Le football algérien entame dès aujourd'hui un nouveau rendez-vous avec l'histoire, à la faveur du démarrage du premier championnat de football professionnel. Au-delà du prestige avec un nombre de clubs record au niveau arabe et africain, les dirigeants et les principaux acteurs du football en Algérie sont tenus par l'obligation du résultat, celui de réussir ce projet. Il est vrai que les débuts demeurent toujours difficiles et laborieux. Le président de la Ligue nationale de football, Mohamed Mecherara, a déjà averti que la première saison sera celle de la transition. En ce sens, il y aura inévitablement des manques, voire des imperfections qui doivent être corrigées chemin faisant, à l'exemple de la menace du boycott de la compétition briguée par les clubs de la division Nationale (amateur). Pour le moment, le professionnalisme n'est qu'à ses balbutiements en ce sens que les mesures prises par l'Etat ne sont pas encore concrétisées dans leur totalité sur le terrain. A titre d'exemple, les assiettes de terrains pour l'édification de centres de formation, des aires d'entraînements et autres installations sportives ne sont pas encore dégagées. Il en est de même pour les subventions et autres aides financières. Toutefois, les clubs ne devraient pas se focaliser sur des aspects ne relevant pas de leurs compétences, mais d'entamer déjà leur restructuration. La plupart des clubs continuent de fonctionner avec une organisation loin de traduire leur transformation en sociétés par actions. Des clubs ne voient en le professionnalisme que les subventions promises par l'Etat et continuent de confondre actionnaires avec sponsors. Les contrats de joueurs doivent être conformes aux nouvelles dispositions et ces derniers ne devraient plus percevoir leurs salaires et primes dans des sachets ou enveloppes en espèces. Ces joueurs sont appelés à être déclarés à la Sécurité sociale et payer leurs impôts, bien que des avantages et exonérations fiscales sont accordés aux clubs. La période de transition de l'amateurisme vers le professionnalisme gagnerait ainsi à être écourtée au maximum. A cet effet, une décantation interviendra inévitablement, et seuls les clubs ayant réussi leur métamorphose continueront à bénéficier des bienfaits du professionnalisme recommandé par la FIFA. La transparence et la rigueur dans la gestion, notamment financière des clubs, devrait sonner le glas de plusieurs dirigeants qui se sont sucrés depuis des lustres des avantages que leur procurait le football alors qu'ils ont toujours clamé leur statut de «bénévoles». Le passage au professionnalisme ne devrait en aucun être la réplique de l'expérience du désengagement des entreprises des clubs. En 1989, le passage des clubs à l'autonomie financière avec l'organisation d'assemblées générales démocratiques avait attiré des dirigeants à l'esprit mercantiles. Depuis lors, des trabendistes, voire des repris de justice avaient pu investir le football national pour «gérer» des clubs avec l'argent de l'Etat. Le professionnalisme, dont les tentatives de son instauration avaient échoué dans les années 1990 en raison de la confusion entre professionnalisme et argent, est appelé à réussir, sachant que les plus hautes instances de l'Etat tiennent à suivre de très près ce grandiose projet. L'Algérie est également appelée à mener à bien ce projet décidé par la FIFA dans le cadre de la mondialisation, puisqu'à partir de 2012, les clubs ne disposant pas d'une licence professionnelle ne participeront pas aux compétitions internationales.