Assistons-nous au déclin de l'une des plus importantes waâdas au niveau national, en l'occurrence celle du saint Sidi Mhammed El-Ouassini ? Tout porte à le croire, tant les éditions 2009 et 2010 ont connu un relâchement et sont loin de refléter l'abondance, le folklore et l'affluence des précédentes waâdas. C'est une waâda tronquée à tout point de vue, celle qui a eu lieu officiellement cette saison, les mercredi et jeudi, où l'affluence (visiteurs et organisateurs) a connu, selon les observateurs, son plus bas niveau depuis sa création. Si certains notables du ârch des Beni-Ouassine incombent ceci au décalage de la date de la waâda, d'habitude fixée pour la première semaine de septembre, d'autres reprochent aux siens la réticence de se fixer en famille le temps de la waâda sur les lieux du marabout, comme de tradition. En effet, d'habitude, toutes les familles du ârch Béni Ouassine, avec sa douzaine de fractions, se fixent durant 3 jours au minimum dans des tentes, aux alentours boisés du mausolée, pour vivre effectivement la waâda et préparer le traditionnel couscous pour les visiteurs. Hormis quelques notables, à l'image de Hadj Tahar, dont la tente caractéristique par sa décoration et son importance et quelques familles qui étaient fidèles à leur tradition, la majorité des familles Ouassini ont préféré le cadre douillet de leurs demeures à l'inconfort et aux désagréments de la tente et se sont engagés à fournir le classique couscous confectionné chez eux. Malgré cela, rares sont ceux qui ont tenu leur engagement, privant ainsi certains visiteurs du couscous. Ceci n'est pas pour l'optimisme quant à l'avenir de cette ancestrale fête plus que centenaire, surtout quand on sait qu'une fraction du ârch, en l'occurrence celui de Térebinthe (Betaim), s'est démarquée et préfère célébrer cette waâda à sa convenance, à même le village qui est situé à quelque 4 km du mausolée. Pour la seconde fois, les Ouassini de Betaim ont célébré la waâda à des dates et lieux différents de celle initiale. Malgré la bonne volonté de certains notables du ârch et de certains éléments de l'APC, comme le vice-président Hamou, pour préserver ce repère culturel, les facteurs de la déroute se multiplient, favorisant le recul de l'une des plus importantes manifestations maraboutiques du pays Ce serait-ce pas là les prémices d'un déclin imminent de cette waâda qui a longtemps cloué la région à ses traditions ?