Jouant une fonction importante au sein des écosystèmes, le sanglier, qui contribue, à l'instar de tous les animaux de la nature, à l'équilibre naturel entre la faune et la flore, semble ces derniers temps changer d'habitude ou fuir les forêts de la région. Et même si le sanglier est essentiellement nocturne et sédentaire, il reste attaché à son territoire. Ce n'est plus peut-être le cas aujourd'hui. Alors qu'il y a peine une année, les chasseurs parlaient encore de prolifération, cette espèce est portée rare. Car, à en croire le rapport annuel 2009 de l'association des chasseurs El-Nasr de Béni-Saf, document transmis à toutes les instances concernées, le sanglier, gibier par excellence attractif, s'est étrangement éclipsé durant cette dernière période de chasse qui vient de se fermer. Le constat sur le terrain est réel : les chasseurs affirment n'être tombés que sur des groupes de sangliers ne dépassant guère le nombre de 3, alors que par le passé ils étaient souvent au moins le double. Comparativement à l'année 2008, celle qui vient de s'écouler a été moins favorable. Entre le 16 janvier dernier et le 6 mars courant, on a compté 39 sangliers abattus dans 7 battues (ou campagnes de chasse) organisées. Par contre, en 2008, il y a eu 48 sangliers abattus dans à peu près le même nombre de sorties. L'étrangeté ne figure pas seulement dans la proportion battue/ butin, mais surtout dans le nombre de sangliers débusqués à chaque journée de chasse. Et loin de parler de l'habilité des chasseurs ou d'un «jour sans», mais de chasses infructueuses où le gibier n'a pas montré le bout de son nez. Il y a certes des causes, et bien certainement des explications scientifiques, mais surtout des effets, car il y a aussi des signes qu ne trompent pas. Le bilan nous informe que dans les zones où ce gibier a été le moins observé sont celles où la présence humaine est tout autant remarquée. La zone la plus fournie a été la forêt Aïn-Zaouch, dans la commune de Béni-Saf, où les rencontres avec les sangliers ont été plus nombreuses, à l'inverse celle de Mâa-El-Jdid, dans la commune de Sidi Safi, où le secteur semble être déserté par cette espèce. Toujours selon ce document, cette situation est attribuée aux battues clandestines et au braconnage. Il a été plusieurs fois signalé que des gens inconscients s'attaquaient aux marcassins (jeunes sangliers) et même aux laies (femelles du sanglier). Ces dernières, pourtant plus dangereuses quand il s'agit de protéger leurs petits, sont vulnérables et se défendent mal des jeunes gens qui, convertis en braconniers trappeurs, vont régulièrement à la rencontre de ces sangliers. Chiens et traquenards sont leurs armes pour chasser ou plutôt exterminer cette espèce, leur cible, les marcassins ou leurs génitrices (les laies), menaçant cette faune. Faut-il encore souligner qu'une laie met bas jusqu'à 12 marcassins par année. Dans la région de Béni-Saf, on estime au double cette multiplication, la particularité étant le sol sableux et humide de la région. Que se passe-t-il au juste ? Le sanglier est-il entré dans une phase primaire de diminution ? L'avenir nous le dira. Mais le plus important est qu'il faut créer un genre d'observatoire composé des services concernés, où il serait utile de surveiller tout phénomène ou toute évolution anormale afin de pouvoir prendre les mesures qui s'imposent. Une autre preuve : lors d'une réunion de famille des chasseurs organisée à l'occasion de la fermeture de la campagne d'hiver, ce samedi, près de la forêt récréative de Safi, un fellah, qui s'était rapproché pour se plaindre d'un sanglier solitaire, était plus étonné de voir de moins en moins cette espèce courir dans le coin...