Mustapha Farouk Ksentini défend la « cause » des repentis. En tant que président de la Commission nationale consultative pour la protection et la promotion des droits de l'homme (CNCPPDH), M. Ksentini affirme avoir été attentif aux doléances des repentis qui demandent, entre autres, à être réintégrés dans leurs postes de travail. Le « promoteur » des droits de l'homme parle de plus d'un millier de repentis qui ont signé une déclaration dans laquelle ils demandent à être recyclés. « J'estime que leurs revendications sont légitimes et l'Etat doit tenir ses engagements tels que définis dans les textes de la charge pour la paix et la réconciliation nationale », martèle-t-il. Invité de l'émission « Rencontre de jeudi » diffusée sur les ondes de la Chaîne II de la radio nationale, M. Ksentini dit avoir reçu certains repentis qui se sont déplacés au siège de la commission pour lui expliquer leur situation depuis qu'ils ont déposé les armes et sont descendus du maquis, au lendemain de la promulgation des textes de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale en 2006. « Ils m'ont transmis leurs doléances et préoccupations ; mais aucun d'entre eux n'a menacé de reprendre les armes. Nous les soutenons et nous continuerons à les soutenir », affirme M. Ksentini, qui ne dit pas un mot sur les victimes du terrorisme et leurs souffrances. Revenant sur l'épineux dossier des disparus, M. Ksentini estime qu'« une solution a été apportée à ce problème ». Selon lui, plus de 96% des familles des disparus ont accepté les indemnisations proposées par l'Etat. « Il y a un noyau qui revendique toujours la justice. Je respecte leur point de vue », souligne-t-il, assurant les avoir reçues « à chaque fois qu'ils le demandaient ». En dépit des contestations, M. Ksentini considère que le problème a été réglé. « Avant 1999, le dossier des disparus était sujet tabou. Aujourd'hui, il a été pris en charge », précise-t-il. Au sujet des 56 prisonniers algériens en Libye, M. Ksentini souligne d'emblée qu'il s'agit d'un pays « souverain » dont « la justice est respectable ». Assurant que l'affaire tend vers « un dénouement certain », M. Ksentini rappelle, dans ce contexte, l'accord signé entre les deux pays portant sur le transfert vers l'Algérie de ces prisonniers. « Un responsable libyen m'a dit que leur transfert va se concrétiser bientôt », souligne-t-il. Questionné sur les personnes condamnées, notamment à Biskra, pour n'avoir pas observé le jeûne durant le mois de Ramadhan passé, il estime que « cela est excessif ». « Celui qui ne veut pas observer le jeûne, c'est son affaire ; mais il ne doit pas heurter la sensibilité des gens », précise-t-il. Abordant la situation générale des droits de l'homme, M. Ksentini affirme que les choses s'améliorent. Il indique que le rapport annuel 2008 de la CNCPPDH est « pratiquement prêt ». Il sera remis au président Bouteflika à la fin décembre. Selon lui, l'accent a été mis cette année sur les droits sociaux, notamment le droit à la santé, l'état des prisons et la réforme de la justice. Sur ce volet, M. Ksentini dit avoir mis en évidence à la fois les acquis et les faiblesses. En matière de santé, il estime qu'il y a des insuffisances et surtout un manque de moyens matériels. Il parle également de la vétusté des établissements et des insuffisances imputables au manque de moyens, notamment l'appareillage, et à la mauvaise prise en charge. « Dans l'ensemble, nos hôpitaux ne sont pas dans un état satisfaisant, même si des efforts louables ont été entrepris pour les améliorer », fait-il remarquer, insistant sur le fait qu'il y a des médecins et des professeurs en mesure de donner beaucoup à la médecine et à la science. L'état des prisons « s'améliore », indique-t-il, rassurant qu'il sera « meilleur » avec la construction de nouvelles prisons.