Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Oran Mohamed Ouanezar Depuis plus de deux décennies, la situation du transport urbain a tendance à connaître de plus en plus de complications dans la wilaya d'Oran. Dans une plus grande envergure, ce sont les grands pôles urbains comme Oran, Arzew, Aïn El Turck, El Kerma, Gdyel et d'autres encore qui sont les victimes de ce désordre ambiant dans le secteur du transport. Malgré l'existence d'une réglementation stricte dans ce sens, les infractions sont multiples et les entorses à la réglementation datent de plus de trois décennies. Contrairement à Alger, la capitale de l'Ouest n'a jamais vu l'application de la réglementation relative à la double course. De mémoire d'Oranais, les courses ou vacations ont toujours été multiples et jamais les clients ne s'en sont plaints. Peut-être que cela est dû au caractère des Oranais, plus enclins à l'entraide et à l'amabilité. Néanmoins, le secteur du transport, malgré les profondes mutations opérées depuis la libéralisation de ce secteur vital, a vu ressurgir d'autres dysfonctionnements et d'autres problèmes liés intimement au non-respect de l'éthique professionnelle.. Dans le temps, les «taxieurs» avaient des tenues vestimentaires plus respectables et plus professionnelles. Aujourd'hui, outre la saleté des véhicules et leur mauvais état, ce sont les chauffeurs de taxi qu'il faut rappeler à l'ordre. Une grande partie de la profession évolue dans des conditions lamentables et honteuses. «Parfois, vous montez dans un taxi et c'est l'odeur de la transpiration qui vous saute au nez. Mais vous n'avez pas le choix, surtout durant les heures de pointe», s'insurge une dame d'un certain âge. Cela sans compter des chauffeurs de taxi aux tenues vestimentaires, pour le moins, inadaptées et indignes. «Il existe une réglementation qui nous interdit le port de tenues de sport, de shorts ou autres… Ce sont les policiers qui sont chargés de nous contrôler», note Taïbi, un chauffeur de taxi à Oran. Les systèmes de permanence et de rotation que les chauffeurs de taxi sont tenus de signaler aux différents commissariats dont ils relèvent ne sont plus respectés de nos jours également. Quant aux fraudes constatées dans les tarifs pratiqués et entorses faites au règlement, elles sont légion. Cela sans compter l'arrogance et l'agressivité d'une plus grande partie de conducteurs de taxi vis-à-vis de leurs clientèles. En fait, en l'absence d'un plan de gestion de ce secteur précis, la profession a été investie par un genre nouveau de «taxieurs» à la recherche de sensations et autres effets pervers. D'autres taxis préfèrent mettre le cache pour gagner davantage et se transformer, ainsi, en taxis clandestins. D'autres encore, préfèrent travailler à la commande et au téléphone parce que ça rapporte gros et sans trop de tracas. Malgré l'existence d'une quarantaine de stations de taxis, les citoyens et les usagers ont appris à faire fi de ces installations. Ces dernières restent vides à l'année. Les taxis clandestins, un phénomène alternatif dévastateur Une telle situation a permis la résurgence d'un phénomène qui a conquis les mœurs locales et apprivoisé les autorités en s'incrustant dans le paysage. Les taxis clandestins représentent plus du quart du parc automobile de la wilaya d'Oran. La cherté de la vie et la baisse du niveau social dans la wilaya d'Oran ont amené de plus en plus de gens instruits et de fonctionnaires à opter pour le travail en noir en tant que chauffeurs de taxi clandestins. On trouve des enseignants, des fonctionnaires de l'administration publique, des commerçants, des gigolos et même des policiers qui viennent fréquenter les stations en quête de clients et pour arrondir les fins de mois. Mais, souvent, ces derniers sont sujets à des événements inattendus et parfois fatals. En effet, les trafiquants de voitures et les délinquants en mal de sensations et d'argent, font de ces clandestins des victimes parfaites. Un nombre important de ces clandestins est sujet à des agressions, le plus souvent, mortelles, visant à les dépouiller de leur véhicule. Ce qui ne dissuade pas ces derniers en permanence dans ces stations, notamment dans la corniche oranaise et autres cabarets de la ville. Il existe également des taxis avec le compteur, le voyant, le numéro mais qui n'ont aucun papier. A Oran, ils représentent plus de 10 % du parc des taxis d'Oran, nous dit-on.