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Saïd Haddouche «Seule une décision politique changera la situation de notre football»
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 05 - 07 - 2010

Dans quelques jours, la Coupe du Monde 2010 prendra fin et il était intéressant de solliciter un expert de la trempe de l'Algérien Saïd Haddouche pour donner son avis sur ce rendez-vous planétaire. Selon l'avis de nombreux spécialistes, Saïd Haddouche est une compétence reconnue après avoir été major de promotion de l'école fédérale belge des entraîneurs.
Encore plus, en 2000, la fédération belge a introduit auprès de l'UEFA une demande de reconnaissance des diplômes B, A et professionnel. Il lui a été demandé d'introduire un programme complet de formation pour chaque diplôme et une thèse de fin de cycle comme travail pratique de référence. Et c'est la thèse de Saïd Haddouche qui a été choisie et envoyée comme référence. Nous l'avons sollicité pour nous donner son opinion. Ecoutons-le.
- Le Quotidien d'Oran : Quels sont les premiers enseignements que l'ont peut tirer jusqu'à présent de cette Coupe du Monde ?
- Saïd Haddouche : Le football évolue sans cesse. Depuis les années 2000, il s'oriente vers un jeu type ‘'latin collectif» avec des critères très spécifiques. Les équipes qui n'ont pas anticipé cette mutation et n'ont pas pu développer des joueurs adaptés à ce jeu sont passées à la trappe. La France, l'Angleterre, l'Italie, la Belgique, la Suède et la Norvège n'arrivent pas, avec les critères de leurs joueurs, à développer ce jeu basé sur la créativité, le génie, le mouvement et le jeu en transition. Aujourd'hui, nous voyons que le fait d'avoir des joueurs de très haut niveau, d'avoir un bon collectif, du vécu et des automatismes n'est pas suffisant. Il faut en plus du rythme, de la vitesse collective, de la vitesse dans les échanges et de l'imprévisible. L'Espagne et le Portugal possèdent un collectif, une culture du jeu, du vécu, mais ont trouvé des difficultés à déséquilibrer des dispositifs défensifs renforcés pendant le premier tour. Le nombre d'échanges de passes est très élevé, mais très peu d'appels dans la profondeur et peu de solutions imprévisibles et surprenantes. Le manque de fraîcheur et la fatigue ne permettent pas aux joueurs de créer du mouvement avec un nombre suffisant de solutions au porteur du ballon. Si l'Espagne ne relève pas son niveau de jeu, elle risque d'avoir des problèmes. L'Allemagne, elle, profite de circonstances favorables, du travail de sa DTN et des clubs formateurs. La formation performante de jeunes dans les clubs, la décision d'intégrer des joueurs allemands d'origine étrangère dans les catégories jeunes (coupe d'Europe 2008 des moins de 19 ans et coupe d'Europe 2009 des moins de 21 ans), la sélection des joueurs créatifs et techniques tels que Ozil, Khedira, Cacau, Gomez, Muller, etc., avec aussi un projet de jeu et un plan de fonctionnement dessinés par le coach Low font que la nouvelle Allemagne est plus technique et avec un trait de génie.
- Q.O. : Comment jugez-vous la prestation des sélections africaines ?
- S.H. : Elle est tout simplement décevante par rapport aux qualités des joueurs qui composent ces sélections. L'ego des joueurs et l'environnement autour des équipes influent négativement sur le comportement des joueurs dans le groupe et sur leur expression sur le terrain. Les équipes comme la Côte d'Ivoire, le Cameroun et le Nigeria sont composées d'éléments de valeur, mais ont manqué de cohésion et d'ambition, produisant un jeu « lisible », facile à gérer et à contrer.
- Q.O. : Et le Ghana ?
- S.H. : Les résultats du Ghana ont été acquis grâce au travail, au développement des jeunes par leurs participations à de grands tournois internationaux. Les jeunes joueurs issus de la fameuse équipe junior forment avec les anciens, Gyan, Mensah, Paintsil, Asamoah, Kingson et les autres, un ensemble cohérent, doté d'une puissance physique très développée, d'un engagement dans le jeu à la limite du licite, de maturité tactique et d'une volonté d'avancer vers la zone adverse. Malgré la défection d'Essien (blessé) et de Muntari pour indiscipline, le Ghana possède le meilleur milieu de terrain du continent avec la présence des Annan, Boateng, Ayew et Inkoom.
- Q.O : Et concernant l'Algérie…
- S.H. : D'après le coach national, l'objectif de l'EN qui avait été tracé était d'apprendre pendant cette Coupe du Monde et de préparer une équipe d'avenir, nous devons respecter cet objectif. Pour prétendre à mieux, il aurait fallu ne pas encaisser, créer des occasions et marquer des buts. Pour cela et pour jouer dans la cour des ‘'grands», il faut utiliser le langage des ‘'grands». Les principes de la zone, puisque nous jouons en zone, déterminent et coordonnent les actions et les déplacements des joueurs concernés par la situation de jeu et le ballon. Pour ne pas encaisser et marquer des buts, les joueurs de haut niveau doivent maîtriser et respecter les principes des jeux défensif et offensif, tout comme les automobilistes qui doivent respecter le code de la route. Sinon, on appelle ça une « infraction ». Par exemple, pourquoi Alvès a-t-il perdu sa place au sein de la défense brésilienne ? Parce qu'il n'a pas respecté un principe de jeu dans une action contre l'Egypte lors de la coupe des confédérations en laissant Zidan plonger dans un intervalle et marquer un but. Son rôle dans cette situation de jeu était de se replacer avec justesse, de réduire l'intervalle entre lui et son axial gauche, et d'assurer la couverture de sa ligne puisque le ballon était à droite. Son replacement était erroné et il n'est pas revenu à l'emplacement défini par les principes de la défense de zone. Dunga n'a pas apprécié et, depuis, il fait confiance à Maicon, poussant Alvès à jouer au milieu, mais pas dans une ligne sensible. En analysant les images de nos matches, nous observons des lacunes d'ordre culturel. Nos joueurs n'intègrent pas les principes dans le jeu et jouent par instinct et approximativement. En situation de repli défensif, souvent le choix et la décision qu'ils prennent ne sont pas justes et, par conséquent, nous commettons des fautes dans le placement, dans le replacement, dans le marquage et dans l'échange de tâches. Nous gérons bien l'espace dans notre camp par un nombre élevé de nos joueurs, par leur abnégation et leur générosité, mais leurs actions et leurs déplacements ne sont pas assez coordonnés. De ce fait, nous facilitons la tâche à nos adversaires. Sans le placement d'un grand M'bolhi, on serait sortis de cette compétition avec une grosse défaite. Je dirai que c'est par le travail qu'on pourra obtenir la rigueur dans notre bloc défensif. Afin de pallier ces lacunes, nos joueurs doivent apprendre ensemble à coordonner et à corriger durant les séquences d'entraînement leurs actions et leurs déplacements dans chaque situation de jeu, et les appliquer au cours des matches de préparation et de compétition.
- Q.O. : Pourquoi notre EN, tant à la CAN qu'au Mondial 2010, ne tient pas compte de l'existence des principes de la zone ?
- S.H. : Cela fait partie du niveau culturel du jeu d'une nation. Tant que le football n'intègre pas les principes dans le jeu, il reste sous-développé. Sans les principes, on ne peut pas lire le jeu et quand on ne sait pas lire, on est analphabète. Quand les joueurs savent lire le jeu, ils déterminent le rapport des forces et jouent avec justesse et efficacité. L'objectif d'une fédération est l'enseignement du football et sa vulgarisation. Elle a le devoir d'enseigner les principes de jeu et les principes de la zone sur un terrain et jamais sur un tableau noir afin de sortir notre football de son sous-développement pour qu'il puisse devenir rigoureux défensivement et efficace offensivement.
- Q.O. : Mais les consultants des TV n'abordent pas ces principes…
- S.H. : Chacun lit, analyse et interprète le jeu et le football avec sa dioptrie.
L'observation avec l'expérience du joueur est une chose, l'analyse est un cours qui est enseigné et qui est basé sur des clés et des paramètres d'analyse en est une autre. Lors des émissions d'analyse, j'ai remarqué que l'on n'a pas abordé la cohérence d'un dispositif, l'équilibre du poste, l'équilibre de la ligne, la justesse du choix et de la décision du joueur et du bloc, de l'interaction entre les joueurs ou la collaboration entre les lignes. Il y a une nuance entre ceux qui savent et ceux qui pensent savoir. Le football, c'est le terrain où chaque mot que l'on utilise doit représenter un geste, une action ou un mouvement. Dans le cas contraire, c'est le football de rue.
- Q.O. : Comment analysez-vous la prestation individuelle et collective de l'EN ?
- S.H. : Faute d'une bonne préparation avec la présence de plusieurs nouveaux joueurs, l'EN est arrivée en Afrique du Sud avec peu d'automatisme, peu de vécu entre les joueurs, peu de complémentarité et un équilibre général défensif. La différence s'est située dans le collectif, ses critères et son efficacité.
- Q.O. : Votre avis sur un éventuel changement du staff technique ?
- S.H. : Le choix d'un entraîneur est du ressort de la FAF. Il est choisi pour un objectif précis et il doit présenter un profil déterminé pour cette tâche. Le prochain entraîneur national doit être capable de gérer et de coacher le jeu de son équipe avec les principes. Ce n'est qu'à partir de ce moment que nous deviendrons la première nation africaine à jouer juste.
- Q.O. : L'EN est composée essentiellement de joueurs évoluant à l'étranger et binationaux, cela ne se répercute-t-il pas sur les locaux ?
- S.H. : J'ai souvent défendu les joueurs locaux, mais le meilleur service qu'on puisse leur rendre est de développer leurs qualités d'abord sur la base des entraînements de haut niveau dans leurs clubs et par la compétition.
- Q.O : Et l'absence d'une DTN ?
- S.H. : Le football n'est plus un simple loisir ou simple spectacle, il est devenu un «enjeu» économique et un «enjeu» politique. Aujourd'hui, le primordial au niveau technique c'est la mise en place d'un centre de recherche qui puisse observer l'évolution du football et déterminer les critères du jeu de demain, les entraîneurs de demain, les critères du joueur de demain et vulgariser les méthodes d'entraînement et le coaching adéquat par la DTN. Le football est un producteur de richesses et véhicule l'image des entreprises et aussi celle des nations. Le football peut être le ciment d'une nation, seul le Président de la République Abdelaziz Bouteflika et son gouvernement peuvent, par une décision politique, changer la situation et aider la fédération à mettre en place une vraie politique.


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