Suite et fin Cette situation varie également selon les secteurs d'activités. Dans le secteur de production, la totalité juge que l'avenir de leurs entreprises est incertain et pense déjà à changer d'activité. La situation est moins dramatique dans le secteur des services et du transport. Par ailleurs, les besoins en financement de ces micro entreprises dépassent souvent les prévisions de l'étude technico-économique réalisée au départ. Ces besoins découlent de leur activité : coûts de démarrage de l'activité, achat de matière première, paiement des charges, paiement des employés. Le manque des liquidités pour financer leurs cycles d'exploitation, l'inadéquation entre les flux monétaires entrants et sortants sont les majeurs problèmes financiers de ces micro- entreprises. Leurs difficultés sont accentuées par le remboursement des échéances, ce qui les oblige à chercher des moyens de financements nécessaires pour l'achat des matières premières et du travail nécessaire à leurs activités. Ces limites de financement, autant pour les matières premières que pour la force de travail, ont entravé leurs capacités de s'accroître et surtout de profiter des opportunités qui se présentent au profit des entreprises plus «professionnelles» qui peuvent financer ces coûts directement ou bien qui ont accès au marché bancaire formel auquel il est presque impossible pour les micro-entreprises de faire recours. Ainsi, les problèmes de financement conjugués au manque d'expérience, la méconnaissance des circuits de commercialisation et des règles de marché, l'ignorance du profil, font que peu d'entreprises arrivent à réaliser une extension malgré plusieurs années d'activité. Or, la croissance pour une micro- entreprise est une nécessité vitale. Arrivés à un certain point de leur cycle de vie, ils doivent croître pour faire face à la concurrence, pour profiter de certaines opportunités, pour satisfaire la demande etc. autrement dit pour survire. Elles auraient donc besoin de moyens financiers pour faire face aux charges nécessaires à cette croissance. Les difficultés d'accès aux crédits bancaires et l'insuffisance de l'autofinancement entravent l'expansion de la micro-entreprise et l'empêchent d'accroître sa productivité et la qualité de ses produits. La contrainte essentielle donc pour les micro-entreprises réside dans l'insuffisance des crédits de fond de roulement qui les empêcheraient de prospérer et de s'accroître. Cela nous pousse à se poser des interrogations sur le dispositif ANSEJ. Son objectif est-il uniquement de créer des entreprises créatrices d'emplois au démarrage de l'activité sans se soucier de l'avenir de ces emplois mais aussi de ces entités économiques ? Les moyens limités en personnel et en matériel dont disposent les antennes implantées sur le territoire national ne peuvent permettre le suivi et l'encadrement d'un nombre aussi important d'entreprises créées par ce dispositif et éparpillées sur des territoires vastes. Par ailleurs, la diversité des secteurs d'activités financés, présente une grande difficulté pour les cadres de l'ANSEJ chargés de l'étude technico- économique qui ne peuvent maîtriser l'ensemble des domaines, ce qui rend ces études comme une simple formalité administrative. D'autre part, l'autre exigence de la banque pour la garantie de l'emprunt et qui est l'hypothèque des biens immobiliers (n'est pas à la portée de la majorité des jeunes) est à l'origine des abandons constatés surtout pour les activités agricoles et le problème du foncier agricole. Il y'a lieu de signaler également que la décision de transférer l'octroi des crédits par les agences bancaires locales vers les directions régionales est à l'origine des prolongements dans les délais de traitement des dossiers déposés au niveau des banques locales. Conclusion L'évaluation de l'état de la micro -entreprise créée par le dispositif ANSEJ reste important mais très difficile. Il est primordial de signaler que la majorité des promoteurs sont des chômeurs de longue durée et sans formation spécifique pour gérer une entreprise. L'idée principale qui motive ces jeunes créateurs est le vœu de sortir du chômage. Rares sont ceux pour lesquels cette idée est issue d'une réflexion économique, cela représente un signe très négatif pour un entrepreneur comme l'attestent les études qui insistent sur le fait que la motivation du départ représente un facteur déterminant et que le type de motivation le plus défavorable à la survie est de créer son entreprise dans le but de sortir du chômage. Cependant, leurs relations avec les organismes professionnels restent rares et médiocres. Leurs contacts avec l'ANSEJ s'arrêtent juste après avoir reçu l'attestation d'éligibilité. Ainsi, les jeunes promoteurs sont livrés à eux même, non armés dans un environnement économique caractérisé par une concurrence très rude et souvent déloyale. Un environnement auquel ils ne peuvent faire face sans une formation ou une assistance technique ; une tâche qui ne peut être assurée uniquement par les services de l'ANSEJ. L'inexistence d'un système d'information national, de banques de données et d'organismes professionnels capables de mener de véritables études de marché et des études technico-économiques, fait que l'ensemble des entreprises algériennes sont atteintes d'une myopie très grave et qui leur fait courir un grand risque d'échec qui sera fatal surtout pour ces jeunes promoteurs. Par ailleurs, les difficultés que rencontrent les jeunes pour collecter l'apport personnel et pour trouver un fonds de roulement pour le fonctionnement de leurs petites entreprises signifient qu'ils seront toujours dépendants de leurs familles ou des bailleurs de fonds. Enfin quel est le nombre des entités créées dans ce cadre qui, malgré la procédure d'extension d'activité, ont passé d'une micro entreprise à une petite ou moyenne entreprise ?