Cité Bensenouci, ex-Mafal, située au quartier de Dar El Beida fait partie de ces grands édifices d'habitation tels que Diar El Hayat, cité Jean de La Fontaine, les HLM Gambetta, la cité Lescure, la cité Perret et bien d'autres qui ont offert à Oran, bien avant son extension, l'essentiel de son parc immobilier intra-muros. Vivre dans la cité Mafal, c'est vivre dans une véritable fourmilière, pleine de vie, et de tracas aussi. Comme toutes les grandes cités d'habitation, cette cité de 9 blocs à 13 étages chacun a été livrée en 1958, dans le cadre du plan de Constantine lancé par le colonisateur qui a essayé de se rattraper en fin de compte en dotant la ville d'un semblant d'apparat moderne. Affectée en premier lieu aux fonctionnaires de police, juste après l'indépendance, cette cité en double façade, plantée tel un grandiose écran, donne de la vue et du vertige de part et d'autre vers les horizons les plus lointains: la mer au Nord, les montagnes de Tessala au Sud. Depuis 1981, date de la cession des biens de l'Etat, et ne pouvant plus se contenter de son seul et unique idéal emplacement, cette bâtisse sombrera peu à peu dans la décrépitude comme tant d'autres immeubles de la ville: ascenseurs à l'arrêt, façade décrépie par le vent, la pluie et le soleil, évacuation de déchets ménagers à l'arrêt, réseau d'assainissement défectueux, étages entiers privés d'eau potable, de telle sorte que les appartements étaient presque bradés pour tous ceux qui voulaient fuir les tracas du quotidien pénible. Il aura fallu attendre l'année 2002 pour que les choses reviennent à la normale, ou presque, affirme M.Timizar Mounir, le très actif président du comité de quartier, tout en rappelant que «cette année-là, les pouvoirs publics en décidant de prendre en charge pour leur rénovation huit (08) grandes cités de la ville d'Oran affecteront pas moins de 7 milliards de centimes pour la cité en question. «L'immeuble fut repeint, les ascenseurs remis en marche, les colonnes d'acheminement d'eaux usées rénovées, chaussées renouvelées, château d'eau réaménagé, etc., ce qui lui donnera un bel aspect ou du moins une allure acceptable», précise notre interlocuteur qui, en remontant le temps, dira qu'en 2004, «un comité de quartier fut mis sur pied, avec agrément, non sans difficultés, décidera, dans la continuation, de prendre en charge l'entretien de l'immeuble, qui n'est pas une mince affaire, assure-t-il. «200 dinars par mois de cotisation pour chaque locataire pour le paiement des femmes de ménage et du concierge, de l'achat du matériel et produits de nettoyage, le paiement des charges de la consommation électrique de la pompe à eau et de son entretien, de la réparation du château d'eau et bien d'autres travaux qui des fois se chiffrent en millions comme celui de l'installation de l'armoire électrique». «Pour les 9 ascenseurs qui fonctionnent, il faut compter sur la cotisation par bloc de chaque occupant.» Il y a le paiement de l'abonnement de l'entretien des ascenseurs contracté avec un exploitant privé, ainsi que les charges liées aux charges exclusives de son fonctionnement : il faut compter entre 5.000 et 6.000 dinars par bimestre pour tout le bloc d'habitation.«Entre ceux qui payent, la majorité, et ceux qui ne paient pas, on arrive tant bien que mal à soutenir la cadence qui, faut-il le préciser, n'est pas facile à perpétuer», assure toujours le président du comité. «On n'a jamais eu de subvention de la part des autorités publiques et on se prend en charge vaille que vaille». Il y a un grand stade de football à l'intérieur de la cité, tout le temps occupé, surtout en fin de journée. Des jeunes et des moins jeunes viennent s'adonner à leur pratique favorite, le football. Il y a aussi un petit jardin. Et en été surtout, des femmes au foyer descendent pour prendre un peu d'air tout en surveillant les enfants occupés par les jeux. Le cheval en bois ainsi que le toboggan méritent d'être changés, du moins pour la sécurité des enfants qui ne disposent que de cet endroit pour jouer. «Une cité où règne l'ordre et la propreté et surtout un esprit d'entraide mutuelle mérite des encouragements de la part des pouvoirs publics», comme l'affirmera plus d'un habitant. Un marché parisien de 18 étals construit en contrebas est appelé à remplacer le marché informel qui se tient en ces lieux. Les jeunes oisifs habitant la cité voudraient tant en bénéficier et ne pas se faire doubler par des intrus. A côté du terrain combiné de sport qui profite aux jeunes du quartier se trouve un grand terrain vague; les membres du comité voudraient bien qu'il soit affecté pour l'implantation d'une infrastructure d'utilité publique, un dispensaire, un CEM notamment «qui font défaut dans le proche voisinage», affirme le président. Les membres du comité souhaitent à ce que les colonnes montantes d'évacuation d'eaux usées soient rénovées dans leur totalité, car presque au niveau de tous les appartements, des défauts sont apparus. «Qu'on nous consulte uniquement et nous les assisterons dans les réparations à faire ou les réaménagements», lancera le président qui semble avoir des idées plein la tête pour le bien-être de tous. Les habitants de la cité se plaignent dans leur majorité des bruits émanant de la salle des fêtes mitoyenne qui chaque nuit presque fait dans le bruit surtout avec les détonations de fusils. Le comité a pris comme siège une cave et comme volonté seule la détermination de bien faire.