A l'évidence, tous les efforts déployés pour organiser le service de taxis n'ont pas abouti et la situation dans ce secteur ne cesse de se compliquer, provoquant le désarroi aussi bien des usagers que des taxieurs eux-mêmes. La situation est telle que les uns et les autres parlent aujourd'hui de «chaos» pour qualifier le service sur les lignes urbaines et suburbaines. Des stations désertées par les taxis, d'autres boudées, des trajets écourtés, des destinations gommées du plan de charges, des taxis qui passent sans s'arrêter, d'autres qui refusent de charger malgré les supplications des usagers, telle est la situation qui prévaut dans la ville des Ponts. A chaque fois qu'on leur pose la question, les taxieurs se déchargent sur les services de réglementation de la circulation urbaine. «Nous sommes harcelés par les agents de police qui ne nous laissent aucun répit en nous interdisant systématiquement de charger ou décharger le client dans n'importe quel point du centre-ville. Nous tournons sans arrêt. C'est de la hogra !», se plaignent plusieurs taxieurs qui font la ligne centre-ville cité Emir Abdelkader, particulièrement fréquentée depuis l'arrêt du téléphérique. A hauteur de la mosquée Chentli, la station du Bardo desservant la ville du Khroub est constamment désertée par les véhicules jaunes. De temps en temps, sortant de derrière l'hotel Cirta où ils sont «contraints de se cacher», disent-ils, des clandestins se présentent et proposent aux clients de les conduire à destination pour 50 dinars la place. Toutefois, jouant à cache-cache avec les motards, les fraudeurs proposent aux clients d'aller les attendre au-delà du barrage, cent mètres plus loin. Interrogés, quelques taxieurs opérant sur cette ligne ont affirmé qu'ils n'en peuvent plus à cause des embarras de la circulation provoqués par le chantier de l'autoroute. «Mettez-vous à notre place, explique un taxieur, nous avons une seule voie, celle qui passe par Sissaoui. Et celle-ci se trouve aujourd'hui obstruée par le chantier de l'autoroute. Résultat : nous mettons presque deux heures pour aller au Khroub et revenir. Alors, ceux qui travaillent dans le sens inverse préfèrent limiter la course au 4ème km !». Abdallah Ghezghouz, membre de l'UGCAA, chargé de la profession des taxis et membre de la commission de wilaya, estime, quant à lui, que ce problème du transport urbain et suburbain à Constantine, ville déjà plus que saturée compte tenu de l'étroitesse de ses rues, s'est encore aggravé avec le lancement des chantiers du tramway et de l'autoroute est-ouest. Il ne trouvera de solution qu'après l'aboutissement des travaux en cours. Toute autre solution qu'on pourrait mettre en place n'est que palliative. Selon lui, pour remédier à la situation actuelle, il faut que les différentes parties impliquées se réunissent encore une fois pour établir un programme qui puisse satisfaire tout le monde et que chacune s'engage à respecter. Questionné sur les deux nouvelles stations ouvertes l'une derrière le marché Boumezzou et l'autre à la Casbah, toujours vides, il a été répondu que la première a été finalement récupérée par la mairie et l'autre, située trop loin du centre-ville, est ignorée par les usagers.