, se trouvait dans un désordre indescriptible. Sol, murs et plafond étaient quasiment tachés de sang. Quelques appareils électroménagers manquaient. Des prélèvements faits à partir des traces de sang seront analysés. Ils correspondent au groupe sanguin du propriétaire des lieux. Une avancée pour les enquêteurs, mais à ce stade, il manque beaucoup de pièces pour reconstituer le puzzle. La même journée, le cadavre d'un homme, totalement brûlé, a été découvert sous un amas d'ordures dans une décharge sauvage sur la route entre El-Braya et Oued Tlélat. Les résultats de l'autopsie démontreront que c'était la dépouille du fonctionnaire disparu. Selon les faits consignés, le crime a été perpétré par B.Y et K.A, alors étudiant en chimie à l'USTO, dans la nuit du 15 mai 2008. Ceux-ci étaient, ce soir-là, invités par la victime pour un diner chez-elle. Selon la version de B.Y, c'est son copain l'étudiant qui a égorgé la victime dans la chambre à coucher après que celle-ci, ait tenté d'avoir des rapports sexuels avec lui sous la contrainte. Mais il y a un autre mobile avancé : le vol. Les mis en cause auraient échafaudé ce plan criminel pour s'emparer de la «petite fortune» de la victime, une épargne de 20 ans de travail plus les recettes gagnées de son activité secondaire comme organisateur de la tradition folklorique dite «neguefates» à l'occasion des fêtes de noce. Quatre témoins se sont relayés à la barre, dont le pharmacien chez qui les accusés ont acheté des gants et des masques pour nettoyer le lieu du crime et le père de B.Y, propriétaire de la Renault Clio à bord de laquelle les accusés ont transporté le corps de la victime à El-Braya où ils l'ont imbibé d'essence avant d'y mettre le feu. Le P.G a requis la réclusion à perpétuité contre B.Y et 4 ans ferme contre L.O. A l'issue des délibérations, le principal accusé B.Y a été condamné à la peine capitale. L.O quant à lui a écopé de 2 ans de prison.