Lors de son intervention hier à l'auditorium de l'université Mentouri, à l'occasion du 8e colloque «Des formations pour quels emplois : regards croisés universités - entreprises», Hacène Laourari, politologue et membre du Conseil national économique et social, a souligné que «malgré l'injection massive de budgets publics sous différentes formes , l'insertion professionnelle des jeunes, particulièrement ceux issus de l'enseignement supérieur, demeure préoccupante au regard de l'accession à l'emploi», aussi «les efforts conjugués des pouvoirs publics et des partenaires sociaux ne donnent pas les résultats escomptés au regard des attentes et espoirs des jeunes diplômés». Ainsi, son intervention qui traitait de la problématique de l'insertion professionnelle des jeunes issus de l'enseignement supérieur en Algérie : état des lieux et pistes de réflexion, a dressé un tableau de la situation depuis les années 80 et expliqué pourquoi le problème de l'insertion de milliers de diplômés universitaires qui sont déversés de manière cumulative depuis plusieurs années sur le marché du travail pose toujours un problème car un grand nombre d'entre eux «met en moyenne plus de trois années pour avoir accès à un emploi relativement stable». Durant les années 90, «l'Algérie connaît une des situations les plus dramatiques post-indépendance au double plan politique et économique. Le chômage atteint un niveau plus important que celui enregistré aux premières années de l'indépendance», a expliqué le politologue avant d'ajouter : «Conséquence : accroissement du chômage et de la pauvreté, aggravé par des pertes d'emploi massives (plus de 400 000 dans le seul secteur public)». Quant aux années 2000, il a été remarqué que l'Algérie renoue avec la croissance économique. Le taux de chômage global est en recul constant. En effet, de plus de 30% en 2000, il baisse à 11,3% en 2008. En 2009, le taux de croissance annuel a été de 3,8% et les réserves de change ont atteint près de 146 milliards de dollars. Mais l'embellie financière n'a pas été sans conséquences également, puisque le taux de chômage atteint 25% chez les jeunes de moins de 20 ans (140 000 chômeurs), les jeunes de moins de 35 ans représentent 80% des chômeurs, chaque année plus de 100 000 jeunes sortis des universités restent sans emplois. Selon une enquête de l'ONS menée en 2008, la part des chômeurs acceptant un emploi inférieur à leurs aptitudes professionnelles est de 89,4% pour les hommes et 80,8% pour les femmes. Il faut dire que les plans «de relance par la demande publique n'ont pas réussi à booster les capacités de production nationales et ont surtout renforcé la sphère mercantile, peut créatrice d'emplois durables et refuge idéal pour l'économie informelle». Sur un autre registre, le conférencier précise que les différentes formules lancées pour l'insertion des jeunes diplômés n'ont pas eu les résultats espérés à cause de la prépondérance du traitement social du chômage, de l'absence d'un réseau de collecte d'informations continu et fiable sur le marché du travail, la rigidité de l'environnement administratif et financier qui constitue un obstacle à l'investissement et l'ampleur sans cesse grandissante de l'économie informelle. A l'horizon 2013, M. Laourari annonce qu'«il est prévu, par combinaison de l'ensemble des dispositifs mis en place, la création annuelle de plus de 450 000 emplois et une baisse du taux de chômage à moins de 9%». Abordant le sujet de la politique de l'emploi par les collectivités locales, M. Laourari a estimé qu'elle constitue le maillon faible car, précise-t-il, «la commune, pierre angulaire de l'organisation territoriale, ne possède pas de culture économique, elle n'est qu'un espace administratif déconcentré, fortement tributaire des budgets de l'Etat, souvent mal utilisés».