« Force est de constater que, malgré l'injection massive de budgets publics sous différentes formes, l'accession des jeunes à l'emploi, particulièrement ceux issus de l'enseignement supérieur, demeure préoccupante. Les efforts conjugués des pouvoirs publics et des partenaires sociaux ne donnent pas les résultats escomptés au regard des attentes et espoirs des jeunes diplômés», a déclaré M. Laourari Hacène, politologue, membre du Conseil national économique et social (CNES), en introduction de la conférence qu'il a donnée hier à l'ouverture du colloque international, organisé par l'université Mentouri de Constantine. Cette rencontre de deux journées a été ouverte hier en présence des recteurs de plusieurs universités de l'Est du pays, ceux des universités de la région française de la Lorraine (Metz et Nancy), ainsi que des responsables d'entreprises algériennes. Elle entre, est-il indiqué, dans le cadre de la coopération et des échanges d'expériences en matière de professionnalisation et d'insertion professionnelle. Le conférencier a focalisé son intervention sur le problème de l'insertion des milliers de diplômés universitaires qui viennent au marché du travail, en dressant un état des lieux de la situation en Algérie et en donnant des pistes de réflexion. Mettant en lumière le contexte économique et social, il indique que le taux de chômage atteint 25% chez les jeunes de moins de 20 ans (140.000 chômeurs) alors que dans le même temps, la population active a augmenté de près de 30%. Il fera remarquer que, chaque année, plus de 100.000 jeunes sortis de l'université restent sans emploi. Ensuite, il passera en revue les dispositifs d'insertion professionnelle et affirmera que cette diversité n'a pas eu d'impact sur l'emploi. En effet, selon les chiffres qu'il a présentés concernant certains de ces dispositifs, nous retenons que l'ANSEJ a financé au 31/10/2009, 150.000 projets par les banques qui ont permis la création, en moyenne, de 3 emplois par projet alors qu'ils ont mobilisé un investissement global de plus de 180 milliards de DA (plus de 1,6 milliard deuros). Dans ce cadre, plus de 1.000 micro-entreprises ont accédé au statut de PME, dira M. Laourari. Aussi, pour le dispositif du CPE (Contrat de préemploi), il dira que dix années d'application ont permis de toucher 40.000 jeunes et 12% seulement d'entre eux ont eu accès à un recrutement définitif, principalement dans le secteur de l'administration. Au 31 octobre 2009 également, la CNAC a contribué à la création de 14.133 emplois, soit une récupération dans l'absolu de 3,5% seulement des 400.000 emplois perdus par la seule compression des effectifs du secteur public. A la même échéance, l'ANGEM a financé 131.365 projets. Se projetant sur l'horizon 2013, le conférencier dira que la combinaison des dispositifs mis en place visera la création de plus de 450.000 emplois et la baisse du chômage à moins de 9%. Il conclura ce tour d'horizon en disant que, en matière de perspectives de relance économique, «l'espoir est permis» en citant le programme d'investissement de 286 milliards de dollars qui favorisera la création de 2 millions d'emplois à l'horizon 2013. Invité à donner plus d'explication, M. Laourari donnera tout d'abord son appréciation sur le colloque en disant que «c'est un signal fort que ses organisateurs sont en train d'adresser aux pouvoirs publics pour dire que lorsqu'on empile les dispositifs, cela ne conduit pas nécessairement à la résolution des problèmes de l'insertion professionnelle», et prôna l'intervention des différents acteurs, comme les collectivités locales, pour faciliter l'insertion professionnelle.