Etre entraîneur, c'est avant tout disposer d'une formation solide, tant sur le plan théorique et qui englobe les aspects scientifiques que pratique, ceux ayant pignon sur rue avec les systèmes de jeu, voire le managériat. Les instituts de sport, qui sont aussi des centres de formation de techniciens d'élite, assument dans ce sens un rôle prépondérant, en raison de les programmes qu'ils dispensent à leurs étudiants et ils sont aussi nombreux que variés. Qu'il est donc loin le temps où le sportif était livré à lui-même, s'adonnant à son sport favori selon ses instincts et ses dispositions ! Abdelhak Benchikha : un jeune Algérien champion de Tunisie Pour le moment, c'est tout un staff technique, composé de spécialistes, chacun dans un domaine bien précis, qui encadre le sportif pour l'aider à atteindre le stade de la performance. Entraîner, avec pour seule référence une certaine carrière de footballeur, plus ou moins remplie, n'est plus de mise, tant le sport est devenu une science qui s'acquiert sur les bancs des instituts supérieurs spécialisés et non ailleurs. Les progrès réalisés ne sont précisément que le résultat logique d'un planning bien élaboré par des techniciens dévoués, maîtres de leur sujet et qui pourraient avoir fait une riche carrière de footballeur. Mais cela n'est pas indispensable. Abdelhak Benchikha a réussi son passage gagnant au mythique tunisien le Club Africain avec lequel il a remporté le titre de champion de Tunisie. Un exploit jugé comme unique dans les annales de ce club surtout de la part d'un technicien algérien. Ce club tunisien courait après un titre depuis 12 ans sans succès. Pourtant, le Club Africain avait fait venir les meilleurs techniciens français comme Marchand, Henri Stambouli... mais en vain. Il a fallu la venue d'un jeune et ambitieux Algérien pour rendre la joie à des milliers de supporters du club tunisois qui le considèrent comme l'homme providentiel. Hésitant au départ sur le recrutement de l'Algérien, les contacts avec les dirigeants clubistes ont finalement abouti, et Abdelhak a montré que ses dirigeants, réticents au départ, ont finalement vu juste. Abordant les objectifs assignés par les dirigeants, l'ex-joueur du MC Alger dira : «Avant de m'engager avec le Club Africain, les objectifs étaient connus. Le CA était à la recherche d'un titre depuis une décennie, et si je me suis proposé, c'est pour jouer le titre et les premiers rôles. Un titre se joue sur des détails et je pense qu'il faut rester concentré sur ces détails. Pour gagner un titre, il faut des hommes, un environnement sain et des supporters comme ceux qui ont encouragé leur équipe et m'ont apporté tout leur soutien la saison dernière. Bien sûr, il faut aussi compter sur les joueurs, lesquels sont les acteurs principaux. C'est à eux d'être forts mentalement, costauds et robustes, notamment psychologiquement, afin de gagner nos duels et les matches. Moi, je compte beaucoup sur les duels, la persévérance et le groupe. Ma vedette, c'est le groupe et le nom du club, en l'occurrence le Club africain.» Homme des défis, Abdelhak était persuadé de renouer avec le championnat, 12 ans après, sachant que son contrat d'une année ne lui laisse pas le temps de travailler à moyen et à long terme. Il a préféré foncer droit dans le bataillon avec son armada de vrais guerriers. «Si je me suis engagé avec le Club Africain, c'était pour lui rendre son prestige.» «Moi, je ne suis pas venu au Club Africain pour faire de la formation. Je suis venu pour lui rendre son prestige. J'aurais bien aimé avoir plus de temps pour préparer toute une stratégie et un plan de travail à long terme. Mais, c'est la loi du marché. Théoriquement, ce n'est pas juste, mais c'est dans l'intérêt des deux parties : le club et l'entraîneur.» A une question sur les raisons ayant empêché le Club Africain, la saison dernière, de remporter le titre, il dira : «Je pense qu'il y a eu d'abord une malchance, mais aussi une mauvaise gestion des derniers matches, notamment sur le plan psychologique. L'équipe a baissé les bras, ce qui est mauvais pour n'importe quelle équipe au monde. Ils ont mal géré leurs matches surtout contre les soi-disant petites équipes. Ils ont mal géré la dernière ligne droite, notamment par rapport aux matches supposés faciles. Mais, c'est le football ! Quand on ne se prépare pas psychologiquement à toutes les éventualités, on est alors surpris par une petite défaite. Et là, tout s'enchaîne ! Mais je pense que l'équipe a fait quand même un bon parcours. Statistiquement, la preuve est là. Le CA a terminé second, alors qu'il aurait pu mieux faire.» Son envie de bien faire et son souci de la communication, notamment vis-à-vis des médias, ont fait de lui l'un des entraîneurs les plus appréciés en Tunisie lors de son passage à Zarzis. Durant la saison 2006-2007, lorsqu'il dirigeait ce club, il élimine le Club Africain par 1 but à 0 dès l'entrée en lice de ce dernier en coupe de Tunisie. Le club de la capitale détenait, alors, le record du nombre de titres en coupe de Tunisie. Cet exploit réalisé à Tunis, devant le public du Club Africain, aurait pu amener les dirigeants de ce dernier à lui proposer d'entraîner leur club. Le contrat ne dure qu'une seule année mais ses bons résultats persuadent les dirigeants du club de négocier avec lui sa prolongation avant même la fin du championnat. Le 22 mai 2008, il est sacré champion de Tunisie avec le Club Africain. Malgré les offres de la Fédération algérienne de football et de clubs des pays du Golfe (offres très lucratives), Benchikha a prolongé d'un an son contrat et ce, pour des raisons de stabilité. Il vient de gagner la coupe d'Afrique du nord des clubs champions le 25/01/2009. Abdelhamid Kermali : la légende vivante du football algérien Abdelhamid Kermali reste et restera l'un des grands hommes que l'Algérie a enfantés. L'histoire d'amour de Hamid avec le sport roi a commencé très tôt. Comme les autres jeunes de son âge, il tapait dans le ballon dans les différents quartiers de l'antique Sitifis. «C'est, là, que le regretté Ali Layas, qui n'est autre que l'un des fondateurs de l'Entente de Sétif, s'est rapproché de moi lors d'un tournoi de football interquartiers [Catsa, selon son appellation] pour me proposer d'aller tenter ma chance dans un club. Sur sa demande, j'ai signé à cette époque à l'USMF Sétif. En 1950, j'ai décidé de changer de cap en optant pour l'USMS. J'ai effectué mon entrée officielle au stade Mohamed Guessab à l'occasion d'une rencontre face à l'AS Bône. Au cours de ce match, j'ai réussi à inscrire deux buts et c'est à partir de ce moment-là que ma carrière va prendre une autre dimension», se remémore-t-il. Abdelhamid Kermali, né le 24 avril 1931 à Sétif, est un ancien footballeur et entraîneur de football algérien. Il commence sa carrière en Algérie, à l'USM Sétif puis à l'USM Alger. Après une suspension de deux ans, il part en France, où il retrouve l'un de ses coéquipiers, Mustapha Zitouni. En France, il passe par les clubs du FC Mulhouse, de l'AS Cannes et de l'Olympique Lyonnais. Il est l'entraîneur de l'équipe nationale d'Algérie qui remporte la coupe d'Afrique des nations en 1990. Le vendredi 18 juin 2006, Abdelhamid Kermali, l'une des plus grandes gloires du football national ayant fait partie de la prestigieuse équipe du FLN durant la guerre de libération nationale, a été distingué de la médaille de l'Ordre du mérite olympique national pour sa contribution en faveur de la promotion et le développement du mouvement sportif national. La cérémonie de remise des médailles de l'Ordre du mérite olympique au profit de cette figure marquante du sport national, qui n'est plus à présenter, a eu lieu à la résidence d'hôte de la wilaya en présence du wali de Béjaïa, de M. Rachid Fatmi, de M. Berraf Mustapha, président du COA, de M. Haddadj, président de la FAF, et de M. Benathmane, directeur de la DJS, qui, faut-il le souligner au passage, s'est fortement mobilisé pour la réussite de ce deuxième événement olympique qu'abrite la capitale des Hammadites après celui observé en 1997. Bouteflika a parrainé le jubilé Kermali Le jubilé du doyen des entraîneurs algériens, Abdelhamid Kermali, qui a eu lieu pendant trois jours au mois de mai dernier, s'est déroulé sous le haut patronage du président de la République, Abdelaziz Bouteflika. C'était la première fois, dans les annales du sport algérien que le chef de l'Etat parrainait ce genre de manifestation. Le geste du président de la République, qui est significatif à plus d'un titre, exprime la gratitude de la nation tout entière envers l'un des monuments du mouvement sportif national, qui, très ému et touché par ce geste, déclara : «La sollicitude du Président m'a beaucoup touché. En me faisant l'honneur de parrainer mon jubilé, le Président, et de manière solennelle, a honoré à travers ma petite personne tous les sportifs ayant défendu avec un grand amour, l'emblème national. Le parrainage du Président est le plus beau cadeau qu'on m'ait offert...» Le cheikh plus sensible, a à son tour offert la totalité des recettes aux cancéreux des Hauts Plateaux sétifiens qui venaient de bénéficier d'un centre de lutte contre cette ravageuse maladie. Cette manifestation hommage envers un homme ayant donné plus de 60 ans au football national, s'est étalée sur trois jours, avec d'émouvantes retrouvailles entre des artistes footballeurs ayant procuré tant de joies aux supporters algériens. Ce grand serviteur du mouvement sportif national, l'unique coach à avoir offert au pays un titre africain, un autre afro-asiatique et une unique participation d'une équipe nationale juniors à un Mondial, a été salué comme il se doit. M. G.