A la wilaya de Ghardaïa et dans ses 13 communes, la cueillette des dattes est aussi l'occasion pour les fellahs de faire découvrir leurs célèbres coutumes et traditions. Aussi pour clore le labeur sur une note festive, les cueilleurs organisent traditionnellement un copieux repas qui s'intitule «La Chakhchoukha». C'est heureusement bien le cas, puisque le début des cueillettes cette année, s'est fort bien coïncidé avec le 27ème jour du mois sacré du Ramadhan. Toutefois, à l'occasion quand certains pensent à observer une certaine léthargie, d'autres par contre s'apprêtent à retrousser les manches. Voici venu le temps de la cueillette, suivez donc le fellah entre les ceps des palmiers et les régimes. Ceux qui se sont promenés dans une des palmeraies cet été ont peut-être remarqué des régimes de dattes moins pleins et très séchés que d'habitude. C'est la conséquence des grandes chaleurs de cette année et de certaines maladies phoénicicoles. Ces régimes prennent de la couleur, du vert au rouge, tandis que d'autres virent au doré. Les agriculteurs suivent cette étape avec une grande attention, car elle précède celle de la maturation. Et quand les dattes sont mûres, il faut les cueillir. Le ban des cueillettes c'est-à-dire, la date à partir de laquelle on peut commencer à cueillir est déterminée par les fellahs eux-mêmes. Mais elle est souvent conditionnée par l'importance de la chaleur. Le cueilleur programme alors sa récolte en fonction de la maturité des dattes. Les cueillettes des dattes du type «El Guers» ont lieu traditionnellement à partir du mois d'août. Quant au type Deglet-nour peut prendre jusqu'au mois de novembre. Néanmoins le tout reste tributaire des aléas atmosphériques. Un vent fort, une forte pluie ou un orage de grêles suffit à gâcher une récolte toute entière. Si le temps n'est pas trop capricieux, la récolte des dattes à Ghardaïa pour cette année devait tout de même dépasser les 300.000 quintaux. Si la mécanisation (échelles télescopiques) gagne du terrain, les cueillettes manuelles ont encore de beaux jours devant elles et séduisent une importante main-d'œuvre. D'el Ménia à Guerrara via Zelfana, Metlili, Ghardaïa et Berriane, la joyeuse effervescence qui anime les cueilleurs ghardaouis est visible aux premières lueurs du jour, les préposés aux cueillettes ont déjà leur poste au milieu des palmeraies, armés d'un bon sécateur bien aiguisé et d'une bonne dose de courage. Car les régimes sont souvent très hauts et les bras mis à rude épreuve. Un à un, les régimes de dattes passent du panier du cueilleur à la hotte des ânes porteurs, avant de gagner les réserves, dépôts et marchés. Sous l'égide des propriétaires des jardins, les plaintes des cueilleurs cèdent vite le pas aux rires et le soir venu l'humeur est à la fête. A la fin des récoltes, la fatigue des premiers tours des cueillettes s'estompe, en se promettant de revenir l'année prochaine. Mais on ne se quitte pas avant de déguster en groupe un bon verre de thé à la menthe accompagné de Z'labia. Ramadhan oblige !