Barcelone, Rome et Alicante étaient les seules destinations possibles hier vers l'Europe. La situation a commencé à évoluer progressivement, dimanche, pour le trafic aérien. Plusieurs espaces aériens européens ont été rouverts, au grand bonheur des voyageurs qui attendent depuis plusieurs jours au niveau des aéroports. La compagnie aérienne nationale Air Algérie a prévu hier un vol à 14h vers Barcelone en attendant les autorisations pour le vol de gros porteurs vers Alicante et Rome. Cependant, l'ensemble de ses vols pour cette journée à destination du nord et du sud de l'Europe, ainsi que vers Pékin (Chine) ont été annulés, en raison de la progression du nuage de cendres émis par le volcan d'Islande. Vu cette situation, la priorité est donnée aux passagers de la communauté algérienne à l'étranger, aux personnes malades et aux participants à la 16e Conférence internationale sur le gaz naturel liquéfié (GNL16) qui sera inaugurée lundi à Oran. La compagnie s'attelle à atteindre ses objectifs de transport en faisant changer de couloirs à ses vols, explique le chef de cellule de crise de la compagnie et commandant de bord, M. Boualem Annad, qui a indiqué que, vendredi dernier, Air Algérie est parvenue à faire passer un vol vers Montréal (Canada) par le sud de l'Atlantique, alors qu'un autre vol vers Pékin (Chine) est prévu aujourd'hui dimanche via l'espace aérien russe qui a été épargné par le nuage. Concernant le bilan d'annulation des vols par Air Algérie, le PDG d'Air Algérie a souligné à partir d'Oran que depuis vendredi, 100 vols à destination et en provenance de l'Europe ont été annulés. En moyenne 6.500 passagers/jour, soit 21.000 passagers qui n'ont pu être transportés jusqu'à dimanche. Sur les conséquences que pourraient avoir les cendres d'un volcan sur les appareils, M. Bouabdallah a souligné que «c'est pareil qu'une tempête de sable». Quant au coordinateur national chargé du transport au sein du GNL 16, M. Djaâfar Dali, assistant du PDG d'Air Algérie, il a indiqué que 2.800 personnes devaient être transportées sur les lignes de la compagnie nationale chargée d'assurer le transport des délégations étrangères pour cet événement. Quatre vols Paris-Oran et deux vols Londres-Oran ont été annulés ce lundi, a fait savoir ce responsable. Selon lui, près de mille participants sont arrivés à Oran, le reste étant bloqué au niveau des aéroports européens. Au plan de la sécurité des aéronefs de la compagnie, le responsable explique que le nuage de cendres émis par le volcan d'Islande est «très dangereux» car la poudre fine et abrasive qu'il transporte pénètre non seulement dans la cabine de l'avion et dans les capillaires de ses équipements pouvant fausser les calculs des ordinateurs à bord, mais aussi sur le plan de la santé, en endommageant les poumons des passagers et peut même leur brûler les yeux. Il a également indiqué que sur les tarmacs, les réacteurs des appareils de la compagnie sont protégés de «caches» afin d'éviter le dépôt de cette matière dans le cas où le nuage de cendres évolue vers le sud de la Méditerranée. Air Algérie reste donc attentive aux décisions de réouverture des espaces aériens et des aéroports qui ne dépendent que des autorités des aviations civiles gérant ces espaces. A l'aéroport d'Oran, les voyageurs, très compréhensifs, guettaient toute nouvelle sur l'ouverture des espaces aériens. Hier encore, les avions étaient cloués au sol et tout le monde espérait que la situation soit débloquée pour le vol à destination d'Alicante. Une femme, la cinquantaine, accompagnée de sa fille, venant de Mostaganem devait prendre le vol pour Paris en urgence vu que sa fille avait un examen à passer. Mais peine perdue, les vols étaient annulés dimanche. Cette famille a donc choisi la solution maritime. Mais pas évident, nous dira cette mère de famille, avec le chamboulement de tous les programmes des voyages ces derniers jours. Pour les malades qui avaient des rendez-vous pour des consultations médicales à l'étranger ou des hospitalisations, ils devraient prendre leur mal en patience. A l'aéroport international d'Alger, pas de grande congestion et pas de gros afflux de passagers. C'est ce qu'on a pu constater, hier matin. Pourtant, les choses se compliquent davantage pour les voyageurs et pour les compagnies aériennes. Si certains voyageurs ont évité de se déplacer vers l'aéroport, préférant se renseigner auprès de leurs compagnies et par Internet, d'autres, notamment «des étrangers», ont fait le déplacement. Les yeux fixés sur les panneaux des départs, ils espéraient trouver un vol disponible pour les transporter, mais en vain. Mis à part deux vols vers Toulouse qui ont été assurés par la compagnie Aigle Azur et un vol vers Casablanca assuré par Air Algérie, tous les vols ont été annulés (France, Frankfort, Londres, Pékin, Barcelone et autres). La seule agence qui travaille normalement, c'est Qatar Airways qui continue, à un rythme presque normal, à transporter ses voyageurs vers Doha, et certains vols continuent de transporter des passagers vers Tunis. A noter que même pour transporter les passagers vers Toulouse, la compagnie Aigle Azur a dû acheminer deux avions de Marseille qui ont passé la nuit sur le tarmac de l'aéroport d'Alger. Le directeur régional Algérie d'Aigle Azur Jean-François Fauveau a précisé que les vols en départ vers Toulouse s'arrêteront vers à 15 heures (dimanche). Il a affirmé que sa compagnie avait annulé 41 sur 49 vols dont 25 vols en départ d'Alger et 5 vols en départ d'Oran, et ce depuis vendredi dernier. Il a affirmé qu'en cas de retour à la normale, la priorité sera donnée à ceux qui ont fait déjà des réservations, en appelant les voyageurs à prendre contact avec les agences de voyages. «Il ne faut surtout pas se déplacer à l'aéroport car ça ne servira à rien», dit-il, «vous trouverez tous les renseignements au niveau de nos agences», a-t-il précisé. Le représentant d'Aigle Azur a affirmé que le gros a été dépassé, puisque le plus gros des réservations ont été faites durant ce week-end. Il affirmera en outre, que sa compagnie procédera à des vols supplémentaires en cas de reprise, mais cela dépendra bien évidement de la demande. Le représentant d'Air Algérie a souligné que les assurances ne prévoient dans ce cas aucun remboursement: «Il ne s'agit pas d'accident, ce sont là des vols qui ont été annulés par mesure de sécurité contre une catastrophe imprévisible et rare, les compagnies aériennes sont obligées soit de transporter leurs voyageurs ultérieurement ou de rembourser leurs clients, dans le cas échéant». Pour Mohamed Beldi, les compagnies doivent penser désormais à s'assurer contre ce genre de catastrophe. En attendant la fin de ce drame, Air Algérie a d'ores et déjà commencé à préparer un programme de vols supplémentaires dès l'ouverture des espaces aériens européens. M. Beldi a précisé que ces vols seront bien évidemment assurés selon la demande et les autorisations accordées par les aéroports européens. A Constantine, aucun vol vers l'Hexagone n'a pu être assuré pendant la journée d'hier, annonce-t-on auprès du service de l'information de l'aéroport international Mohamed Boudiaf. «En plus des deux vols quotidiens vers Paris-Orly-Sud assurés par les deux compagnies nationale Air Algérie et française Aigle Azur, tous les autres en direction notamment de Mulhouse, Marseille, Toulouse et Lyon ont été également annulés pour cette journée de lundi», ajoute-t-on, «et le seront sans doute demain» prévient-on. De nombreux passagers fulminent déjà contre ce «statu quo qui commence à bien faire». Travaillant en Ile-de-France, ces résidents algériens d'outre mer estiment qu'ils sont «coincés sur place comme des rats pour l'on ne sait combien de temps encore», en mettant en exergue le fait «que ce retard va constituer un motif de mésentente et autre conflit fort probable avec nos employeurs».Cependant, mis à part quelques usagers qui ont préféré passer la nuit dans le hall de l'aérogare, «pour être parmi les premiers embarqués», espèrent-ils, l'heure «est à la sérénité. Car, peut-on vraiment faire quelque chose contre la fatalité ?», se questionne-t-on au sein de tous les passagers en attente de vol. Même si «ce phénomène presque inédit dans le monde de la circulation aérienne laisse un arrière-goût d'inachevé concernant ce secteur spécifique», a-t-on en outre commenté auprès des personnels navigants.