Intervenant, jeudi, sur les ondes de la Chaîne II de la Radio nationale, le président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme (CNCPPDH), M. Farouk Ksentini, a indiqué, à propos du dossier des disparus: «qu'il est préférable de tourner la page car il s'agit d'une question déjà tranchée dans la charte pour la paix et la réconciliation nationale». M. Ksentini qui a tenu à préciser qu'il s'agissait là d'une opinion personnelle, a souligné toutefois qu'il «est difficile, aujourd'hui de définir les responsables de la disparition de personnes durant la tragédie nationale en dépit de la légitimité de la demande. Et qu'il est aussi difficile d'identifier les personnes responsables après de longues années et en l'absence d'archives, de dossiers ou de témoignages sur le sujet». Ces déclarations interviennent, soulignions-le, moins d'une semaine, après un rassemblement des familles de disparus, tenu en face de la Grande Poste, à Alger. Outre le dossier des disparus, M. Ksentini est revenu sur plusieurs dossiers, lors de son intervention. A ce titre le président de la CNCPPDH a souligné que l'Algérie «est désormais un pays propre en matière de droits de l'Homme grâce à la volonté politique de l'Etat mais elle souffre, toutefois, de certains dépassements administratifs dans l'application des lois». L'application des lois relatives aux droits de l'Homme «est en deçà des attentes, en raison de l'absence de la culture des droits de l'Homme», ce qui amène l'administration à «commettre des dépassements qui s'avèrent parfois graves», a-t-il ajouté. Le président de la CNCPPDH a indiqué avoir évoqué ce volet dans son rapport annuel soumis récemment au président de la République, ajoutant qu'il avait proposé de lutter contre cet état de fait «tout comme on lutte contre la corruption et les autres fléaux que connaît la société». Il a également précisé avoir abordé la question de la réconciliation nationale et proposé la mise en place de mesures complémentaires visant la réintégration des repentis qui ont déposé les armes, dans le cadre de la charte cautionnée par le peuple. Par ailleurs, M. Ksentini a indiqué avoir abordé, dans son rapport, les droits sociaux avec leurs côtés positif et négatif, soulignant l'existence «d'un réel malaise social qui en appelle à une solution acceptable de la part des spécialistes et des responsables». Il a, également, ajouté avoir préconisé, concernant les détenus, la commutation de la peine d'une année à seulement neuf mois, en tenant compte de l'année judiciaire et non de l'année ordinaire, à l'instar de ce qui est en vigueur dans plusieurs pays et ce, en vue d'alléger la surcharge dans les prisons. M. Ksentini a affirmé, en outre, avoir proposé l'abolition de la peine de mort, précisant que ses prérogatives se limitent aux lois positives et n'ont pas trait à la Chariâ. Le même intervenant souligne avoir aussi proposé, dans son dernier rapport, l'amélioration de certains articles du code de la famille. M. Ksentini a évoqué, en outre, le dernier rapport annuel américain sur les droits de l'Homme, déclarant «ne pas comprendre les raisons des attaques américaines contre l'Algérie». Concernant la question du diplomate Mohamed Ziani Hasseni, M. Ksentini a affirmé que le rejet du non-lieu dans cette affaire «est une transition de la justice coloniale à la justice de cannibalisme, car la France sait parfaitement que l'accusé est innocent». Enfin, le président de la CNCPPDH, s'est dit favorable à une «liberté absolue de la presse», à condition de s'écarter de la diffamation et de la fausse information.