Mahmoud Benchekor, le président du Comité interprofessionnel du lait (CIL), a indiqué hier à l'APS que les transformateurs de lait qui n'appliquent pas le prix fixé en 2009 à savoir 30 DA le litre viennent d'être rappelés à l'ordre. Il a rappelé que cette mesure a été prise dans le cadre du dispositif de soutien à la production nationale et que ce tarif a été retenu à la demande des éleveurs suite à une forte baisse du prix du lait cru durant la période de forte lactation. M. Bouchekor a déploré le fait que la majorité des 90 laiteries n'appliquent pas cette mesure en parvenant à imposer leur propre prix aux éleveurs qui le cèdent actuellement entre 26 et 29 DA le litre et ce depuis plus d'une année. Devant cette situation, les éleveurs ont protesté auprès de l'Office national interprofessionnel du lait (ONIL), membre du CIL, qui assure l'approvisionnement des laiteries en poudre de lait, pour prendre des mesures afin d'amener les transformateurs à respecter cet engagement. Les éleveurs ont proposé à l'ONIL de réduire les quotas de la poudre de lait aux transformateurs récalcitrants. Pour les producteurs de lait cru, cette alternative est l'unique voie qui permettra de développer la production nationale de lait, a estimé le président du CIL. Dans cette perspective, le même responsable a révélé que des commissions spécialisées de l'office se penchent actuellement sur cette question en vue de généraliser l'application du prix plancher tout en préservant les intérêts des uns et des autres. Cette mise en garde sera prise en considération dans le cadre des conventions qui seront signées très prochainement entre l'ONIL et les laiteries concernant l'approvisionnement en poudre de lait d'une part et de l'autre entre les transformateurs et les éleveurs pour la livraison du lait cru. Selon le dispositif de soutien à la filière lait, l'Etat accorde une prime de 12 DA/litre à l'éleveur, 5 DA/litre au collecteur et 4 DA/litre à l'intégration du lait cru dans la production du lait en sachet. A ce titre, le président de la fédération agroalimentaire et de la filière lait auprès de la Confédération des industriels et producteurs algériens (CIPA), Abdelouahab Ziani, a rappelé que «les transformateurs qui ne payent pas, sont ceux qui utilisent le lait cru subventionné pour fabriquer des produits dérivés (yaourts, fromages...), alors que le lait subventionné doit être destiné exclusivement à la fabrication du lait en sachet». Et de préciser que «les laiteries qui utilisent ce produit subventionné pour la production exclusive du lait en sachet respectent ce prix consensuel». M. Ziani a souligné que le souhait de la CIPA était de créer des centres de collecte de façon à canaliser l'éleveur pour qu'il livre son lait vers ce centre, lequel devrait être sous l'égide d'un organisme de surveillance. Il a estimé, par ailleurs, que «pour encourager la production nationale et la substituer à la poudre, il est nécessaire d'augmenter la prime d'intégration du lait cru de 4 à 9 DA». Et d'ajouter que «cette augmentation va inciter la laiterie à prendre plus de lait cru que de la poudre et, par ricochet, à réduire la facture d'importation de la poudre». Selon lui, la prime actuelle est insuffisante vu que la laiterie est tenue, outre l'intégration du lait cru dans le processus de transformation, de gérer les primes accordées à l'éleveur et au collecteur, et de faire des analyses biologiques des quantités collectées. Rappelons que l'ONIL s'est engagé à collecter au moins 500 millions de litres de lait durant cette année contre 312 en 2009 et que la facture d'importation de lait et produits laitiers a été de 863 millions de dollars en 2009 contre 1,3 milliard de dollars en 2008.