Trois mois après le début de la grève des blouses blanches pour l'amélioration de leurs conditions socioprofessionnelles, le bras de fer ministère de la Santé-praticiens grévistes se poursuit. Saïd Barkat se veut catégorique. Brandissant à Constantine son «scalpel», le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière soutiendra que «la population ne sera jamais l'otage de n'importe quelle organisation». C'est une véritable opération chirurgicale qu'il compte faire. «Ou les médecins grévistes reprennent le travail ou les mesures prévues par la réglementation régissant les relations de travail seront immédiatement appliquées», a-t-il déclaré. Au cours de sa visite de travail à Constantine, Saïd Barkat n'a pas mis les gants pour affirmer que «si cette démarche injustifiée des médecins se passait sous d'autres cieux, tous les grévistes auraient été mis à la porte», et de citer comme référence la France. Selon M.Barkat, la justice a tranché à propos de la grève des médecins qui dure depuis trois mois, considérant la grève illégale, «tout agissement contraire sera considéré hors la loi». «Les mesures de révocation seront entamées contre tout praticien qui n'aura pas rejoint son poste de travail», avait menacé le département de Saïd Barkat dans un communiqué. D'autant, soutient Saïd Barkat, que toutes les revendications des grévistes ont été prises en considération et que les portes du dialogue n'ont jamais été fermées. Sur sa lancée, le ministre accusera les médecins grévistes d'activer dans le secteur privé. «Les grévistes exercent tous dans le privé», a martelé le ministre pour discréditer les praticiens aux yeux de l'opinion public. De ce fait, le mouvement de protestation sur le secteur de la santé publique ne pénalise que les malades. Par ces propos, Said Barkat tente de justifier le refus de répondre favorablement aux doléances des praticiens de la santé. Une nouvelle déclaration qui risque de mettre le feu aux poudres au sein de la corporation qui doit se réunir aujourd'hui pour décider des suites à donner aux menaces de Saïd Barkat. Le ministère de la Santé avait fixé mercredi dernier un ultimatum aux 30.000 médecins grévistes pour rejoindre leurs postes de travail sous peine d'être révoqués. En réponse, l'intersyndicale avait dans un communiqué dénoncé avec vigueur la batterie de mesures répressives qui viennent d'être prises à l'encontre des praticiens grévistes, à travers lesquelles le droit de grève consacré par les lois de la République se trouve bafoué. Sur un autre volet, le ministre a affirmé que les unités algériennes de production pharmaceutique ont couvert depuis le début de l'année en cours 38% des besoins du pays en médicaments. «Ce bond quantitatif a permis à l'Algérie d'économiser quelque 200 millions d'euros sur la facture de médicaments». Saïd Barkat soulignant que les mesures prises par son département pour que les producteurs se consacrent uniquement, au bout d'un délai d'une année, à la production des médicaments génériques, ont «fini par donner des résultats positifs». Cependant, le ministre a invité les producteurs à «dépasser la production de Paracétamol et d'Upsa» pour «aller vers la fabrication de médicaments plus complexes». Pour ce faire, le ministre a révélé que l'Etat «continuera de soutenir les investisseurs qui s'impliquent sérieusement dans cette nouvelle ère de promotion de médicaments génériques». Au sujet du vaccin de la grippe A/H1N1, importé par l'Algérie pour faire face à la pandémie, le ministre a indiqué que le reliquat de la quantité importée, estimé à 1,3 million de doses sur les 2 millions acquises, sera utilisé pour résister aux éventuels cas de grippe qui pourront se déclencher durant les mois d'avril et de mai. Concernant la lutte contre le cancer qui atteint annuellement 35.000 personnes en Algérie, il a fait état de la réception à l'horizon 2014, de 15 centres anticancer à travers le pays, dont huit sont en cours de réalisation.