Comme à l'accoutumée, les autorités de la wilaya de Guelma et leurs homologues de la wilaya de Souk-Ahras ont conjointement célébré, vendredi dernier, la commémoration du 56e anniversaire de la mort de Badji Mokhtar. La cérémonie de recueillement a eu lieu au Carré des martyrs de la commune de Medjez Saf où après la levée des couleurs, les délégations invitées ont regagné le collège Naïli Sassi de Medjez Sfa, animé à l'occasion par une grande exposition de photos sur la lutte de Libération nationale, suivie d'une communication sur la bataille menée par Badji Mokhtar et ses compagnons d'armes, avant de tomber au champ d'honneur. Enfin, une cérémonie de remise de présents est organisée à l'honneur de certains membres de la famille révolutionnaire. Badji Mokhtar, naquit le 17 avril 1919 à Annaba, d'une famille modeste mais instruite. En 1936, sa scolarité est interrompue en raison des comportements discriminants et racistes du corps enseignant colonial envers les élèves «indigènes» et rejoignait les rangs des scouts musulmans algériens. En 1940, il créa à Souk-Ahras la première cellule des jeunes éclaireurs sous l'égide du PPA. Non convaincu de servir le régime colonial français lors de la mobilisation pour la Seconde Guerre mondiale, il usa de plusieurs subterfuges pour se faire dispenser du service militaire en 1944 et rejoint aussitôt le mouvement AML avant d'adhérer au MTLD. Son sens de l'organisation et de l'initiative lui a valu la considération de ses supérieurs pour être nommé en 1947, comme responsable de la cellule de l'OS de Souk-Ahras. Le 1er avril 1950, l'autorité policière coloniale découvre ses «activités subversives» et le condamne à 3 années d'emprisonnement. Son passage dans les prisons de Chlef et Blida lui permet la fréquentation de plusieurs responsables de l'OS démantelée et se forge dans le fondamentalisme actif pour la cause nationale. A sa libération; il participe en mars 1954 à la création du CRUA et assiste quelques semaines après à la réunion des 21 à Alger où il s'était vu confier une mission pour préparer le déclenchement de la Révolution, en tant que commandant du secteur de Souk-Ahras. Ainsi, il supervisa l'entraînement des combattants avec la mise en place des réseaux de soutien, de liaison et de ravitaillement en armes et munitions. Au 1er novembre 1954, il entreprend plusieurs opérations militaires ciblant les intérêts français comme les attaques contre la garnison stationnée dans la mine de Nadhor et le train sur le tronçon traversant les monts de Béni Salah. Le harcèlement de l'ennemi dans une guérilla sans merci a été la méthode adoptée par ce réel meneur d'hommes pour marquer la présence des unités combattantes de l'ALN, dans une stratégie d'essaimage des maquis de tout son secteur. Le 19 novembre 1954, dans un long accrochage avec l'armée coloniale, Badji Mokhtar et tant d'autres avaient tracé la voie en allant au sacrifice suprême dès l'aube de la Révolution, sur cette terre en perpétuelle révolte, qui ne s'est jamais tue, ni pliée devant les pires exactions du régime colonialiste français. Cette commémoration nous interpelle pour revisiter l'histoire et retenir les enseignements sur les hautes valeurs qui ont imprimé notre personnalité et notre glorieuse marche dans la douleur et la souffrance d'un peuple qui a été à l'origine de l'une des plus grandes épopées de libération dans l'histoire contemporaine. Aujourd'hui sur l'autre bord l'on continue à tourner le dos au passé colonial riche en intrigues maléfiques, crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide identitaire remis en selle pour une guerre des mémoires axée sur un révisionnisme sournois adossé à l'apologie du crime, la glorification des trahisons macabres et la diabolisation de la résistance des peuples qui se sont insurgés pour leur dignité et leur liberté. Badji Mokhtar et les autres reviendront toujours en novembre et n'en déplaise au french doctor du fameux «droit d'ingérence» qui avait souhaité l'extinction de la génération de l'indépendance notamment les novembristes. Le petit pantin controversé vient juste d'être remercié et éructé par le train de l'histoire qui a sifflé encore une fois, en novembre 2010, devant les réminiscences de la mémoire qui inflige aux légions de la cinquième colonne, le sentiment douloureux d'être passés à côté d'une noble cause. La mémoire est immortelle et le combat continue pour les âmes soucieuses de perpétuer la flamme de Lotfi, Zabana, Ben M'hidi, Badji, Benboulaïd, Didouche et les autres éternellement.