Un an pour se lancer dans la production ! L'injonction du ministre de la Santé, Saïd Barkat, met les importateurs algériens de médicaments dans tous les états. Pour eux, les opérateurs du marché du médicament si les progrès de la production pharmaceutique locale soient incontestables, le délai fixé est d'autant moins raisonnable que l'environnement général de leur métier demeure plutôt « dissuasif ». Le président de l'Union nationale des opérateurs de pharmacie (UNOP), Amar Ziad, est catégorique : si les importateurs sont interdits d'activité en mars 2011, le pays court le risque de revenir à l'époque de «l'importation des produits en l'état». L'économie algérienne perdrait ainsi la valeur ajoutée qu'apportent les conditionneurs qui contribuent à réduire les prix à l'importation et à créer des emplois. Le président de l'UNOP estime l'ultimatum ministériel déplacé alors que les entreprises privées «sont actuellement asphyxiées financièrement». Il donne pour preuve de cette «asphyxie» la fermeture de certaines unités de production et la mise en chômage technique de leurs personnels. Les importateurs de médicaments sont disposés à passer à la production si l'environnement dans lequel ils agissent est plus incitatif. Or, il ne l'est pas du tout, tonne dans une interview paru dans le quotidien « El Watan » (édition du 28 mars 2010) le secrétaire général de l'UNOP, Nabil Mellah, mettant l'accent sur « l'instabilité réglementaire, l'absence de visibilité et une absence de dialogue entre la tutelle (le ministère de la Santé, NDLR) et les opérateurs». Un éloquent exemple de cette «instabilité réglementaire» est l'abandon, en 2005, par le gouvernement, en signe de bonne volonté à l'adresse de l'OMC, de l'obligation faite jusque-là aux importateurs de médicaments de passer à la production au bout de deux ans d'activité. Certains de ces importateurs avaient pourtant engagé des investissements pour être au rendez-vous fixé par la loi ! Un dialogue rompu Cette expérience fait douter nombre d'entre eux aujourd'hui du bien-fondé de l'ultimatum lancé par Saïd Barkat. Les rapports entre les opérateurs de pharmacie privés et le gouvernement sont d'autant plus tendus que les structures de dialogue ne semblent pas très fonctionnelles. Suite à la décision prise en novembre 2008 d'interdire l'importation des «médicaments produits localement en quantité suffisante», une structure de concertation entre les deux parties a été créée en 2009. Malheureusement, elle ne s'est réunie que deux fois en un an et ses recommandations sont restées lettre morte. La polémique entre le gouvernement et les importateurs de médicaments a lieu dans un contexte de hausse de la facture d'importation de ces produits. De 888 millions d'euros en 2004, le montant de cette facture est passé à 1,670 milliard d'euros en 2009. L'année dernière, il était pourtant en baisse comparativement à 2008 ! Le gouvernement semble cependant satisfait des effets de sa politique visant à faire redémarrer la production nationale de médicaments. Selon lui, l'interdiction, fin 2008, de l'importation de médicaments produits localement a permis à des unités qui n'utilisaient qu'une partie de leurs capacités productives de carburer à plein régime. Les chiffres officiels montent que la consommation des génériques est passée de 28% en 2008 à 38% en 2009, permettant de faire des économies substantielles (quelque 200 millions d'euros) sur la facture d'importation de médicaments. Les données gouvernementales montrent également que beaucoup d'unités de production ont été mises à niveau et que la production locale est passée de 255 millions d'euros en 2004 à 553 millions d'euros en 2009.